On a lu : “Le Sourire de Rose” (éd. Casterman/Arte)
Montréal. La neige tombe en doux flocons charnus. Desmond, un jeune homme un peu loseur, un peu paumé, vient chercher son fils, Théo, à l’école. C’est son tour d’y aller. Trop tard lui dit-on, la maman est déjà passée. La garce. Agacé, et en colère contre son ex-femme qui tente, selon lui, de l’éloigner de son fils, il réussit à se faire convaincre pathétiquement par la surveillante qui a gaffé de ne pas aller en parler à la directrice. Le voilà sorti, fulminant, quand les marches glissantes le font chuter de l’escalier. Étendu sur le dos, la nostalgie l’envahit, lorsque la photo de Théo qu’il avait sorti de son portefeuille s’envole.
C’est cette photo d’un mignon petit garçon blond qui va être le déclencheur de cette histoire tragi-comique. Une rencontre d’abord, avec Rose qui donne son nom au roman graphique, jeune femme mystérieuse qui jaillit d’un coin de rue dans la vie de Desmond et de Théo. Le souci ? Rose est cleptomane. Elle vole des petites choses un peu partout où elle va. Ajoutons à cela qu’elle présente, selon elle, un danger. Difficile de continuer à vous en parler sans vous raconter cette courte histoire. Car le petit défaut – majeur – de ce roman graphique, c’est son scénario un peu simpliste, pas très profond, notamment au niveau des quelques personnages qui gravitent autour du duo Desmond-Rose.
C’est simple, dirons-nous. Cela-dit, ce bel ouvrage ne fait que 102 pages, avec un graphisme ultra soigné. C’est d’ailleurs ce qui permet d’apporter un certain élan au scénario, de nous donner, mine de rien, l’envie de le lire en entier. Il n’y a, à proprement parlé, pas de cases. En effet c’est par les couleurs franches de l’aquarelle Le Sourire de Rose est sublimé, et on avoue qu’elle est pour beaucoup dans l’intérêt que présente sa lecture. Ainsi certaines cases de paysages urbains sont justes somptueuses. Toute l’ambiance pesante qui renferme cette histoire y transite. Une lecture confortable pour un roman graphique plaisant, qui a le mérite de nous faire rire, avant de nous emporter dans un univers polar auquel on ne s’attendait pas une seule seconde.
Le Sourire de Rose de Sacha Goerg, Casterman/Arte Éditions, coll. Professeur Cyclope, 2014, 17 €.