Beauregard 2015 : Django Django, Asaf Avidan, Benjamin Clementine, Etienne Daho
ON Y ÉTAIT – Dear John, ce matin l’air était plutôt humide, l’atmosphère plutôt morose, mais dès que les premiers concerts de la journée ont commencé, le soleil s’est levé et les festivaliers sont arrivés. Nous on a essayé de faire notre deuil de George Ezra, prévu ce dimanche, qui a finalement annulé son concert à Hérouville. En tout cas, on voulait te remercier pour ton accueil, ton cadre bucolique, tes petits stands de restaurations originaux, ta super organisation et programmation, et ton ambiance chaleureuse. Parce que John, on va te dire un secret : tu es bel et bien le best festival qu’on ait jamais fait.
Django Django
Je n’avais jamais vu Django Django en concert, dont je n’apprécie pas tout le répertoire. Les Londoniens dans l’ensemble, ont livré un set plutôt statique qui aurait gagné à être développé scéniquement. On les a sentis sur la retenue pendant une grosse moitié de leur performance, tandis que le retour du son au public n’était pas des mieux réalisé : basses très fortes (bon ça encore ça passe), et voix en sourdine, empêchant ainsi l’enthousiasme de nous gagner sur les harmonies des garçons. En revanche le public semble avoir largement apprécié le concert des Django² dont le dansant First Light.
Asaf Avidan
The DIVA is back. On n’avait pas encore eu notre shoot d’Asaf pour l’été, nous voilà satisfaites. Monsieur débarque sur la grande scène après une intro musicale jazzy, qu’il viendra agrémenter d’un scat expressif et enjoué. Il interprétera peu de chansons de Gold Shadow, son dernier album, sans doute contraint par les exigences du public en festival, peu enclin aux douces balades et à la mélancolie post-rupture. Dommage. En tout cas Asaf, accompagné par ses musiciens a nullement manqué à ses obligations : petit poème en français déclamé juste avant Conspiracy Visions of Gomorrah, duel de solos de guitare vs voix, Reckoning Song en guitare-voix puis en version poumpoumptcha pour le plus grand plaisir du public, dont la plupart (pour ne pas dire les 3/4) ne connaissait/n’était venu que pour cette chanson). Déprimant sur les bords. On gardera en mémoire le sourire radieux du chanteur venant saluer avec tous ses musiciens en avant-scène.
Benjamin Clementine
Pas facile de poursuivre dans la veine de l’énergie nerveuse de l’Israélien quand d ‘apparence on est frappé par la nonchalance de Benjamin Clementine, que peu connaissent. Pourtant le talent de l’artiste atteint forcément chaque âme dotée d’un peu de jugeote. Violoncelle, batterie et claviers entourent l’Anglais, juché sur un tabouret haut devant un piano à queue, position qu’il tiendra tout du long. Pieds nus, vêtu d’une sorte de peignoir chic, Benjamin Clementine est éblouissant de majestuosité. Il osera même le piano-voix à plusieurs reprises, notamment sur les fabuleux London et Cornerstone, qui nous ont inéluctablement dressés les poils. Sa musique est extraordinaire, monumentale même, et je ne te parle pas de son grain de voix somptueux. Cela étant dit et établi, je conçois que son set n’était peut-être pas la meilleure option de programmation, en plein entre Asaf Avidan et Etienne Daho. On regrette le peu d’attention de la foule vis-à-vis de cet artiste, déjà inscrit dans le panthéon des musiciens les plus doués du siècle.
Etienne Daho
Le top des influences musicales chez de (très) nombreux artistes émergents de la scène française ces derniers temps. Papa Daho est content d’être là, face à une foule plutôt nombreuse, venue écouter Week-end à Rome, Comme un Boomerang, Tombé pour la France, Le Premier jour du reste de ta vie… et toutes ces chansons qui ont bercé nos enfances-jeunesses-adolescences-vies, dans les auto-radios et vinyles de papa-maman. Si au premier abord on a presque la sensation d’entendre les versions studios, on se ravise et on décide d’opter pour un effet réverb-son du micro à fond, tant la voix du chanteur est nickel et maîtrisée. Bonne ambiance, tous les âges se côtoient dans la fosse, c’est le concert de la réconciliation des générations.
Texte et photos : Emma Shindo