The Venus Ballroom : leçon de séduction selon Dead Chic
CHRONIQUE – On était à leur premier concert en janvier 2022. Un an plus tard, Dead Chic sort son premier EP studio, The Venus Ballroom. Confirmation ou déception ?
Je suis une inconditionnelle du live, spécialement quand on joue sur les terrains des musiques à guitares. J’y trouve quelque chose qu’aucun album ne peut assouvir ni retranscrire, pas même une captation sonore live sur disque. À mes yeux, rien n’égale la féroce émotion qui déborde d’un set bien mené, et qui s’échange de part et d’autre d’une salle de concert. Alors quand vient le temps de rentrer en studio pour un groupe comme Dead Chic, l’appréhension règne.
Une synergie à retranscrire
Dead Chic (soit Andy Balcon, Damien Félix, Rémi Ferbus et Mathis Akengin) est le groupe le plus farouchement doué pour la scène que j’ai eu l’occasion de voir ces dernières années. Ils sont rares, ceux qui performent comme ils l’ont fait dès leur première date ensemble. Une énergie folle impossible à imaginer contenue sur un disque. Comment ne pas entraver la voix d’Andy Balcon ? Comment ne pas brider cette guitare de Damien Félix ? Comment laisser Rémi Ferbus dicter le rythme comme il l’entend ? Comment rendre les claviers de Mathis Akengin aussi vivants ? Comment assembler tout ça sur bande et espérer transmettre ne serait-ce qu’un dixième de la réalité du live ? L’enjeu de The Venus Ballroom, pour moi, tenait à ça. Moins de trente minutes après avoir lancé l’écoute, tout doute était balayé à jamais.
Je ne sais pas ce qu’il s’est passé dans le Black Box Studio, sous l’accompagnement de Peter Deimel. Je ne sais pas comment le type derrière des artistes comme Anna Calvi, ou Last Shadow Puppets, a fait pour produire ça, ni comment Flavien Van Landuyt a peaufiné le mixage. Je ne sais pas. Mais c’est incontestable, des premières secondes de “You Got It” qui te font dresser l’oreille, au point final de “Good God” qui te laisse échoué sur la grève, tout y est. On voit la connivence vibrer entre Rémi et Mathis. On sent la main de Damien courir sur sa guitare et caresser le vibrato. Chaque brillante ligne de texte fait mouche comme si Balcon l’accompagnait du regard. Bref, ces gars sont entrés en studio comme ils entrent sur scène, et ont réussi à me faire sortir de l’écoute de The Venus Ballroom dans le même état qu’après un concert. Et ça…
Le cinéma en toile de fond
Ça, ça tient à plus qu’à de la musique. Pour preuve, décrire Dead Chic ne se fait pas vraiment par comparaison à d’autres groupes. Je mets ma main à couper que toutes les chroniques se raccrocheront plutôt à des tas de références cinématographiques. Parce que The Venus Ballroom parvient à transmettre une vision, remplie de sons, de rythmes, d’ambiances, de décors, de mouvements.
Un tout que Dead Chic exhale par un travail minutieux et cohérent dans toutes les facettes du projet. C’est un véritable film qui se joue dans nos oreilles. Le clip de “Les Fleurs Séchées”, dans lequel Andy et Rowan Biddiscombe rendent hommage au Wild at Heart (Sailor et Lula) de Lynch en plan séquence, en est un exemple. Les images que fera naître en toi l’instrumental “El Malećon” en est un autre. Le groupe franco-britannique réussit donc avec ce bien nommé premier EP studio un nouveau tour de force. The Venus Ballroom est aussi bon qu’un live de Dead Chic. Mais plus court. Alors on continuera malgré tout de vous conseiller une seule chose : aller les voir en concert.
22/04 : La Rodia, Besançon (25)
23/04 : La Poudrière, Belfort (90)
08/06 : Backstage BTM, Paris (75) – double release party avec Kill The Pain
Et en festival cet été.