Cinq choses à savoir sur “Shine on You Crazy Diamond” de Pink Floyd
CULTE – “Shine On You Crazy Diamond”, c’est un monument du rock, l’expression même de la mélancolie, un bijou signé Pink Floyd.
On s’accorde tous à dire que c’est une masterpiece de la discographie de Pink Floyd. Un titre de plus de vingt minutes. Ce n’est pas forcément le morceau que tu te décides d’écouter dans le métro le matin pour aller bosser parce que tu sais qu’il est aussi long qu’un épisode de Friends. T’as pas envie de le couper, logique. “Shine On You Crazy Diamond”, c’est surtout le morceau qui te met instantanément dans un état second. Et c’est de lui qu’on a envie de parler aujourd’hui.
Panne créative
“Shine On You Crazy Diamond” s’est développé et étoffé de concert en concert. Le titre à la fois encombrant et impossible à laisser tomber tant il est d’une créativité folle. La créativité, justement. Elle était partie en vacances quand les membres des Pink Floyd entrent dans les studios d’Abbey Road pour enregistrer le successeur de Dark Side Of The Moon.
Ils sont rincés, pas vraiment concernés, absents. Deux autres titres avaient été composés pendant la tournée. Mais ils ne collent pas vraiment avec “Shine On You Crazy Diamond”. Roger Waters a une idée : scinder le titre en deux. La première partie ouvre l’album, la deuxième fermerait. Et ils oublient les deux morceaux de la tournée. David Gilmour n’est pas d’accord avec Waters. Mais, seul contre tous, il finit par se ranger derrière l’avis général. Et ça donne cet ovni, avec une introduction qui s’étire en longueur, en langueur et qui tire son inspiration du côté du jazz. Un monument du rock.
L’hommage à Syd Barrett
Ravagé par la drogue, de plus en plus schyzo, le fondateur de Pink Floyd est renvoyé du groupe le 6 avril 1968. Wish You Where Here sort en 1975 mais en réalité, tout cet album est imprégné par Syd Barrett. Par son absence, le manque, la tristesse. « Shine On You… » parle directement du chanteur et les lettres de son prénom (enfin, surnom) apparaissent dans le titre Shine on You crazy Diamond.
L’inconnu du studio
Un jour d’enregistrement, un homme débarque à Abbey Road. Il trimbale un sac en plastique et un air hagard. Il rentre dans le studio, vient s’asseoir alors que Pink Floyd est en train d’enregistrer. Personne ne dit rien, on le laisse faire. L’homme est obèse, chauve, ses sourcils sont rasés… Roger Waters et David Gilmour comprennent qu’il s’agit de Syd… Mais il ne ressemble plus du tout au svelte et séduisant garçon qu’ils avaient l’habitude de côtoyer quelques années auparavant. Quand ils réalisent… Gilmour et Waters fondent en larmes.
Les conflits
A cette époque, entre Gilmour et Waters, le temps est loin d’être au beau fixe. Les deux hommes ne sont d’accord sur rien du tout. Sur la musique, sur la direction à prendre, sur la fin ou pas de Pink Floyd. « J’étais d’avis qu’on prenne des mesures radicales : soit en déposant le bilan tout de suite, au sommet si je puis dire, soit en sortant de la crise par le haut, c’est-à-dire en mettant les bouchées doubles. Là, évidemment, une sourde peur est apparue, main dans la main avec la mesquinerie : pas question de se séparer au moment où l’argent rentrait comme jamais ! D’où tensions, non-dits, compromis : on continuerait donc mais sans enthousiasme et au prix d’une blessure intérieure (…) C’était d’une tristesse écœurante. J’aurais préféré un bon gros conflit, c’est dans ma nature … », déclarera Waters dans une interview accordée à Philippe Constantin en 1974.
Quatre notes pour un album
Finalement, c’est une suite d’accord magique sortie de la guitare de David Gilmour qui désamorce la situation et a mené au meilleur, ou du moins l’un des meilleurs titres de Pink Floyd. Quatre notes que l’on entend dans la deuxième partie de la chanson (3min54 à 6min27) surnommé le thème de Syd. L’expression même de la mélancolie. “Dave en musicien qu’il est des pieds à la tête, s’est plongé dans sa guitare comme pour conjurer le mauvais sort et briser cette chape de silence. Une grappe de note toute simple mais vraiment sublimes jaillissait sous ses doigts (…) Alors je me suis mis à écrire, écrire, écrire, écrire encore. Cela a donné Shine on you Crazy Diamond, une réflexion outrée sur l’absence. L’absence de nous-mêmes“.