Nathaniel Rateliff : “C’est dur quand un public te regarde en chien de faïence”
INTERVIEW – On a rendez-vous Nathaniel Rateliff quelques heures avant son premier concert au MaMA avec The Night Sweats, son groupe de six musicos. Son nouveau projet soul est remarquable de simplicité et de classe. Tout comme le monsieur que l’on rencontre dans le hall d’un hôtel vers Pigalle, regard perçant, voix profonde, c’est parti pour un vrai ou faux, sans langue de bois.
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Rocknfool : Avant de partir en tournée avec les Night Sweats, tu avais un projet en solo. Vrai ou faux : plus on est de fous, plus on rit ?
Nathaniel Rateliff : Je dirais que c’est vrai, pour le moment. C’est plus fun de jouer avec un grand groupe, même si quand j’étais en solo j’avais 4-5 personnes avec moi, dont certaines sont encore avec moi en fait. Mais parfois quand tu es trop entouré, c’est dur de garder ses repères, de trouver sa place.
Tu es déjà venu jouer à Paris, mais jamais avec ton groupe, c’est une première. Vrai ou faux, le public parisien est coincé et un peu morne ?
Je ne sais pas… ça ne peut pas être pire que les Allemands ! Non je rigole. Ils apprécient peut-être la musique mais ne bougent pas d’un poil. Sérieusement je ne peux pas te dire si c’est vrai ou faux, car avant je jouais tout seul, le public s’asseyait et écoutait, c’était parfait comme ça. Mais je n’ai jamais joué avec ce groupe ici, pour le moment. C’est vrai que c’est plus dur quand le public ne danse pas et reste les bras croisés à te regarder en chiens de faïence, c’est plus agréable d’avoir des personnes qui te renvoient ton énergie.
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In Memory of Loss, ton album précédent en solo était plus dans la veine de Bon Iver, Iron & Wine que d’Ottis Redding. Vrai ou faux, la musique mélancolique c’est so 2010 ?
Vrai je pense. J’adore toujours la musique folk, les songwriters… Mais ce que je suis en train de te dire, tous les songwriters te le diront de la musique que je fais, l’année prochaine, et ainsi de suite.
L’électro a envahi les ondes, il y en a partout ! Vrai ou faux, pour leur bien, et pour leur santé, les gens devrait écouter plus de bonne musique rétro, à la place d’une musique faite par des ordinateurs ?
VRAI ! Je n’aime pas vraiment l’électro. Ce n’est pas franchement ce que j’écoute. Après ce n’est pas que l’électro, beaucoup de personnes écoutent de la mauvaise musique pop aussi. Ils ne doivent prendre le temps de réfléchir à ce qu’ils pourraient écouter d’autre. Je pense que le problème ne vient pas que des stations de radio. Certains jeunes semblent réellement apprécier la combinaison drogues et électro. Alors que dans les années 1960 et 1970, les jeunes prenaient aussi des drogues, mais écoutaient de la bonne musique (sourire).
Tu as dit dans une interview qu’en studio tu n’étais pas à la recherche de la perfection. Vrai ou faux, les tournées et les concerts en live sont tout ce qu’un artiste recherche ; le studio serait juste un moyen de partir de tournée ?
J’adore enregistrer en studio ! Je ne sais pas en fait… Faux sans doute, car ce sont vraiment deux choses différentes. Tu dois faire une tournée pour retourner en studio, et tu dois aller en studio pour repartir en tournée. J’aime enregistrer, mais j’aime également jouer en face d’un public. J’aime les deux, au même niveau, pour ce que cela apporte.
Tu te confesses beaucoup dans tes paroles. Vrai ou faux, écrire un album c’est un moyen de laisser une trace, un témoignage de son expérience aux futures générations… une sorte de pénitence ?
Vrai je crois, car c’est un moyen d’exprimer quelque chose. Peut-être pas aux futures générations, mais pour soi-même, et pour ses proches. Quand tu écris quelque chose de personnel, sur le moment tu ne t’en rends pas forcément compte, jusqu’à ce que quelques temps plus tard tu te dises “merde j’en ai beaucoup dit” !
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Du coup, vrai ou faux, la religion et la musique est un combinaison gagnante ?
Oh non, la religion c’est horrible ! J’ai grandi en allant à l’église, mais je ne suis pas croyant du tout, je ne l’ai pas été depuis des années. Je ne suis même pas un peu spirituel (rires). Il y a certaines choses que j’apprécie cependant, comme Alan Watts, Joseph Campbell… Je suis tellement occupé avec cet album que je n’ai pas le temps de méditer… Et je dois avouer que je ne suis pas très intéressé par les dogmes, la peur, la culpabilité, ce genre de choses.
Vrai ou faux, le chagrin, le désespoir et la douleur sont des sujets sur lesquelles il est bien plus facile d’écrire que la joie, le bonheur… ?
Vrai ! Qui est heureux ? (sourire).
Certains vedettes pop ont l’air de l’être !
Elles écrivent des chansons sur elles alors (rires). Ce qui est dur c’est d’écrire des chansons. Mais c’est plus facile d’écrire sur ce qui est vrai et sincère pour toi.
J’ai entendu que tu étais un grand amateur de whisky. Vrai ou faux, le whisky est la boisson préférée de tous les bons musiciens ?
Vrai… pour toutes les personnes que je connais ! (rires). Je ne connais pas grand monde qui boit de la vodka (sourire). Je suis sûr que Léonard Cohen boit du whisky, il ne m’a pas l’air d’être un type à vodka ! Une amie à moi qui travaille dans un bar d’hôtel m’a raconté que Nick Cave avait bu du whisky sour toute la soirée, donc ça pourrait venir confirmer cette thèse !
Propos recueillis par Emma Shindo