Les histoires de Monsieur Louis : Grizzly, c’est vraiment lui
C’est l’hiver. Il fait très froid au dehors, le thérmomètre affiche moins six degré mais six blogueurs ont trouvé la force de braver les températures glaciales pour se rendre dans un étrange studio niché en plein milieu d’une maison: un véritable musée où les guitares, câbles électriques et dessins d’enfants se mélangent. Chut, il ne faut pas le dire trop fort, mais ils sont dans l’antre de Louis Bertignac, cette légende vivante du rock français. Cheveux grisonnants, et le regard bienveillant, l’homme le temps d’une soirée a accepté d’ouvrir les portes de son jardin secret, et de raconter à ses parfaits inconnus comment il a conçu son dernier album. C’est assis à même le sol, une cigarette à la main qu’il raconte l’histoire de Grizzly. Les yeux pétillants, les six blogueurs écoutent religieusement le maître. Tous sont suspendus à ses lèvres, comme des petits enfants écoutant les histoires d’un Papa Rockeur. L’histoire ne commence pas par un “il était une fois”, mais par un “Tout connement”…
“Tout connement raconte Louis Bertignac, je suis allé au concert de Prince, au Grand Palais. Cela n’a rien à voir avec Prince, mais la-bas, j’ai revu Martin Messonier, un mec que je croisais souvent. Ça fait pas mal d’années que je le connais. Je lui demande un peu timidement, s’il accepterait d’écouter mon album. Il l’écoute, et me dit très clairement, “c’est bien mais c’est pas ce que j’attends de toi : t’es guitariste, moi j’attends de toi un album avec plein de riffs de guitare, que des riffs et des solos partout“. J’y réfléchis pendant quelques jours, ça me trotte dans la tête, et au bout de trois jours je me dis que c’est une évidence. On avait une tournée de programmer au Brésil, avec quelque chose comme 4 concerts en 25 jours, on ne passait pas par les grandes villes comme Rio, du coup j’avais le temps de m’emmerder. J’ai pris une guitare, et je me suis demandé si j’étais capable d’en sortir des riffs, après tout j’avais jamais fait ça. Et puis je me rends compte que oui, et que j’en avais plein, c’était comme si j’étais frustré de ne pas les avoir sortis depuis tout ce temps. Je les enregistrais alors sur mon téléphone et je les envoyais à Martin par Skype pour lui demander ce qu’il en pensait : “Louis, c’est exactement ça que j’attends de toi. Ça va être une tuerie”. Je commence donc à travailler sérieusement, à les maquetter, j’ajoute des boîtes à rythmes, je chante quelques paroles en yaourt. J’envoie de nouveau le tout à Martin, qui me dit qu’il faut que j’ajoute un peu de saturation. Au fil du temps ça commence à avoir vraiment de la gueule. Une fois que tout était près, c’est-à-dire environ un mois après on se dit que Martin c’est le réalisateur de l’album. Il avait déjà tout fait. Il me dit “allons voir Boris Bergman, c’est le mec qu’il te faut pour tes chansons”. On va le voir et on lui fait écouter, il aime, il se met à bosser immédiatement et m’envoie deux trois textes par semaines. Je les apprends, je remplace mon yaourt, et c’est là que Martin me dit “bon eh bien, on va rentrer en studio, on est prêts“. On avait déjà un batteur en tête, un bassiste aussi. Tout baigne alors ! On rentre en studio, alors qu’on n’avait même pas répété. On ne prend que deux jours. Moi bêtement, je me dis qu’en deux jours on aura à peine le temps d’installer le matos… On loue le samedi et le dimanche. On commence par 22m²… puis une autre, puis une autre. Et tout se passe comme sur des roulettes. Martin m’a dit de tout apprendre par cœur, parce qu’il fallait tout faire en une seule prise. On jouait comme si on jouait en live, je disais juste à quel moment il y avait des solos. Et puis le dimanche midi c’était fini. L’après-midi, j’ai bidouillé un peu, mais le dimanche soir on avait l’album…”
L’album Grizzly, puisque c’est de ce dernier qu’il s’agit, Monsieur Louis l’a fait écouter auparavant aux six blogueurs. A les voir secouer la tête et taper des pieds, ils ont dû tous l’apprécier. Mais, tous ont été surpris d’une chose: c’est du virage qu’a emprunté le musicien. Les guitares sont-là et sont saturées, les rythmes s’emballent, et le rock se fait blues. Les solos et les riffs, comme monsieur Louis nous a expliqué sont la moelle épinière de cet album.
Et comme il confie aux blogueurs, maintenant qu’il a découvert qu’il savait faire tout plein de riffs, qu’il était hors de question de revenir en arrière. Vous vous demander ce qui est arrivé à l’album qu’il avait fait écouter à Martin ? Aux oubliettes, “il ne sortira qu’après sa mort. Ce sera l’héritage de mes filles“…
Grizzly sortira le 14 mars prochain, et un premier clip celui de 22m² inondera bientôt les écrans de télévision. Mais ça, c’est une autre histoire…