Interview : Be Quiet en 10 mots
Ils étaient à Beauregard en juillet dernier. On en a profité pour partir à leur rencontre et poser quelques questions à Lou (guitare et textes) et Matei (claviers et CM) de Be Quiet. L’occasion de découvrir leurs influences, leurs motivations et évoquer leurs origines bordelaises, avant justement de les retrouver pour une soirée shoegaze le 10 septembre à l’Heretic, en compagnie de Ringo Deathstarr.
#New Wave
Ça découle de nos influences. On en écoute depuis tout-petits grâce à nos parents. C’est les années 80 en Angleterre, ça représente plein de choses pour nous. C’est le tronc de Be Quiet.
#Punk
Je ne sais pas si on est punks dans notre attitude. L’esthétique non plus. On va à Disneyland, c’est pas très punk. On est un peu plus Bisounours que punks. C’est un peu l’inconnu. On est polis, on est tout gentils, on n’est pas punks.
(Swann) Oui mais aujourd’hui, tout le monde se revendique punk, alors peut-être que de ne pas le faire, c’est ça être punk …
Alors on est des punks.
#Bordeaux
C’est chez nous ! Le centre est petit donc dès qu’on va dans un bar, on voit tous nos potes. Il y a énormément de clubs où jouer, une scène musicale conséquente, etc. Je pense qu’on a eu de la chance d’avoir un petit groupe qui était Be Quiet au départ à Bordeaux plutôt qu’à Paris, où il y a tellement de scènes, tellement de choses. Bordeaux c’est un peu plus excentré, c’est plus facile de faire tes marques là bas, c’est ce qu’on a fait. C’est plus facile de ne pas se fondre dans la masse de groupes qu’il peut y avoir dans des grosses villes. Il manque peut être des choses comme des gros zeniths, des gros festivals, etc., mais on a des petits bars, des petits clubs, des associations comme Bordeaux Rock, ou la pépinière du Krakatoa par exemple, qui nous accompagne depuis le début, tout ça nous a aidé à être ici (Beauregard, ndlr).
#La scène Bordelaise
Elle est cool. Ce qui est énorme, c’est qu’il n’y a pas de rivalité entre les groupes, c’est une grosse famille, tout le monde se connaît, y’a aucun problème, tu fais un bon concert, tant mieux. Tous les groupes comme Odezenne, J.C. Satàn, on est tellement content de faire partie de cette scène, on a de la chance d’être à Bordeaux. Par la proximité au final, on arrive à lier vachement bien et du coup, on se refile des bons plans, on communique beaucoup … Et puis tu vas voir un petit groupe dans une cave, tu rencontres les autres membres d’un autre groupe, c’est pas comme à Paris où à chaque arrondissement, tu vois des personnes différentes. Bordeaux c’est la famille.
#Joy Division
Hallelujah ! C’est une grosse influence depuis tout-petits, on a baigné pendant toute notre adolescence là dedans, que ce soit la musique, le personnage, … Finalement, ça a influencé pas mal de nos directions. Joy Division, ça n’a duré que trois ans, 77-80, mais ça a fait une marque, on en découle, petits qu’on est. Rien que le fait de chanter en anglais alors qu’on est un groupe français, ça peut, dans un sens, être vu dans un sens pas trop approprié, mais ces groupes là, ils ont participé au fait qu’on joue ce qu’on écoute, ça serait finalement pas juste de chanter en français, ça ne nous ressemblerait pas. Joy Division c’est tout ce qu’on aime, tout ce qu’on fait, c’est grâce à eux qu’on évolue. Si on fait de la musique, c’est parce qu’on en a écouté, ça nous a motivés à en faire.
#Inrocks Lab
Notre premier EP, Primal (sorti en Avril 2013), a été chroniqué par les Inrocks Lab, parmi les premiers, donc ça offre une visibilité nationale que l’on n’avait pas à l’époque. On venait de Bordeaux, on jouait à Bordeaux, et ça nous a ouvert tellement de portes. C’est un beau tremplin, tous les médias ne font pas ça, on a été chanceux d’avoir été repérés, d’avoir des médias qui font autant confiance aux jeunes groupes et qui leur laissent une chance, malgré le manque de maturité et de production. Et puis nous ça nous motive.
#Festival(s)
On en a fait quelques petits avant, mais là, on a vraiment la chance de faire de gros festivals cet été, on a la trouille mais c’est un grand plaisir … Monter sur scène, sur des plateaux comme ça, partager l’affiche avec des groupes qu’on écoute depuis des années (Portishead, etc.), et même si on ne joue pas le même jour, on se dit que c’est quand même dingue. La semaine dernière, quand on a joué à Garorock, y’avait Phoenix le même soir, et justement, deux membres du groupe ont écouté la moitié de notre set sur le côté de la scène, et ils ont bien kiffé ! On est allés les voir, ils sont hyper cool … On est musiciens mais on est aussi festivaliers, on a la chance de pouvoir profiter du concert. Et si jamais Be Quiet ça s’arrêtait demain, au moins on aura été contents d’avoir fait ça, Beauregard, Garorock et les prochains qui arrivent.
#Blue Monday
(Lou veut imiter la rythmique du début de Blue Monday, mais dérape sur Infancy, une de leurs chansons) Voilà, j’suis grillé, j’ai répondu à votre question avant d’y répondre ! Grosse influence. On adore ce morceau. C’est pas du plagiat dans le dos, on le revendique totalement et je pense que ça s’entend, c’est vraiment un gros clin d’oeil. Et puis New Order, c’est ce qui a pris la suite de Joy Division, donc forcément … Blue Monday, te le sors en 2014 ça fait encore danser les gens, c’est une valeur sûre.
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#Futur
Pas comme Joy Division pour le coup ! On repart en studio cet été, on a une nouvelle compo, qu’on a joué aujourd’hui d’ailleurs, mais on ne se projète pas dans les six mois, un an à venir, on laisse les choses grandir, se développer. On a le temps, on essaye de mûrir le projet au maximum. On a la chance d’être vraiment indépendants, de n’avoir personne pour nous diriger. Ce qu’on espère en tout cas, c’est sortir quelque chose de plus abouti, plus mûr. On ne veut pas sortir un album pour le moment, parce qu’on se sent pas prêts. Un premier album, c’est une carte d’identité. Un EP, ça reste encré pour 6 mois, quelques semaines et finalement, ça nous convient plutôt bien parce qu’en tant que jeune groupe, ça nous permet de nous renouveler facilement, c’est éphémère. Par exemple, quand on regarde ce qu’on faisait y’a deux ans, c’est plus du tout ce qu’on fait maintenant. Et le fait de voir que nos EP se ressemblent de plus en plus, y’a une identité qui ressort, et peut être qu’une fois que l’on aura sorti 4, 5, 6, 12 EP qui seront cohérents, on sortira un album.
#Le mot de la fin
Bubbles. C’est notre mascotte, le corbeau empaillé sur scène. Pour la petite histoire, on l’a oublié quelques fois pour des dates, et à chaque fois, on a fait des concerts de merde, du coup c’est vraiment un porte bonheur. Et puis c’est l’image du groupe sur la setlist. Il nous suit un peu partout, il veille sur nous, Bubbles.
Leur dernier EP, Affliction, est toujours disponible sur leur Bandcamp. En attendant, vous pouvez toujours les suivre sur Facebook ou sur leur site.
Propos recueillis par Swann et Justine