Ibeyi sur scène : un concert de classe internationale

LIVE REPORT – Pour son 2e album, Ibeyi gratifie la France de quelques dates avant de reprendre leur voyage mondial. Savoureux.

Rappel des faits. Ibeyi, c’est ce duo composé de deux jumelles, Lisa-Kaindé et Naomi Diaz, qui a littéralement explosé il y a deux ans, à la sortie de leur premier album éponyme. Françaises aux origines cubaines et vénézuéliennes, les petites sont prédestinées à la musique, entourées d’une mère manageuse et d’un père membre du Buena Vista Social Club. C’était écrit, elles avaient la fibre musicale en héritage. Et même Beyoncé, Chanel et Adele le disent.

Aujourd’hui, avec la sortie de leur 2e long, Ash, elles ne font que confirmer l’évidence : elles sont faites pour ça. Et ça saute aux yeux en live, comme à Strasbourg jeudi dernier. En combinaison “Orange Is The New Black”, elles apparaissent au milieu de panneaux stores (décorés des photos du duo par l’artiste JF), et entament le show a capella. Le ton est donné. Elles s’installent ensuite derrière leurs instruments et déroulent une petite vingtaine de titres, dont une majorité de nouveaux, forcément. Difficile d’expliquer ce qu’il se passe sur scène avec ces deux-là. Les échanges de regards, les voix qui s’entremêlent, les énergies complémentaires… La fusion des jeunes femmes crée une énorme bulle dans laquelle elles vont parvenir, très simplement, à nous inclure, à coup de sourires et d’invitations à chanter et de beats ensorcelants.

Le feu qui couve sous un cajón

Car là se trouve toute la magie d’Ibeyi. Derrière son piano, Lisa-Kaindé semble être la douceur, la légèreté, la caution classique et soul du duo, pendant que Naomi transmet une énergie toute différente. Elle est le feu qui couve sur son cajón, et qui explose sur ses autres percussions. Mi-boxeuse, mi-danseuse quand elle parcourt la scène en nous invitant à la suivre, elle insuffle le côté reggaeton, et à deux, elles créent cet musique totalement hybride et universelle. Un métissage qu’on retrouve au plus profond des langues utilisées, puisque français, anglais et magnifique yoruba, cette langue que les esclaves ont amenée avec eux à travers l’Atlantique, se mêlent.

Mais le plus incroyable peut-être avec Ibeyi, ce sont les valeurs qui transpirent du duo. Relier passé et présent (“Exhibit Diaz”). Rassembler les continents par leur seule musique. Dénoncer les discriminations (“Deathless”). Placer la famille avant tout (“I Wanna Be Like You” écrite par Lisa-Kaindé pour sa soeur, la berceuse “Valé” pour leur nièce…). Alors quand à la fin du tubesque “The River”, entonnée à l’unisson, on sort du concert d’Ibeyi, on ne peut que s’incliner devant elles. Beauté, grâce, élégance, intelligence, honnêteté. Leur musique a tout. Et quelle fierté peut-être un peu, de se dire que, pour une fois, c’est un groupe français de cette valeur qui s’exporte. Merci Ibeyi.

En concert à Nantes le 12 octobre, à Montréal le 6 novembre, à Paris le 24 novembre puis partout en France en mars.

 

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