Francouvertes : Bayta, Bryan André, Erika Hagen
COMPTE RENDU – Troisième semaine des Francouvertes, et 5e soirée des préliminaires, nous voilà !
Après une agréable semaine de printemps éphémère, voilà Montréal replongé.e (je lui laisse le bénéfice du doute quant à son genre) dans la neige et la pluie. Quant à nous, nous sommes de retour pour la 5e soirée des préliminaires des Francouvertes 2025.
Pas franchement prête, je l’admets, pour le marathon de trois soirées d’affilée que programment les Francous depuis la pandémie. Je ne suis pas sans regretter la formule des lundis soirs qui permettait de plus profiter un maximum des artistes en chaque début de semaine. Enfin bref, pas de place pour ma boomer-ie du lundi.
Ce soir, je récupère mon ancienne charge de couvrir la soirée en texte et en photos. Pardonnez donc d’avance à mon cerveau tout rabougri (les effets de la vieillesse et des écrans) pour ces quelques mots captés entre deux flexions et moult clics.
Velours Velours à la rescousse

Pour ouvrir la soirée, pas de Gawbé, malade, mais un Velours Velours un peu enroué, paraît-il. On n’y verra que du feu. Velours Velours (Raphaël Pépin-Tanguay) plonge le Lion d’or dans une douce langueur, assis sur sa chaise, guitare acoustique sous les doigts et voix de velours (un bon nom d’artiste, on vous le dit).
Il n’a que 15 minutes, mais il arrive à caser plusieurs chansons de son premier album, sorti il y a quelques semaines. Sans ses musiciens, il a justement l’occasion de jouer la très jolie ballade “Resté couché” dans une salle attentive et silencieuse. Après quelques lectures de commentaires reçus lors de son passage lors de la 27e édition, “miam” était-il écrit sur un), il clôt son petit set avec “Les fauves” justement écrite après avoir assisté il y a plusieurs années à une soirée des Francouvertes.
Bayta ensorcèle

Bayta est le projet de Mariève Harel-Michon (que vous avez déjà pu voir chanter avec Lou-Adriane Cassidy, Jeanne Côté, Olivia Khoury). D’une voix claire et maîtrisée (digne d’une princesse Disney croisée avec Dolores O’Riordan), Bayta se présente en trio (rien de moins qu’Arthur Bourdon-Durocher aux percussions et Reno McCarthy à la basse). Et c’est suffisant pour ces deux musiciens qui usent de précision et de sensibilité dans leurs accompagnements. Tantôt à la guitare, tantôt au clavier (avec lequel elle ouvre “Venge-toi” et ferme son set “Y reste un peu de temps”, dans le même clair-obscur de lumière ravissant), Bayta interprète ses compositions indie folk-pop portées par un timbre de voix qui survole et virevolte sans trembler.
Elle évoque un cœur brisé (seulement dans une unique chanson promet-t-elle !), les relations, la magie même. Tout ceci à travers des textes imagés qui se fondent bien dans des instrumentations mélodiques et oniriques. Elle raconte aussi l’origine de son nom de scène, Bayta, emprunté à la série de science-fiction Fondation d’Isaac Asimov. Une œuvre qu’elle a l’air de tout particulièrement apprécier, puisqu’elle croit bien que “la sensibilité nourrit l’intelligence”. C’est doux, c’est joli, c’est sensible, bien qu’encore un poil timide.
Bryan André, la force du Nord

Ce serait grâce (ou a cause, selon les goûts) de Bryan André qu’il aurait reneigé aujourd’hui à Montréal ! L’artiste innu est venu spécialement de la Côte Nord pour son passage aux Francouvertes. De très loin, et du grand froid. Il a ramené son public avec lui, et visiblement ce sont des habitués enthousiastes. Tout comme Bryan André qui, malgré la chaleur de la salle qui le fait suer à grosses gouttes, est comme un poisson dans l’eau sur la scène du Lion d’or.
De sa voix un peu rauque et puissante, il chante en innu-aimun (rappelons que les Francouvertes autorisent les langues autochtones au même titre que le français depuis 2022) et raconte son histoire, notamment l’amour qu’il porte à sa guitare (“Nipeteti”). Sa proposition est chaleureuse et son sourire contagieux. Le côté pédagogue de l’artiste passe bien (il apprend à la salle à dire “Tshishatshitin”, “je t’aime” en innu, du nom d’une de ses chansons), et ses historiettes sont bienvenues pour des textes dont je ne comprends donc rien. Entouré de trois musiciens qu’il va chercher et avec qui il semble avoir l’habitude de jouer (guitare, basse, batterie), Bryan André donne un set country-rock sympathique, toutefois sans surprises. Un show bien maîtrisé par un homme fait pour la scène.
Erika Hagen

Dernière “candidate” du jour, en lice dans ce marathon fou des préliminaires : Erika Hagen. Coupe mulet flou bi-couleurs, dad short vert avec polo vert sous t-shirt blanc, grand yeux clairs, un look stylé à la Emma Chamberlain, version Courtney Barnett.
Originaire de Québec, la jeune femme espiègle à la voix suave est accompagnée de trois musiciens et offre une prestation un brin réservée sur les débuts, face à un premier rang parfois bruyant. Ne se laissant pas déconcentrer pour autant, la Québécoise prend le temps de discuter entre ses titres. Elle chante le fantôme de St-Sauveur, son ancien quartier à Québec cité. Elle émeut avec “Anita”, écrite et dédiée à sa grand-mère dont elle se remémore les yeux embués. Tout ça à travers des compos garage rock, rock alternatif donc, teintées de notes country-ish et bedroom pop par moments, guitares saturées, batterie qui martèle et basse lourde en constance.
Un album arrive le 11 avril et porte le nom de la dernière chanson de la soirée : Pouvoir magique. Qui en est le réalisateur vous demandez ? Je vous le donne dans le mille : Dany Placard. Les chiens ne font pas des chats.
Deux des candidats de ce lundi réussissent à se placer dans le top 9 provisoire. Si Bryan André (4e) a des chances de se qualifier pour les demi-finales, le cas d’Erika Hagen (7e) est encore très incertain.
Classement provisoire :
1. Muhoza et sa troupe (qualifiés)
2. Maude Sonier (qualifiée)
3. Kat Pereira (qualifiée)
4. Bryan André
5. Naïma Frank
6. Dogo Suicide
7. Erika Hagen
8. Oli Féra
9. Delphine
Texte et photos : Emma Shindo
- Francouvertes : Bayta, Bryan André, Erika Hagen
- The Cloverhearts : une joyeuse découverte au Brin de Zinc
- Solann et Nochka : portrait d’une génération désenchantée
- Half Moon Run dévoile “The Message” et retrouve l’OSM
- Mustang : “Ce serait un grand piège pour nous de ne faire que dans le poil à gratter”