On a lu : “Un amour exemplaire” de Pennac/Cestac (éd. Dargaud)
Bon, je te plante le décor, l’arrière-pays niçois, La Colle-sur-Loup, en face de Saint-Paul-de-Vence. Chez ma grand-père, sous la tonnelle, un terrain de pétanque… une brochette de sexagénaires est en pleine partie… À côté de la tonnelle, il y a un platane. Il a poussé au milieu d’un court de tennis au rancard. C’est là que ces dames boivent leur thé. Et c’est là que date mon premier souvenir de Jean et Germaine.
Daniel Pennac qui raconte une histoire c’est toujours quelque chose. Le ton est enjoué et sans chichis. C’est drôle et touchant. Pennac raconte cette histoire à son amie Florence Cestac lors d’un déjeuner dans une brasserie. Cestac tu connais sûrement si tu as lu le Journal de Mickey quand tu étais petit : la famille Déblok c’est elle. Ses dessins particuliers, plutôt grossiers, avec ces personnages parfois difficiles à différencier. Mais on s’y fait. On peut avoir du mal, mais souvent on s’habitue. Pennac lui raconte ce souvenir qui lui tient à coeur, il veut qu’elle dessine cette histoire d’amour exemplaire entre Jean et Germaine, un couple décalé, différent, moderne, qu’il a aimé lorsqu’il était petit. Une rencontre qui l’a marqué, et à laquelle il tient énormément. L’histoire d’un couple improbable dans un petit village du sud de la France, qui fait jaser, et que le petit Daniel va révéler.
Jean est laid, plutôt grand, un nez en quart de brie, triche aux cartes, et vit de petits métiers originaux, notamment de ses talents de ventriloque. Germaine est très franche, mauvaise cuisinière, souriante, ancienne couturière, fille de chiffoniers, contrairement à Jean d’abord promis à la fille du roi d’Alsace par ses marquis de parents. Mais il a choisi Germaine pour faire catleya selon Proust (je ne te dis pas pourquoi ni comment hein !) et a dû renoncer aux deniers de ses parents furax qui le déshéritent… sauf de ses centaines de livres (éditions originales !) que Jean conservera toute sa vie (et dont il se servira pour subvenir à leurs besoins). Le reste de leur vie, je ne peux pas te le raconter, il faut le lire à travers les yeux du petit Daniel, fasciné, qui trouve auprès de ces deux énergumènes réconfort, savoir, et affection.
Une bande-dessinée légère, mais fine, qui raconte une banalité aux yeux de certains, un petit bonheur, une douceur pour d’autres. Un pansement au cœur.
Un amour exemplaire, de Florence Cestac et Daniel Pennac, éd. Dargaud, 14,99€