Le Brian Jonestown Massacre à La Laiterie, un concert un peu tendu
LIVE REPORT – The Brian Jonestown Massacre était de passage à La Laiterie de Strasbourg à l’occasion de la sortie de leur 2e album de 2018. Après la Route du Rock, on y a revu un groupe un peu moins serein.
Le concert avait pourtant bien commencé. Dernière date française, salle pleine, Anton Newcombe et sa bande avaient de quoi arriver détendus sur scène. Un clavier, une batterie, une basse, 3 guitares, des percussions. Le compte y était (même si, tu le sais, les line-up du BJM étant toujours changeants, le batteur s’était transformé en batteuse, Sara Neidorf – girl power!). Et ça démarre avec du récent qui sonne comme du classique d’il y a 20 ans, entre “We Never Had A Chance”, “Whatever Happened To Them ?”, “Hold That Thought”, “Forgotten Graves”, “Who Dreams Of Cats ?”.
Eat Shit. Anton n’a pas changé.
J’avoue que je me sens plutôt à mon aise dans le pit et que j’y resterais bien quelques chansons de plus, même si les positions et les expressions des musiciens n’ont pas changé depuis cet été à La Route du Rock. Mais le t-shirt EAT SHIT. d’Anton me ravit. Sans compter le charisme sans limite de Joel Gion, l’homme de la situation. Le mec qui te secoue les maracas avec une classe inimaginable, et qui arrive à rendre les bâtons de percussion indispensables à une chanson. True story. Tmtc. Et je n’ose parler des tambourins. Dans ma prochaine vie, je serai Joel Gion, c’est évident.
Le concert commence à pêcher quelque part après l’heure de jeu. Alors que je suis en train de me dire que pour la deuxième fois de ma vie, je trouve qu’un groupe est définitivement plus approprié aux extérieurs (un petit je-ne-sais-quoi en rapport avec les cheveux au vent et la liberté qu’un ventilateur ne peut correctement mimer), l’ambiance sur scène se tend. Ça commence par Anton qui s’excuse du temps passé à changer de guitare, agacé. Un peu plus tard, petite pause cigarette du leader qui semble en avoir gros sur la patate. On ne comprend pas bien si le roadie est le souffre douleur ou le confident, mais il se trame quelque chose. Avec la réputation d’Anton, et même si on sait bien que la violence physique n’est plus de la partie depuis belle lurette dans les concerts, on se rappelle aussi qu’il est capable de piques bien senties sur scène. Et ça ne loupe pas. Quelques titres plus tard, c’est au tour des guitaristes Ricky Maymi et Hákon Aðalsteinsson de subir les foudres du leader, avant que Joel Gion (appelez-le le pacificateur) n’apaise Anton d’un sourire et d’une tape sur l’épaule. Mais parce qu’il faut bien que la tension s’exprime, Anton Newcombe lâchera une jolie petite remarque à la technique de La Laiterie : “This place is good for DJs, not for live music”. C’est dit.
La musique du Brian Jonestown Massacre non plus
Du côté public, c’est l’esclaffe, avec le sentiment de retrouver toujours le même personnage au cours des années. On ne se formalise pas de cette sortie, parce que dans la salle, le son est bon (à défaut des lumières…). Et on sait bien que la Laiterie reste un très bel endroit où jouer du rock. Alors même si on n’aura droit à aucun rappel, ce sont deux heures de très bon rock qui nous ont enchantés, parsemées de nombreux titres anciens et cultes de la discographie du BJM, tels que “Who?”, “Servo”, “Wisdom”, ou “Devil May Care”. Avec eux, c’est toujours l’assurance d’entendre du très bon, de remuer en groupe et de se rêver percussionniste à la place de Joel. Et rien que pour ça, ça vaut toujours le coup de voir le Brian Jonestown Massacre en 2018.
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