Interview : Brigitte

Brigitte a fait une entrée fracassante sur la scène musicale avec sa reprise sexy de Ma Benz. Duo intemporel et inclassable aux influences multiples, les deux filles soufflent un vent de fraîcheur et de girl power dans la chanson française. Rencontre avec Aurélie, l’une des Brigitte.

 1/ Le style musical de Brigitte repose sur un mélange des genres, comment peut-on vous définir ?

On n’a pas voulu choisir de chapelle musicale. On était d’accord sur le fait qu’on avait une culture assez large, Sylvie et moi, et on avait envie de le faire transparaître dans notre musique. On ne se classe pas, c’est les gens qui auront envie de nous classer, mais c’est vrai qu’ils galèrent un peu. On a tellement d’influences qu’on est difficiles à définir. Brigitte, c’est un projet qui nous ressemble, on se reconnaît dedans. C’était très spontané, et très libre. D’ailleurs, notre label n’a jamais mis aucune barrière à nos envies, même après nous avoir signées. On avait déjà notre E.P. et nos trois clips qu’on avait produits de notre côté. C’est vrai qu’on nous a laissé faire, en nous disant : « OK les filles, vous avez une recette à vous, continuez à faire ce que vous faisiez. » Donc, c’était plutôt super pour nous parce qu’on se sent très libres dans ce projet.

2/ Les paroles de vos chansons sont très féministes, comment les concevez-vous ?

On s’inspire de nos vies réelles, passées ou fantasmées. En fait, on ne s’est pas tellement posé la question de savoir si ce serait un album féminin, mais c’est vrai qu’a posteriori on nous dit qu’il l’est. Nous, on a surtout écrit des chansons qu’on avait envie d’écrire et on a essayé de se faire plaisir. On fait tout ensemble, musique et paroles, on écrit à quatre mains, sur la table de la salle à manger, avec les mômes qui courent autour de nous.

3/ Quand on vous écoute, ou même quand on vous regarde, on sent une influence seventies, vous inspirez-vous de cette époque ?

Pas uniquement. En fait, on est aussi touchées par le jazz des années 1950, les harmonies de voix très prisées dans les années 1940, on est aussi influencées par la musique classique. Je pense à Tchaïkovski, à la musique médiévale, au disco, aux musiques tribales africaines. On n’a pas vraiment de périodes de prédilection. Alors bien sûr, les robes à paillettes et les grandes lunettes font très années 70, mais les grandes robes à paillettes, on en portait aussi dans les années 50-60, dans les années disco, dans les films de Jacques Demy – je pense aux Demoiselles de Rochefort, qui est une référence. Et puis, dans les années 1960-70, il y avait une sorte de folie, une légèreté libertine, c’est peut-être ça qui nous en rapproche. Je ne sais pas si c’est la musique de Brigitte à proprement parler qui évoque les seventies, ou plutôt l’imagerie.

4/ L’image est d’ailleurs très importante dans le projet…

Beaucoup. On a tout de suite travaillé à la fois sur les chansons et l’aspect visuel. On a très vite réalisé des clips, travaillé l’image, les photos, la filmographie. Puis, là aussi on a fait tout ce qu’on a voulu faire. Pour les illustrations pour la pochette, on a travaillé sur des choses qu’on avait vues au musée d’Orsay dans une exposition sur l’art nouveau et qui nous plaisaient beaucoup, du coup on avait envie d’une pochette qui y ressemble. Pour le clip de Ma Benz, on s’est inspirées du cinéma : on avait envie d’une femme mûre, d’un décor un peu new-yorkais. Pour La Vengeance d’une louve, on voulait quelque chose de plus utopique, désertique et à la fois trash. Donc oui, il y a toujours un vrai travail sur l’image. Quand on écrit nos chansons, on réfléchit beaucoup autour de nos références cinématographiques, on en a beaucoup toutes les deux, du coup c’est assez facile de travailler sur l’image.

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  Par Sabine Bouchoul (pour le magazine Pili Pili)