On y était: Piers Faccini à L’Epicerie Moderne
Vous l’avez senti, la semaine passée, les Rocknfoolettes étaient d’humeur morose, tout le monde l’était un peu, il y avait un truc dans l’air, une grippe du moral, un petit coup de moins bien, rien de bien grave mais voilà, on était bof… C’est donc les poches pleines de mouchoirs que je suis partie pour l’Epicerie Moderne, pour écouter un très beau folkeux: Piers Faccini. La 1e partie étant assurée par Chad VanGaalen, la probabilité de sortir de cette salle sans avoir ruiné mon maquillage était donc nulle !
Chad VanGaalen je connaissais un peu, déjà il est Canadien vivant à Calgary, donc à mes yeux il marque des points (?!), et sa musique est assez inclassable. Un peu folk, un peu pop planante, de l’authentique songwriting, son dernier album s’appelle Diaper Island… Voilà, voilà, ça a au moins le don d’être intrigant ! Certains morceaux m’avait plu, un peu dark, la guitare électrique sonnant limite faux parfois, d’autres m’avaient paru bruyants, mais j’étais en tout cas curieuse de le découvrir en live. Il arrive flanquer de son compère, 2 guitares, et on est partagé entre la beauté de certaines mélodies et le côté potache/scato du garçon lorsqu’il parle entre 2 chansons, voire le franc sourire amusé quand il entonne “Shave My Pussy”. J’étais venue en craignant que mon mascara ne me lâche, me voilà plutôt amusée et détendue, et assez séduite par cette 1e partie plus mélodieuse que prévue et surtout assez surprenante. Envoyez la suite je commence à me réchauffer !
Arrive donc l’italo-anglais au prénom venu du froid, le très attendu Piers Faccini. Personnellement, je n’ai découvert Piers qu’avec son 3e album Two Grains of Sand, album folk mais pas que. Il y a forcément du sang venu du sud qui coule dans les veines de ce Faccini, mais pas que d’Italie, trop facile, c’est tout l’orient, l’Afrique, et même un peu le blues du Mississipi qui viennent colorer cet album. La voix est une des plus belles de mon pod, et j’ai donc attendu avec impatience le nouvel album sorti en Septembre dernier, qu’il vient défendre ce soir: My Wilderness. Mon prof de guitare, amené avec moi pour l’occasion, preuve que l’on avait à faire à de la guitare virtuose ce soir, m’avait recommandé les 2 premiers albums plus folk épuré, et notamment le superbe Tearing Sky, qui ne me quitte plus depuis. Bref, Piers ne devait pas me décevoir…
Et bien ce concert m’a transporté ailleurs, m’a littéralement arraché de mon siège et de mon cafard lyonnais, m’a fait fermer les yeux pour mieux écouter, m’a soustraite au temps présent pour m’y redéposer ensuite, enfin réconciliée. Piers est humble alors qu’il est grandiose, un virtuose de la guitare, un poète à l’univers et aux mélodies sublimes. Il s’exprime dans un français parfait (il passe du temps en France depuis l’âge de 5 ans, vit actuellement dans les Cévennes), nous proposera même un morceau chaloupant en créole réunionnais ainsi qu’un chant traditionnel italien où sa douce voix sussurrante prendra une dimension de Figaro magistral ! Les morceaux se suivent dans une parfaite harmonie, les influences worldmusic sont là, tantôt nous bercent, tantôt nous font groover. On admire la technique aux instruments mais le propos n’est pas là, cela contribue juste à la beauté des morceaux.
Nous avons tous dansé et chanté sur le groove de “Your name no more”, “Tribe” et d’autres titres encore, dommage pour les mauvaises langues qui pensaient assister à un concert pour intellos folkeux! Moi j’attendais surtout “No Reply” dont le violoncelle à la première écoute de l’album, m’avait forcé à interrompre ce que j’étais en train de faire, tellement l’émotion qui en émane était forte. J’ai découvert depuis que CE violoncelle là est celui de Vincent Segal, il n’y a donc pas de hasard… Sur scène le morceau fut sublime, les paroles sont sombres “in the silence I heard my reply and no one will ever no why” mais non, toujours pas d’apitoiement larmoyant, bien au contraire … Nous sommes sortis du concert franchement heureux et intarissables sur le talent du touche-à-tout-influence-tout Piers . Je garde mes mouchoirs pour un autre, merci Piers pour ce réparateur baume au coeur…
Math