On a écouté : By The Dozen de Marie-Flore
Le premier album de Marie-Flore a divisé les rédacteurs de RockNfool. Deux avis radicalement opposés se confrontent.
Contre :
Après des débuts sur scène sur les planches de la Maroquinerie en 2007, puis un EP sorti en 2010, Marie-Flore sort son tout premier album By The Dozen. Il est le résultat de d’un ensemble de nombreuses influences qui jalonnèrent sa vie. Sa formation classique en alto tout d’abord, se retrouve dans ses mélodies où sa voix traîne sensuellement sur les fins de phrases. Son amour des textes qu’elle se forgea à l’écoute de Leonard Cohen et du Velvet Underground resurgit dans des paroles ciselées où le rythme et les sonorités répondent à un fond agréablement cafardeux (“Pourquoi ne m’aimes-tu pas à présent ?”). Comme toutes les chanteuses folk de sa génération, on a plaisir à retrouver un grain tantôt puissant tantôt fragile, parfois susurré, presque parlé. Balançant sa voix entre aiguë et grave, on ne peut s’empêcher de penser à l’écoute de l’album, à des chanteuses telle que Soko (“Number Them“), Charlotte Gainsbourg et parfois, avec certaines intonations, vous pourrez entendre même du Blondie. Mais ses influences sont aussi rock. Pete Doherty l’invita à partager la scène : ça a de quoi influencer tout artiste et on voit se promener des accords rude que l’Anglais ne renierait pas (“By the Dozen“). Si vous tendez bien l’oreille, vous pourrez également entendre du Arctic Monkeys des débuts avec petits riffs de guitare électrique pour intro (“Loud Dark Crowd“).
Tout ceci aurait pu donc faire un bien bel album : on aurait aimé être bercé par un folk doux et mélancolique d’une jeune parisienne. Toutefois, si on peut retrouver de très jolies choses, quelques belles tournures mélodiques, une jolie voix, il y a comme quelque chose qui manque. Tout est là et pourtant… Les meilleurs musiciens ne font pas toujours les meilleurs créateurs, les meilleurs artistes. Il y a comme un soupçon de quelque chose qu’on aurait oublié, de ce petit ingrédient en apparence insignifiant, mais, au final, essentiel. La qualité globale est bien là, mais la magie n’opère pas : on ira la voir en concert, ou on attendra le deuxième album.
Charles Lagard
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Marie-Flore a pris son temps. Cela fait cinq ans que cette ensorceleuse à la voix de velours promettait un album. Elle ne s’est pas précipitée, elle a affûté sa plume, façonnée l’écrin de By The Dozen. L’attente est longue, mais l’objet dépasse largement les espérances. Alors oui, c’est vrai. A la première écoute, mon oreille distraite a survolé la pièce. J’entendais les titres sans vraiment les écouter, plus occupée à vernir mes ongles. Et puis, j’ai relancé la machine. Cette fois, en écoutant vraiment. L’esprit 100% concentré. L’album n’est pas facile d’accès. Certes. La Française livre un album aux croisements des styles, jongle entre les influences de ses diverses idoles : le rock espiègle d’un David Bowie (“All Mine“) les mélodies inspirées d’un Velvet Underground (“Shifting Sand“), et une pop plus sucrée (“By The Dozen“). De vieilles références, c’est vrai. Mais, loin de sentir la poussière, ce premier essai est lumineusement moderne. On oserait presque dire que Marie-Flore se fait digne héritière de Feist ou de Cat Power. Foutaise, on le dit ! Oui, elle l’est. Comme ses grandes sœurs aux esprits tourmentés, la fragilité de sa voix contraste avec ses mélodies tantôt assurées tantôt susurrées. Comme elles, Marie-Flore joue sur tous les tableaux : elle est torturée, sensuelle, piquante, intimidante et livre un joyau brut et charnel qui s’écoute d’une seule traite. Et puis, surtout, il y a ce titre violent, brutale mais terriblement sexy : “Feathered with Daggers“. Celui fait tout arrêter et bloquer la touche “repeat”.
Swann
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