“Resurgam”, nouvelle mue réussie pour Fink

CHRONIQUE – Dans les bonnes nouvelles de ce mois de septembre il y a eu le retour sans fanfare et flonflon de Fink, avec “Resurgam” nouvel album aussi intense que délicat.

Resurgam est un mot intrigant, d’origine latine, plutôt parfait pour un titre d’album, il faut le reconnaître. Cela signifie en anglais dans le texte : I shall rise again. Le ton est donc donné, cet album est celui de la résurrection, de la renaissance, le phénix qui renaît de ses cendres. Sauf que cela vient d’un groupe qui n’était pas mort du tout, dont les cendres étaient encore des braises très rougissantes et que là c’est l’incendie !

“Resurgam” est le premier titre de l’album et a été visiblement conçu pour être un vrai chapitre d’introduction. Un morceau construit “à la Fink”, des percussions tribales, lentes, un gimmick au piano et des chœurs en fond intrigants, puis s’y greffent les cymbales, la voix du maître… Et après cette mise en place mystérieuse : la lumière. 8,33 minutes de préliminaires, vous êtes détendus, dans l’ambiance, prêts à recevoir la suite. Arrive donc “Day 22”, funky, chaloupant et cajolant dans un premier temps, “let’s go do this again”, oui, très volontiers… Pour finir avec une guitare explosive. On est donc définitivement dans un album de genre, avec tous ses codes, “le genre Fink”, qui vient te séduire délicatement pour ensuite t’emmener à son climax.

Des titres introspectifs, puis LES pépites inlachables

Chaque album porte son tube (ou ses tubes, si on est chanceux), ce morceau au refrain plus chantable, à la mélodie marquante. Nous vous l’avions déjà dit à sa sortie, “Cracks Appear” sera donc ce hit. Celui qui rendra le public fou dès ses premières notes, pour lequel le groupe nous emmènera loin dans l’extase. Chez Fink il y a donc toujours ce titre qui vous embarque plus que les autres, et puis il y a aussi la pépite dépouillée. Par le passé ce fut par exemple “If Only” sur Distance and Time, ou encore “Keep Falling” pour Hard Believer, ici c’est “Not Everything Was Better in The Past”. La guitare se fait plus folk et acoustique, les paroles déjà toujours très poétiques deviennent plus touchantes et personnelles.

Il est souvent question chez Fink d’amour et de ses complications bien sûr, mais aussi de nostalgie et de comment elle doit être appréhendée positivement. Ils nous ont déjà dit par le passé “yesterday was hard on all of us” donc allez courage, pas d’apitoiement. Ici “Just a memory, then suddenly tears come rolling down, babe don’t worry, just remembering, not everything was better in the past”… On se sent tous parfois rattaché au passé, on l’idéalise, mais le meilleur est toujours à venir. Donc pour ceux qui reprochent au groupe ses sonorités parfois à limite du dépressif, écoutez mieux, il y a beaucoup d’espoir et de bienveillance dans Resurgam.

Un groupe d’âge mûr mais résolument tourné vers demain

C’est effectivement le message qui accompagne la sortie de Resurgam. Le groupe a pris beaucoup de plaisir à l’écrire sur la route, il est d’ailleurs souvent le résultat de sessions de jam enjouées et ludiques ! Bien sûr on est loin d’une pop acidulée et sautillante, cela n’a jamais été l’univers de ces vieux routards et ce n’est pas ce que l’on vient chercher chez eux. Mais malgré des thèmes parfois sombres, des sonorités trip-hop, dark, des titres folk ultra-doux, l’ensemble est extrêmement lumineux, positif, souriant, voluptueux.

Qui peut résister au rythme d’un “Godhead” et ne pas se mettre à dodeliner de la tête ? Comment ne pas accepter l’invitation au voyage introspectif et planant de “Covering Your Tracks” ? Ou encore terminer l’écoute de l’album avec “There’s Just Something About You” et sourire en prenant le compliment pour soi… C’est un album très intime et personnel, cela se sent et s’apprécie. Ils en sont très fiers et ont déjà pris la route de l’Europe pour venir nous le présenter, nous serons plus que jamais au rendez-vous. Même si ce n’est pas notre titre préféré, découvrez Fink en live (car il le faut !) avec “This Isn’t A Mistake”.

En concert le 31 octobre au Radiant à Caluire, le 10 novembre à La Cigale à Paris, le 11 au Grand Mix à Tourcoing.

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