Ane Brun : le Café de la Danse touché par la grâce.
Le visage fendu d’un sourire, la gorge encore nouée, les yeux qui pétillent et les pensées perdues à milles lieux de Paris et de son brouhaha infernal : c’est l’état dans lequel j’étais lorsque la belle Ane Brun quitte la scène du Café de la Danse après une ultime révérence. Ce 28 septembre, la petite salle du passage Louis Philippe était pleine à craquer. Normal, Ane Brun c’est la Patti Smith du folk, une musique d’une beauté fatale prend aux tripes et chacun de ses passages par notre capitale est sold out. Excitation, frisson dans tout les membres du corps et impatience sont les symptômes que je développe avant de pénétrer dans la salle.
Ane Brun, c’est par le biais de Syd Matters que j’ai découvert, un duo entre eux enregistré il y a quelque temps. Depuis, je suis sous le charme de sa voix venue d’un autre monde qui pourrait fendre le plus froid des cœurs. Chacun de ses titres prend une dimension toute particulière lorsqu’ils sont joués en live. Ce 28 septembre là, on se dit qu’on a de la chance d’être là.
Mais avant que la Blonde Dame monte sur scène c’est Linnea Olsson qui est chargée d’assurer la première-première partie. Blonde, elle aussi elle entre seule sur scène, s’installe sur une chaise et cale son violoncelle entre ses jambes. Elle prononce quelques mots en français, avec un accent irrésistible, puis joue un premier morceau. Pas de voix, juste une mélodie qui m’évoque l’océan. On ferme les yeux, et nous voilà transportés loin, très loin du Café de la Danse. Elle enchaîne avec un second, puis un troisième titre violoncelle/voix, les deux titres sont d’une beauté sublime. Là, 10 minutes sont passés et des frissons parcourent déjà tout le corps.
Linnea quitte la scène, et c’est au tour d’Elin Ruth Sivgardsson de faire son entrée. Look de “métalleuse“, tatouage tout le long du bras gauche, on se dit que la demoiselle ne cadre pas tellement avec le thème mélancolique, et tout en finesse de la soirée. Lorsqu’elle commence à chanter son premier titre “Bang“, on se reçoit une grosse claque en pleine figure. Une voix éraillée mais douce, des arpèges folkement irrésistibles, on assiste là à un grand moment de musique. A l’aise aussi bien avec sa guitare ou assise derrière un piano, Elin s’amuse à nous surprendre avec son univers doux, poétique et triste à la fois. Le public ne s’y trompe pas, il applaudit chaudement à la fin de chaque morceau, époustouflé par le spectacle donné par la jeune suédoise.
Après une dernière salve d’applaudissement, Elin Ruth se retire, et entre en scène Ane Brun. La grande Ane Brun. D’abord seule avec sa guitare, puis accompagnée de ses musiciens (3 femmes et 1 homme), la magicienne offrira un set parfait, quasi-mystique. Tantôt le visage grave, et les yeux brillants Ane Brun est comme envoûtée lorsqu’elle chante, tantôt enfermée dans sa bulle, elle vit chacun de ses titres, réinvente les arrangements, adapte les morceaux. La Belle est heureuse d’être sur la scène parisienne, elle danse, rayonne, communique énormément, et m’a même presque arraché une larme sur le titre “Rubber & Soul”. Ane Brun est un phénomène à ne surtout pas manquer, le public présent en masse ne s’y trompe pas, à la fin du set, toute la salle est debout. Et c’est devant cette assistance bien plantée sur ses pieds que la Magicienne fera son rappel. Elle jouera un premier titre seule à la guitare, avant de finir sur une reprise toute en grâce de True Colors, comme à son habitude. Oh, voilà qu’une larme roule sur ma joue, des frissons parcourt mon dos, je me cache dans mon écharpe bien épaisse malgré la chaleur de la salle. Il y a des signes qui trompent pas : Ane Brun m’a touché, et a livré sans doute le plus beau concert qu’il m’a été donné de voir cette année. Ce 28 septembre, Ane Brun était au Café de la Danse, et je ne m’en suis pas encore remise…
Sabine Swann Bouchoul