Se ruer sur Maddy Street
CHRONIQUE – Les premières parties mènent aux meilleures découvertes. Maddy Street en est un exemple supplémentaire.
Maddy Street, c’est un⸱e jeune artiste franco-britannique. Avec déjà trois EP à son actif, iel est venu⸱e les défendre en février 2025 à la Boule Noire. L’occasion de faire d’une pierre, deux coups : une première salle solo et une première Boule Noire. Je l’ai découvert⸱e par pur hasard en première première partie des Naïve New Beaters, à l’Olympia en décembre. Belle découverte, puisque le soir même j’achetais ma place pour son concert à la Boule Noire.
Genre(s) multiple(s)
C’est quelque chose de frais que propose Maddy Street. Fort⸱e de ses influences culturelles, et de ses engagements, Maddy Street choisit la nouveauté. Et réinterprète avec sa touche si singulière des sonorités tant entendues. Rock, pop, rap, électro, pop, c’est par tous ces genres musicaux que les morceaux de Maddy Street nous font passer. Versatile, c’est peut-être le mot qu’il faudrait employer pour la⸱e qualifier. Versatiles, on pourrait aussi le dire de ses textes, qui oscillent entre humour et second degré, avec “Switch bitch” ou “Shrek Is a Lesbian” et des morceaux vivement engagés comme “Loud”.
Ce qui est sûr, avec Maddy Street, c’est qu’il n’est pas question de se mettre dans une case. Franco-britannique, né⸱e en Normandie de parents anglais, puisant ses inspirations dans des classiques de la variété internationale (Beatles), que dans de la soul qu’écoutait sa mère, Maddy Street décide de réinterpréter tous les styles, à sa manière. Des influences bilingues qui se ressentent dans ses titres, dans lesquels le français et l’anglais sont maniés à la perfection. Dans une interview pour La Vague Parallèle, iel explique qu’il lui est plus facile d’écrire du rap en français, langue poétique, qu’en anglais, qu’iel privilégie pour les passages davantage chantés. Certains mots lui viennent en anglais, d’autres en français. Bref : d’avoir été baigné⸱e dans cette bi-culturalité lui confère une sincérité et une singularité certaines.
Un⸱e artiste engagé⸱e
Pour Maddy Street, dont le parcours personnel et les réflexions identitaires ont été si importantes dans le processus créatif, l’engagement auprès de la communauté queer revêt une importance particulière. Dans la même interview pour La Vague Parallèle, iel déclare : “J’ai eu la chance de m’entourer de personnes de la communauté queer et notamment de la communauté drag, qui m’ont permis de mieux comprendre mon identité de genre, qui je suis… Cette affirmation s’est effectivement traduite par des chansons parce que comme tu l’as dit, je suis beaucoup dans l’introspection et dans l’expression.”
Et en effet, impossible de passer à côté de l’engagement de Maddy Street dans ses textes. Ils sont puissants comme “Loud”, qui pointe du doigts ceux qui utilisent la religion pour diffuser leur haine contre la communauté queer. Ou encore comme “Merlin” qui raconte son cheminement identitaire. Introspection, oui, par des textes qui la⸱e mettent à nu, et expression par le médium, la musique et l’écriture, qui permet parfois paradoxalement d’arriver à dire l’indicible.
Maddy Street et le sens du collectif
Maddy Street, c’est aussi la création d’un collectif audiovisuel d’artistes queers. Il a pour vocation de mettre en avant le travail des personnes queers dans les métiers de l’audiovisuel, travail parfois trop mis de côté par manque d’opportunités et de reconnaissance. En revanche, Maddy Street déclare faire avant tout ça pour iel, ne souhaitant pas s’ériger comme une sorte de modèle, un⸱e porte-parole de la communauté queer et plus particulièrement non-binaire, même s’il lui est impossible de nier qu’iel est une voix importante, accédant à des plateformes davantage “mainstream” que certain⸱es.
Bref, Maddy Street, c’est un⸱e jeune artiste qu’il faut absolument aller écouter et aller voir en concert ou en festival ! C’est frais, c’est nouveau, c’est engagé, et ça fait du bien !
Article écrit par Lou Geniller
Crédit photo : Emma Birski