Insatiable : une série Netflix ridiculement indigeste

NETFLIX – Disponible sur Netflix depuis quelques jours, Insatiable, la nouvelle série de la plateforme, a de quoi diviser les spectateurs. Faut-il la regarder absolument ? Pour nous, c’est un grand non.

On doutait déjà de la bande annonce et de son pitch. Patty (Debby Ryan), ado mal dans sa peau à cause de sa tendance à avaler tout ce qui lui passait sous la main, vivait l’enfer au lycée. Jusqu’au jour où, après un pétage de plomb face à un sans abri, elle se retrouve dans l’incapacité de manger solide et finit par se transformer en bombe. Avec la féroce envie de se venger de tout le monde, et l’aide d’un coach qui la fera gagner tous les concours de beauté. Blindée de clichés sur les affres du lycée, de couleurs vives et de vulgarité, on misait bien sûr sur la satire de cette série, mais avec de gros gros doutes sur son efficacité.

On s’est quand même lancé dans le visionnage de la série. Entre nous, le fait qu’elle ait été classée “16+” a joué en sa faveur. On s’est dit que ça allait être libre. Un vrai terrain de jeu pour pousser la satire à son maximum. Mais petit rappel :

Satire : écrit, propos, œuvre par lesquels on raille ou on critique vivement quelqu’un ou quelque chose.

Le premier problème, ici, c’est qu’on n’arrive pas à identifier l’objet de la dite satire. Une satire de notre société de l’image actuelle, basée sur la maigreur ? Difficile à croire. On parle d’une série dont le pitch est tout de même basé sur une ado qui se fait frapper par un sans-abri, et à qui elle devrait, selon lui, dire merci, tant ça a changé sa vie. Alors oui, c’est sûr, on se rend vite compte que son nouveau statut de fille populaire ne résous en rien tous ses problèmes. La fille est complètement frappée. VRAIMENT. Elle n’avait pas l’air de l’être avant (l’avant amincissement n’est pas vraiment développé), mais être mince révèle a priori une grosse instabilité psychologique chez Patty. Alors de quoi se moque-t-on ici ? Pas compris. Le seul résultat, c’est l’antipathie immédiate qu’on ressent pour le personnage principal et pour sa vulgarité.

Une accumulation de sujets plus maltraités les uns que les autres

Mais malheureusement, toute cette histoire de poids et d’image est le cadet de nos soucis. Parce que très vite se multiplient les histoires secondaires, et les sujets de société. Tous ou presque tournent non pas autour de Patty, mais bel et bien autour de Bob Armstrong (Dallas Roberts), avocat passionné par les concours de jeunes miss, et accusé à tort d’agression sexuelle sur mineure. Patty devient son seul espoir de redorer son blason et d’assouvir son envie de victoire, quand lui devient le seul moyen pour Patty de se sentir comprise et mise en valeur. À travers Bob, on touche du doigt des sujets tels que la religion, l’infidélité, la bisexualité et l’homosexualité, le ménage à trois… Mais là encore, pas de satire. Mais des propos carrément offensants. Explications.

Bob évolue dans un milieu rempli d’adultes à l’accent sudiste à couper au couteau. Un accent vraiment ridicule, qui fait perdre le peu de crédibilité qu’il restait encore à Alyssa Milano (qui joue la femme de Bob), ou qui transforme le rival de Bob en caricature de lui-même. Cet accent, on ne sait pas vraiment ce qu’il vient faire là, parce que tout le monde ne l’a pas. Alors quoi, satire du monde rural cette fois ? Offensant.

Une offense généralisée

Offensant encore quand la bisexualité est présentée à maintes reprises comme impossible, et non pas par un personnage hétéro, mais un personnage gay. Ou quand tout le monde force Bob à faire son coming-out, alors qu’il est loin, très loin d’être prêt. Encore une fois, où est la satire là-dedans ? Avec un épisode qui effleure le thème de la transsexualité et l’évacue tout aussi vite, il y a de quoi comprendre qu’Insatiable se soit mis à dos toute la communauté LGBTQ.

On pourrait continuer longtemps sur les offenses faites dans cette série. Car l’image des sans-abri n’y est pas glorieuse. Celle des femmes non plus, puisqu’au mieux on a un super travail mais on néglige sa propre fille, au pire on est une grosse déséquilibrée qui ne s’est jamais remise d’une rupture et a fini en hôpital psychiatrique. Vraiment, Insatiable a un mérite : offenser équitablement un ensemble de groupe !

On aimerait te dire qu’en 12 épisodes de 40 minutes, les choses s’arrangent, mais non. On aimerait te dire qu’on a au moins ri ici ou là, mais non. On aimerait te dire qu’on s’est attaché aux personnages malgré tout. Mais non. Le show de Lauren Gussis manque totalement sa cible. Loin d’être satirique, Insatiable n’a même pas la portée humoristique qu’on aurait pu espérer. Et on se demande encore comment l’équipe a pu plonger là-dedans…

À LIRE AUSSI
>> Everything Sucks!, la « feel good » série qui rend les 90s vintage