Qui es-tu Thierry Larose ?
INTERVIEW – On a voulu en savoir plus du Québécois Thierry Larose, tout nouveau venu de la scène québécoise. Rencontre matinale avec un jeune artiste au talent indéniable.
Il a la coupe de cheveux de Nick Carter, un t-shirt La Patère rose et des Asics aux pieds. Thierry Larose n’a pas encore pris son petit-déjeuner lorsqu’il me rejoint, avec sa petite-amie Marianne au café Chez Roger et Denise un samedi matin. Son café préféré avoue-t-il rapidement. Celui-là même où il a tourné sa capsule pour les Francouvertes. Du Charles Aznavour et du Joe Dassin tournent en fond sonore, et les rayons de soleil traversent la vitrine. Une très belle journée de printemps sur Montréal.
C’est bien simple on ne sait quasiment rien de Thierry Larose, 21 ans, nouveau venu sur la scène musicale montréalaise. Il est né à Victoriaville, fait littéralement du kitchen-rock (ne lui parlez pas de folk) et il déménage tous les deux ans. Il est arrivé à Montréal l’été dernier pour un “stage étrange de rédaction publicitaire et commerciale en ligne”. Ce qu’il en a retenu ? “J’ai appris plein de mots et j’aime croire que ça m’a apporté pour la composition. Quand ça s’est terminé j’étais à Montréal donc c’était une bonne excuse pour vraiment me lancer. Et si jamais je frappe un mur, je peux aller refaire ma vie à Paris.”
En attendant, il a plein de petits jobs au cas où, et il écrit. “Je crois que j’écris une toune par jour. Plusieurs tounes se ressemblent, plusieurs sont mises de côté. J’essaie de ne garder que les meilleures. L’inspiration me prend souvent avant de m’endormir. Pour le moment ça coule beaucoup, je suis un peu frénétique et peu discipliné. À un moment donné ça va sans doute sécher… et là je deviendrai alcoolo.” Il rigole.
“Montréal est à la hauteur de mes attentes de petit garçon !”
Thierry Larose pourrait passer de prime abord pour un doux rêveur et blagueur. Enfin, juste à première vue. Il est très sérieux quant à ce qu’il souhaite accomplir. “Paris fait rêver le Québécois que je suis” me dit-il paisiblement. Pour les Gainsbourg et Birkin, et pour les films de Richard Linklater aussi. Même s’il se plaît beaucoup à Montréal. “J’avais une vision idéalisée de la musique à Montréal quand j’étais petit : j’imaginais tout ce que je vis en ce moment, c’est ça qui est fou. C’est à la hauteur de mes attentes de petit garçon !”
Forcément, je l’interroge sur les origines de cette passion pour la musique. D’emblée, il me dit que ça a toujours été là. “Quand j’étais petit je faisais de la musique et on m’appelait l’artiste de la famille. J’ai toujours eu la fibre.” Par la suite, en parallèle de ses études, il fait de plus en plus de spectacles. Mais c’est bien son installation à Montréal qui a été le point tournant, “t’as un peu l’impression d’être lâché dans le vide !”
Un vide vite comblé par sa rencontre avec Francis Baumans, son manager, bassiste et père spirituel à la fois. Celui avec qui tout a été lancé. Avant ce coup de foudre, “j’enregistrais des trucs compulsivement et je les mettais en ligne sur Soundcloud. C’était assez inégal, vraiment par intuition. Je ne pensais à rien, j’avais mes accords, mes paroles, je chantais hasardeusement…” Toutes ces démos-là ont été supprimées de sa page, un ménage de printemps pour tout reprendre de zéro, au propre. Pour préparer la venue du premier EP au printemps.
“Il est excellent !” s’exclame Thierry Larose, tout sourire. “Ça fait vraiment depuis longtemps qu’on est dessus, depuis octobre”, ajoute-t-il, impatient. Il y aura quatre chansons : “‘Cache-cou’ et ‘L’Île à 25’ sous sont plus calmos avec des guitares acoustiques et les deux autres seront un peu plus rock’n’roll”. Enregistré en quatre jours au studio Madame Wood, il ne manque plus que les textures qui seront ajoutées dans les prochaines semaines.
“J’aimerais sortir un album par année, mais au Québec on ne peut pas faire ça”, poursuit-il. “Il y a un facteur stratégique au choix des chansons car un premier EP c’est ta carte de visite. On va donc essayer de montrer toutes mes tricks”. Comme premier single et première vidéo, il a choisi la ballade “Cache-cou”, qui parle de bébé, me glisse-t-il. “C’est Marianne qui a fait mon clip. On l’a tourné à la bonne franquette avec les moyens du bord”. Marianne complète : “J’avais la caméra de ma boîte avec moi quand je suis allée rejoindre Thierry à Marieville. On l’a tourné à 1h du matin dans sa chambre d’enfance. Ses parents étaient partis en vacances”. Résultat, une vidéo intime et attendrissante, et un message privé de Safia Nolin pour le féliciter. Ce qui le rend très heureux.
Bad boy de la chanson empathique
La suite c’est d’abord les Francouvertes. D’ailleurs, il en a rêvé la nuit dernière. Il se battait avec Foisy un autre candidat, qu’il ne connaît d’ailleurs pas, et lui lançait une chaise d’ordinateur. “Je n’ai jamais entendu ce qu’il faisait, mais il a l’air très gentil…” s’amuse-t-il. “Je ne sais pas ce que Freud aurait à dire de mon rêve. Je pense que c’est parce qu’il plus bâti et plus musclé que moi. Ça doit être un complexe où je bas les plus grands que moi t’sais ! Foisy, je t’aime !” Et avec humour, Thierry conclue : “Si on me donne la réputation d’un bagarreur, ça va entrer en contradiction avec l’article d’Urbania où je passe pour un nounours. Maintenant je serai le bad boy de la chanson empathique !”
Après les Francouvertes, ça sera déjà le temps de l’album. Car l’EP est moins vendeur selon Thierry. Et il a plein de chansons en stock. “Pour faire une métaphore douteuse, l’EP c’est le ver de terre sur l’hameçon, ça attire. Et l’album c’est la bombe que tu lances dans le lac, puis tu rattrapes tous les poissons au filet.” Il n’a qu’une chanson de sortie, mais toute une actualité à venir. Thierry Larose jubile. “Ça m’a longtemps angoissé d’accumuler les chansons et de ne jamais le donner. Quand tu les sors, les gens se les approprient, et j’adore ça.” 2019 sera définitivement son année ? “Ma décennie !”
Thierry Larose sera en concert le lundi 11 mars au Cabaret du lion d’or dans le cadre des Francouvertes.