Dessins, musique et anecdotes : Albin de la Simone charme le Théâtre Outremont
COMPTE RENDU — Un samedi soir au Théâtre Outremont pour se réchauffer le cœur avec Albin de la Simone et Audrey-Michèle.
Il faut pas mal de volonté pour quitter son cocon chauffé un samedi soir par -1 degré. Grève des transports en commun en prime. On file donc à vélo au Théâtre d’Outremont, froid de canard, nuit noire, phares de char dans les yeux. Notre Coup de cœur francophone débute officiellement par le spectacle d’Albin de la Simone, accompagné d’Audrey-Michèle en première partie.
Audrey-Douceur
La Québécoise se présente en duo sur la scène du théâtre et présente des chansons tirées de son dernier album La montagne en forme de maison, sorti l’année dernière. Audrey-Michèle annonce la couleur, c’est un album de rupture, original n’est-ce pas ? De notre côté, on ne s’en est pas encore lassé. Si la définition de douceur devait être agrémentée d’audio, une chanson d’Audrey-Michèle serait définitivement en lice. Écoutez “Matins de confiture” par exemple (écrite par Michel Rivard carrément).

Éloignée de son micro cardioïde, on sent les fréquences cardiaques du public ralentir doucement. On se fait envelopper par les mélodies mélancoliques de l’artiste. Elle mentionne Stéphane Lafleur, qui lui a écrit une chanson (“Les étoiles mortes”), puis deux, ému par l’histoire du décès de sa belle-mère. Et puis Gab Bouchard avec qui elle partage normalement sa chanson “Le loup” remplacé ce soir par Guillaume, son guitariste. Enfin, elle nous parle forcément de “l’ex”, celui dont parle cet album. Celui chez qui elle a enregistré des chants d’oiseaux qu’elle demande au public de reproduire, ayant oublié l’enregistrement cette fois-ci. Pas de geai bleu ni de corbeaux exige-t-elle, amusée.
“C’est pas tout le monde qui aime les premières parties… On a fait de notre mieux pour créer un lien”, lance Audrey-Michèle en référence à l’article de Patrick Lagacé sur les premières parties qui avait fait polémique il y a quelques mois au Québec. Ces 25 minutes sont en tout cas passées aussi rapidement que la lecture d’un article du Journal de Montréal et ont parfaitement su nous faire saliver, sans nous ennuyer, pour la suite de la soirée.
Albin de la Simone, homme aux multiples talents

Au tour d’Albin de la Simone de débarquer sur scène. Quelques mois à peine après ses derniers concerts à Montréal donnés dans le cadre des Francos. Pour celles et ceux qui ne connaissent pas encore Albin de la Simone, imaginez un timbre de voix légèrement voilée, alto, entre Alain Souchon (dont il reprend la chanson “Le dégoût”) et Pierre Lapointe (un ami de longue date d’ailleurs). Ajoutez une pincée d’humour bien maîtrisé ainsi que charme et élégance, de ces artistes pleins d’autodérision qu’on adore.
Le Français présente son dernier album Toi là-bas (encore) version solo. Albin, son synthétiseur relevé, son springophone, sa guitare électrique et sa tablette. Car pour ce spectacle-ci, il dessine en live. Son écran est retransmis derrière lui. Ses illustrations ont un petit côté naïf. Des grands aplats de couleurs, et puis des détails qui paraissent enfantins. Il efface, ajoute des détails, change les ambiances. Il dessine même parfois “avec son esprit”. Comprendre qu’il a pré-enregistré certains dessins pour lui permettre de jouer et chanter tout en ayant l’illustration qui prend vie derrière lui.
Du plomb, un avion et des jonquilles

Toutes les chansons sont présentées à travers le prisme de l’autobiographie. N’allez pas vous imaginer que le concept est prétentieux dans son nombrilisme, loin de là. Les anecdotes d’enfance d’Albin de la Simone sont souvent très cocasses (“Ils cueillent des jonquilles”).
On rit à gorge déployée de celle du père d’Albin, qui malgré sa classe populaire du fin fond de la campagne picarde, donnait l’impression à tout le village, par ses goûts excentriques (avion, voiture de sport entre autres) et son nom de famille à particule, qu’il était noble. On est aussi suspendu à ses lèvres quand il prend le temps, longuement (mais c’est nécessaire nous dit-il), de raconter la fois où, à 12 ans, pour flamber devant des plus petits que lui, et après avoir fait toutes les positions de Lucky Luke possibles, il s’est tiré une balle de plomb dans la tête. Il enchaîne cette historiette effrayante en interprétant sa sublime reprise de “Ma gueule” au clavier. Le rythme du spectacle, entre illustrations, anecdotes, silence et musique est parfait. On est conquis.

Dans le grand tout de ce spectacle, on est ému plusieurs fois (“À jamais”, “Le grand amour”). On rit de l’inconvenance des paroles (“Tu vas rire”, “Ta mère et moi”) si sincères et assumées, si pince-sans-rire. Pour finir, Albin de la Simone nous parle de toutes les femmes qu’il a aimées, mais à qui il n’a jamais rien dit. L’occasion pour le public de faire les chœurs de “Toi là-bas”. Puis d’imaginer comme lui toutes ces femmes se tenant par la main, en “ribambelle” dans le ciel, avec luth et harpe en main. Mais un peu de sérieux pour conclure son rappel. “Avenir”, une chanson qui rassemble et questionne, une chanson qui a du sens. Le Théâtre Outremont est debout pour la 3e fois. Albin de la Simone promet de revenir bientôt.
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Photos : Emma Shindo
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