A Star Is Born version Bradley Cooper, avec Lady Gaga : le trailer suffit

CINEMA – Il était annoncé et terriblement attendu. La 4e version d’Une étoile est née brillait déjà par sa star, Lady Gaga, et son réalisateur, Bradley Cooper. Malheureusement, ça s’arrête (à peu près) là.

J’y allais avec beaucoup d’espoirs. A Star Is Born avait beau être le n-ième remake d’un film culte hollywoodien, n’ayant vu aucun des précédents je pensais ne pas risquer de comparaison, y aller les idées claires. Bien sûr, j’avais vu le trailer et savais que j’aurais affaire à une énorme production. Mais dernièrement prise d’une passion pour Lady Gaga dont je venais de voir le documentaire Netflix, je me disais que cela pouvait mériter une séance. Ça m’apprendra à être naïve.

Un retour rapide sur le scénario : Jackson Maine, artiste sur le déclin, alcoolique et drogué notoire, rencontre Ally, jeune femme au talent incroyable. Il la pousse sur scène, la lance, et tombe amoureux. On ne sait pas trop dans quel ordre d’ailleurs. Le mythe de Pygmalion, en somme. Un pitch qui a donc tout de la romance, dans le décor de l’industrie musicale et de ses affres.

Une approche toujours superficielle

Il y aurait là de quoi développer deux angles tout à fait intéressants. Par le chassé-croisé des carrières, on pourrait imaginer Bradley Cooper creuser l’impact personnel, psychologique de ces changements dans la vie d’un artiste. La difficulté à gérer la starification, la difficulté à gérer l’après… Bref, la difficulté à savoir qui l’on est, et à rester soi-même dans un milieu où exposer ses tripes est la seule solution pour durer. Cet angle, disons-le tout de go, est à peine effleuré, caché bien facilement derrière les verres d’alcool et l’addiction aux médicaments. Les personnages secondaires en sont les premières victimes, père et frère relégués à des rôles si inutiles dans l’avancée du récit qu’on se demande bien ce qu’ils font là, n’arrivant jamais à justifier leur présence dans un scénario qui ne touche que de manière caricaturale le terrain familial des artistes.

La deuxième option aurait été la critique acerbe de l’industrie musicale d’aujourd’hui, industrie qui formate et érige l’image bien au-dessus du talent. À l’heure des réseaux sociaux, des buzz et des mises en scène à chaque sortie d’album, Bradley Cooper, là encore, fait le choix de survoler de très haut la problématique, ne laissant qu’entre-apercevoir ce qu’il aurait été possible d’imaginer si le personnage du manager avait été un peu plus travaillé. Pourtant, le point de départ même du film relevant de cette question d’image, on aurait été en droit d’en attendre plus. Sans compter la présence même de Lady Gaga en tête d’affiche, elle qui sait tout de cet aspect d’une carrière.

Musicalement trop léger

Alors que reste-t-il donc dans ce film ? La musique d’abord. Si la bande-son sera vite oubliée dans quelques jours, il subsistera tout de même 3 instants notables. Le premier, la première performance de Lady Gaga dans le film : une belle reprise de “La Vie en rose”, en français, sur la scène d’un bar de dragqueens. Les fans de la première heure ne seront pas surpris, cette reprise ayant déjà été chantée en 2016 lors d’un hommage à Tony Bennet sur NBC. Le deuxième moment musical intéressant correspond à “Shallow”, ce duo entre Cooper et Gaga qu’on entend dans la bande-annonce. Fredonnée sur un parking d’abord, puis lors d’un concert de Jackson Maine, la chanson tout à fait classique marque tout de même par la montée en puissance de la voix de Lady Gaga, associée à l’envol du personnage d’Ally. Le troisième moment sera très fugace : l’apparition de Marlon Williams pour une reprise de “Pretty Woman” de Roy Orbison. En bref, trailer et bande-son vous suffiront, sauf cas d’amour absolu pour la voix de Marlon Williams.

Un casting peu mis en valeur

Pour finir, le casting principal : Bradley Cooper et Lady Gaga. Le premier peine à séduire dans son rôle de musicien au visage buriné et à la voix profonde. La faute à son teint trop orangé peut-être, ou à son expression unique tout le long du film. La deuxième, heureusement, enchante dans son jeu d’une belle honnêteté. Lady Gaga est parfaite débarrassée de tout fard et pétrie d’insécurité. Elle est d’une beauté et d’une réalité saisissante dans les premiers instants. Mais voilà, et c’est bien là que le bat blesse, elle disparaît vite au fur et à mesure des plans sans intérêt, souvent niais et surtout empruntés, que le réalisateur multiplie. Tout l’intérêt du film se dissipe très vite passée la première demi-heure, alors que ce sont bien 2h15 qu’il faut affronter jusqu’à l’épilogue.

Bradley Cooper, malheureusement, n’aura pas su saisir l’occasion que représente un remake d’A Star Is Born pour fixer dans la pierre hollywoodienne l’état du monde artistique en 2018. Seul le choix de son actrice principale aura été un coup de génie, malheureusement trop vite noyé dans une réalisation pauvre et sans aucun parti pris… Dommage.

 

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