Suuns à Verdun : la musique comme le plus simple des langages
LIVE REPORT – La formation anglophone Suuns était de retour à Montréal pour un concert gratuit à Verdun, dans le cadre du Festival international de jazz.
Le 1er juillet, c’est jour férié au Canada, et la météo est au rendez-vous du côté de la Promenade Wellington, dans l’ouest de la ville. Une nouvelle scène à été installée dans ce quartier effervescent, et propose chaque jour plusieurs concerts gratuits et aux badauds, et aux fans.
En mai dernier, les Canadiens faisait leur grand retour à Montréal à l’occasion du Distorsion Psych Fest IV. À peine quelques semaines plus tard, les voilà de retour dans leur ville d’origine. “C’est pas souvent qu’on a été invités à jouer à Verdun, alors merci pour l’accueil” lancera très sérieusement Ben Shemie, le chanteur-guitariste du groupe, alors que quelques rires se font entendre dans le public.
Les membres de Suuns viennent présenter à nouveau leur troisième album, Felt, sorti il y a déjà un an et demi chez Secret City Records, leur label montréalais. Voix transformée, basse pesante pleine de réverb, batterie lourde et incisive, et nappes électroniques aux machines, Suuns n’est plus vraiment dans l’électro minimaliste dont on qualifiait leur musique à leurs débuts.
Arrivé stoïquement sur une longue intro instrumentale, le groupe nous fait plonger tête première dans les profondeurs de leur univers hypnotique. Le public n’a pas le choix, soit il fait l’effort de se laisser envahir par la noirceur de ce rock psyché teinté de techno et d’électro, soit il passe son chemin (littéralement). La tension est maître dans l’univers de Suuns, qui joue habillement par le biais de nuances et de nombreux effets qu’ils ajoutent sur le son de leurs instruments. On est constamment dans l’expectative, ne sachant réellement ce qui nous attend la mesure suivante.
Il ne faut pas chercher à comprendre et ne pas attendre qu’une ligne de voix nous fasse frissonner ou que le groupe appelle le public à joindre sa voix sur le refrain. Quels refrains ? Le chant n’est qu’un instrument comme un autre. Un liant, une couche. De la même importance que ces riffs aériens froids de guitare qui se posent sur une basse massive et une batterie métronomique. Tout se mêle pour ne former qu’un tout ensorcelant, presque vaudou, à travers les volutes de fumées qui tourbillonnent.
Pas de chichis, quelques mercis de politesse, Suuns n’est pas là pour rallier les foules à sa musique. À la place, ils offrent le plus persuadant des discours : leur musique. Ça passe, ou ça casse. Pour nous, c’est passé.
Photos : Emma Shindo