On a écouté : Mama d’Emily Wells
J’ai découvert Emily Wells en première partie de Kurt Vile, dans une salle (forcément) à moitié vide qu’elle avait pourtant réussi à conquérir facilement. Bonne petite baffe inattendue, je me suis donc senti obligé de lui prendre un album en sortant. Une courte expression de surprise puis un franc (et irrésistible) sourire plus tard, j’avais le disque entre les mains.
Pas évident de la faire rentrer dans une case, ou alors avec un alignement d’étiquettes tellement long qu’il en sera ridicule. Allez j’essaie : électro/folk/hip-hop/soul/americana, mouais, c’est pas vraiment convaincant. On va essayer autrement, prenez un beat hip-hop, un ou deux synthés, et rajoutez un empilement de voix, vous voyez le truc ? Ok maintenant, ajoutez-y un violon, un mélodica et un xylophone. Je crois que vous commencez à vous perdre et il est temps de claquer une vidéo.
Ah oui, je n’avais pas prévenu pour ne pas vous embrouiller plus que ça, mais comme son nom l’indique, Emily Wells est seule sur scène (comme sur disque), mais joue quand même de tout (et en même temps). On assiste donc à une lente construction des titres, à base de boucles, de boites à rythmes, de doublage de voix… On pense un peu à Nosfell et pas mal à Owen Pallett, mais Emilly Wells à clairement sa propre identité et Mama l’affirme haut et fort.
Tous ces sons, toutes ces influences se fondent pour donner quelque chose de cohérent et d’unique, de sensuel, de maternel (le titre n’est innocent) et on se laisse rapidement porter et envelopper par cette musique chaude et enivrante. Qu’elle soit grave (“Let Your Guard Down”, “Fire Song”), ou presque joyeuse (“Johnny Cash’s Mama’s House”), chantée (“Mama’s Gonna Give You Love”) ou parlée et dépouillée (“No Good”), voir même instrumentale (euh… bah “Instrumental”), la musique d’Emily Wells est toujours au pire, excellente, au mieux, magnifique. Un album qui n’a l’air de rien, mais qui contient de véritables pépites qui à chaque écoute dévoilent de nouvelles facettes, le tout étant souligné par une prod’ presque irréprochable qui donne un très bon relief au disque. En y revenant semaine après semaine, je me dis que des découvertes de ce calibre, j’en ferais bien tout les jours.
Petit bonus pour nous européens qui la découvrons avec Mama, l’album est accompagné de son double acoustique. On retrouve donc 9 des 10 titres de l’album ainsi qu’un inédit, “Los Angeles”, en version murmurée, accompagné de quelques arpèges. La différence avec la version électrique où les couches s’empilent est fascinante. Ces versions mises à nue ont leur propre charme, et l’idéal est encore de leur donner leur chance en les écoutant séparément de l’album afin d’éviter l’overdose et les comparaisons trop hâtives.
En écoute, l’album, puis l’acoustique :
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