Salade Grecque : l’émouvante et belle série de Cédric Klapisch !
SÉRIE – 20 ans après L’Auberge Espagnole, Cédric Klapisch dépeint une nouvelle vision de l’Europe, dans Salade Grecque. À binge-watcher !
En 2002, la France découvrait le programme d’échange européen Erasmus, via L’Auberge espagnole. Suivirent Les Poupées Russes et Casse-Tête Chinois, racontant les amours et désamours de Xavier (Romain Duris) et Wendy (Kelly Reilly), principaux protagonistes de cette trilogie.
20 ans après la rencontre de Xavier et Wendy dans une collocation espagnole, Cédric Klapish décide de dépeindre une nouvelle collocation, cette fois-ci en Grèce. Leurs enfants, Mia (activiste) et Tom (startuper) se retrouvent à Athènes, suite au décès de leur grand-père maternel et l’héritage d’un immeuble, situé en plein coeur de la capitale.
Tandis que la première aimerait garder l’argent pour aider l’association dans laquelle elle travaille et aider les réfugiés arrivant en Grèce, le second souhaite investir dans sa Start-Up “écolo”. Deux mondes qui s’entrechoquent, au sein d’une même famille et d’une même éducation parentale. Voici le point de départ de huit épisodes, qui mêleront histoires de famille, d’amour et de politique.
La Grèce, noyau des nouvelles crises européennes
Crise politique de 1974, crise économique et crise migratoire de 2010. La Grèce a été l’épicentre d’une Europe malade, lors de ces dernières années. Dès lors, rien d’anormal à ce que Klapisch prenne Athènes comme ville d’accueil de sa série. Cette capitale montre toute la complexité du monde actuel, que le réalisateur tentait déjà de décrire dans sa trilogie cinématographique.
L’activisme de Mia est troublant de réalisme. La solitude des associations face à la crise migratoire et face aux politiques européennes, la présence des milices d’extrême-droites qui détruisent des locaux associatifs et ne connaissent que la violence, la répression policière, l’impuissance de l’Europe, les camps recueillant les migrants arrivant en bateau. Tout est traité avec une grande justesse et sans sensationnalisme.
Certains diront que ce tableau est la caricature d’une vision bienpensante de notre monde. Mais, quiconque s’intéressant à ces problématiques contemporaines et ô combien importantes, reconnaîtra un brin de véracité.
Outre ce discours politique, Cédric Klapisch utilise aussi Athènes comme un vrai personnage de son intrigue. Les immeubles en ruines, les monuments historiques, la vie nocturne. À l’instar de L’Auberge Espagnol, le réalisateur montre la beauté d’une capitale plus inégalitaire, mais bonne vivante, que jamais. Une ville où il fait bon de vivre !
Salade Grecque : amours et désamours en 2023
La jeunesse actuelle très politisée, quoique nous en pensions, a aussi une nouvelle vision de l’amour. Cédric Klapish essaie de la relayer le plus fidèlement en seulement huit épisodes. Certes, cela peut être rapide et la narration du dernier épisode semble être précipitée, mais que d’émotions, de sourires et de pleurs nous sont envoyés en plein visage.
La question du consentement est traité d’une façon coup de poing, mais avec justesse. Impossible de ne pas y être insensible. Tout cela est loin du discours patriarcal des Beigbeder et autres, se vantant dans tous les médias d’être féministes. Que ceux-ci prennent exemple sur la réalisation de Cédric Klapisch et de son équipe !
Mais ce que nous retiendrons des huit épisodes, c’est le personnage de Mia. Sans divulgâcher l’oeuvre, elle vous fera assurément pleurer dans plusieurs épisodes. À fleur de peau, Mia montre simultanément sa joie de vivre et sa fragilité. Ses histoires d’amour, d’amitié et de fratrie parleront évidemment à tout un chacun.
Son frère Tom, malgré qu’il semble être plus distant, est aussi à la peine question coeur et peut être tout aussi vulnérable que Mia. Sa relation avec sa soeur est aussi une belle leçon de vie, pour quiconque connaît des familles où les fratries s’éloignent avec le temps.
Bien sûr, la série ne tourne pas uniquement autour de Tom et Mia. À l’instar de L’Auberge Espagnole, la colocation de Salade Grecque est l’occasion de montrer des rencontres amicales ou amoureuses entre jeunes d’Europe et d’Afrique. Impossible alors de ne pas faire le lien entre l’italienne Giuila et Wendy pour le côté studieux et droit, ou Pippo et Bishop pour les instants de folie. Et puis, n’oublions pas Noam. Avec son sourire omniprésent et son énergie, il est le rayon de soleil de la série.
Le futur du cinéma européen
Plus qu’une série touchante et émouvante pour le téléspectateur, Cédric Klapisch réussit aussi à montrer le talent de jeunes acteurs et actrices qui feront, sans aucun doute, de belles carrières. Megan Northam, incarnant le rôle de Mia, est tout simplement bouleversante et livre une partition parfaite, quelles que soient les situations. Idem pour Amir Baylly (Noam), David Iachini (Pippo), Fotini Peluso (Giulia), Aliocha Schneider (Tom), Reham Alkassar (Reem).
Le casting est de grande qualité. Une cohésion professionnelle, voire amicale, se ressent devant les caméras. L’équipe est restée six mois durant à Athènes pour donner naissance à Salade Grecque. Et il est à se demander si les scènes de fêtes sont totalement jouées ou si elles sont réelles. Cette équipe de jeunes acteurs et actrices incarnent à la perfection notre monde actuel. Et il faut rendre hommage à Cédric Klapisch et son équipe de les avoir mis sur le devant de la scène.
Bien plus qu’une suite à la trilogie “L’Auberge Espagnole, Les Poupées Russes, Casse-Tête Chinois“, Salade Grecque prend le temps de raconter des histoires poignantes, émouvantes en 7/8 heures, là où le cinéma doit se contenter de 2 heures. Aussi, n’hésitez pas à donner sa chance à Salade Grecque, car rares sont les séries françaises aussi belles par leurs histoires et leurs propos.
Salade Grecque, disponible depuis le 14 avril 2023 sur Prime Video.
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