Route du Rock été 2024 : feel good vibes only jeudi
ROUTE DU ROCK ÉTÉ 2024 – Fort de Saint-Père, nous voilà de retour ! Pour LA journée immanquable de cette programmation, avec The Kills, Soulwax, Slowdive…
C’est sous la poussière qu’on arrive et on en est bien heureux. Qui dit poussière dit pas de boue et météo clémente. Une Route du Rock 2024 qui commence bien donc (après l’ouverture la veille) avec Enola (non, pas celle de la Star Ac, merci au compte meme_rdr pour son post parfait à ce sujet). Originaire d’Australie, accompagnée de 3 musiciens (avec lesquelles elle joue pour la première fois), elle est décrite comme une fusion entre shoegaze, post-punk et grunge. Comprendre : c’est calme mais pas trop, en colère mais pas trop, sombre mais pas trop. En bref, plein de rage un peu contenue qui s’exprime par les guitares et la voix intéressante d’Enola. Une bonne entrée en matière.
Merci, merci, merci Kae Tempest
S’en suit Kae Tempest, à qui on décernera officiellement le titre d’humain le plus adorable de cette Route du Rock. Iel officie, on le sait, dans les domaines riches et multiples de l’écriture, du théâtre (iel sera d’ailleurs programmé au TnS à la rentrée), de la poésie et de la musique. Pour aujourd’hui, on aura un mélange de ces deux dernières casquettes. Avant de commencer, iel annonce que les titres vont s’enchaîner sans interruption, et nous donne la recette pour bien suivre le set : si on ne parvient pas à suivre avec notre tête et donc si on ne comprend pas les mots, il suffira de se laisser porter par son cœur. Ça peut paraître facile, voire niais. Mais c’est exactement ce qu’il va se passer. Après plusieurs titres à bien comprendre que Kae Tempest nous présente là une masterclass d’amour et de tolérance, je me surprends à avoir les larmes aux yeux, la goutte au nez, et à n’avoir qu’une envie, serrer tout le monde dans mes bras. Un concert dont on ressort comme après un câlin immense. Apaisé, plein d’espoir et avec cette phrase en tête : “There is so much peace to be found in people’s faces“. Tellement de paix et d’amour sur tous les visages qui ont écouté Kae Tempest ce soir, tellement… Merci pour ça.
Il faut revenir à la réalité ensuite avec Nation Of Language. Mais l’atterrissage se fait en douceur. Un groupe de pop indé en pleine Route du rock ? Mais oui, trois New Yorkais qui viennent nous montrer qu’on peut encore faire de la pop ambitieuse, de celle qui vous prend aux tripes, vous fait danser les bras en l’air en vous imaginant dans la scène finale d’un film en lice pour Sundance. Ian Devaney tient la barque de main de maître, accompagnée de ses deux accolytes à la basse (Alex McKay) et aux claviers (Aidan Noell). Addictif.
The Kills : chaleur, chaleur
Slowdive investit la grande scène, attendus. Plus de 30 ans d’existence, ça aide à se construire une fan base, même quand on a disparu puis ressuscité. Un shoegaze, un peu 80s, un peu psyché aussi, de très belle facture par un groupe considéré comme mythique par beaucoup, sur la grande scène. Une aubaine pour beaucoup. Mais c’est l’heure de prendre des forces et de se préparer pour ceux qu’on attend.
The Kills. Définitivement le groupe de la soirée qui donne envie de rester collée au pit. Passer trois morceaux face à eux, et tenter de les photographier, est une gageure. C’est une vague de son comme on l’aime, cette guitare de Jamie qui parle aux hormones, cette voix d’Alison qui prend au niveau du bassin. Et puis les sourires, l’énergie, l’envie transmise au public frontalement. Cet élan de générosité de la part d’un duo qui n’a plus rien à prouver et dont une pourtant grande scène ne suffit pas à contenir le charisme… Mamma mia. Rester concentré, c’est impossible. Alors on file en fosse, au milieu de la chaleur, et on communie avec les autres en chantant sur “Doing It To Death”. Ce serait inutile de lutter contre The Kills.
Comment passer avec ça ? En jouant sur un total autre tableau. Backxwash est la surprise de la prog, comme il y en a chaque année. Le projet que tu ne comprends pas trop mais qui est là et c’est tant mieux. Ashanti Mutinta, rappeuse zambo-canadienne basée à Montréal, entre après un message d’avertissement à tous les épileptiques et photosensibles. Visage peint, tenue noire, pentagramme rouge à l’arrière, on est sur une esthétique plutôt métal que rap. Et c’est effectivement ce qu’on entendra, dans un projet complètement fou tenu par elle seule sur scène. Chapeau. On y sent une sorte de catharsis partagée par un public grandement acquis à sa cause. Pas étonnant de la part de quelqu’un qui monte sur la barrière chanter tout un titre face au public dès le début du set.
Les Belges, toujours
Et enfin, pour finir, les patrons. Les Belges de Soulwax. Ceux qu’on ne présente pas parce que quand même, les frères Dewaele, enfin ! Des bandes sons de film incroyables (coucou Belgica), le projet 2manyDJs, … Enfin bref, ne pas connaître Soulwax est une erreur. Certes toujours rattrapable. Et pour ceux qui étaient dans cette situation ce soir, chance ! Parce qu’on a eu droit à un concert XXL. Trois batteries en hauteur à l’arrière (Osees et ses deux batteurs, pfff, petits joueurs), une installation magnifique pour un groupe de 7 personnes… et ça déroule. Ce son et cette voix si reconnaissables. Cette capacité à faire danser dans la seconde. Je ne sais pas à quoi ça tient. Parce que finalement, ils ne font que “tourner des boutons et taper sur des fûts”, comme j’ai pu l’entendre au retour. Mais voilà. Moi j’appelle ça la magie belge. Vous, vous appellerez bien ça comme vous voulez…
À la Route du Rock 2024, on appelle ça un jeudi idéal.