Julien Doré nous présente “Histoire d’&”
LES HISTOIRES DE – Julien Doré sortira son nouvel album le 14 octobre prochain. Un album qui s’accompagne d’un mini-film. Mi-documentaire mi-making of, Histoires d’& raconte des rencontres et la création de cette nouvelle galette. Avec humour et sensibilité.
Les mots tristes sur des mélodies tristes, c’est impudique, c’est facile. C’est Julien Doré qui le dit. Dans les Histoires d’&, le mini-film qui accompagne la sortie de son quatrième album. Ce qu’il préfère Julien Doré, c’est la plage en hiver. Les larmes sur du zouk. Le zouk, ce running gag commencé en 2014 avec la présentation de Løve. On a commencé à comprendre le langage de Julien Doré. Il faut le comprendre à l’envers. Il dit quelque chose mais pense son contraire. Il faut lire les paroles entre les lignes, suivre ce regard fuyant qui ne croise jamais son interlocuteur. Quand il présente son film, Julien Doré regarde au loin. « Et bien, c’est un film, du coup. C’est neuf mois de travail sur le disque, c’est un peu particulier parce que ce n’est pas un EPK ou un making of classique, c’est un documentaire dans lequel je présente les chansons, et leurs origines, et les gens que j’ai rencontrés là-bas ». Quand on l’écoute parler sur ces images si belles, on comprend que le processus a été long, que la route a été tortueuse mais le résultat est là. C’est beau. Le film, les chansons aussi.
Bien sûr, ce n’est pas encore la Compagnie créole, la musique de Julien Doré. C’est une mise à nu complète. D’ailleurs, dans le film, il se met à nu. Au sens littéral mais surtout au figuré. On s’en fout de voir son postérieur sur un balcon, en revanche on s’intéresse volontiers aux histoires qui se cachent derrière &. Et quoi ? Et bien c’est compliqué. Toujours avec cet oiseau-là. On dit des millions de choses sur ce jeune homme. On ne sait pas ce qui est vrai et ce qui est faux, et on s’en fout. Ce que les autres prennent pour de l’arrogance, je prends ça pour de la sensibilité. Quand on parle de méfiance, je traduis ça par de la timidité. Et, je sais de quoi je parle. J’ai un diplôme en timidité maladive. Histoire D’& raconte Julien Doré et les rencontres qui ont mené à ce quatrième album. Le travail avec son producteur, le silence qu’il s’est imposé, les longs voyages sur sa minuscule moto. Il avait la trouille d’en conduire une grande, alors il a préféré la version miniature. Parce qu’il se sentait sous pression à Paris, il a fui dans le Sud, dans le chalet de son enfance. Parce qu’il voulait un album intime, il a tout composé au piano. Il voulait être seul, il s’est retrouvé au milieu des montagnes et de la nature mais là, le destin lui a fait croiser quelques personnes qui l’ont nourri, aidé, tendu la main. Loin de Paris, du milieu de la musique si étouffant et faux par moment. “J’ai voulu être seul, mais étrangement, c’est là-bas que j’ai pris le plus d’apéro, j’ai passé de très bons moments chouettes“.
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En retrouvant l’arrière-pays niçois, il s’est retrouvé lui. Le petit lui. Celui qui s’autorise à rêver, à imaginer les choses en grand, immense. Selon Julien Doré, on ne sait rêver que lorsqu’on est enfant. Cette faculté se perd en grandissant. Elle est remplacée par d’autres sentiments, par d’autres émotions. La peur, la tristesse, la mélancolie. La douleur, aussi. La musique sert à évacuer tout ça. Ces déchets qu’il faut expulser. Sur une mélodie joyeuse, si possible. Sensuelle en tout cas. C’est drôle, si l’album ne respire pas la joie de vivre, si les chansons sont toujours teintées de cette mélancolie, le film lui est plein de sourire, de rire et d’éclat. Comme si les images viennent à prouver que Julien Doré n’est pas qu’un artiste un peu torturé, qui se cache derrière ses cheveux et des métaphores alambiquées. En fait, ce garçon est compliqué. Et s’il murmure avec ce grain de voix si reconnaissable “qu’il ne faut pas m’aimer beaucoup” dans l’une de ses chansons, on a envie de lui dire : c’est déjà trop tard.