On a écouté : “Everything You’ve Come to Expect” des Last Shadow Puppets
Huit ans déjà que The Last Shadow Puppets nous ont livré leur premier album. Difficile à croire que ces sales gosses aient mis autant de temps avant de nous re-séduire, avant d’entremêler à nouveau leurs deux talents de génie. Car The Age of The Understatement demeure encore aujourd’hui dans le classement des meilleurs albums de tous les temps, en toute objectivité. Paroles et mélodies aux références Gainsbouriennes mais à la signature pourtant déjà ultra affirmée, Turner et Kane du haut de leurs 19 ans créaient un style unique et époustouflant.
Longue attente donc que ces huit ans à patienter pour vibrer à nouveau. Chacun des deux affreux a continué son chemin brillamment, Miles Kane en solo et Alex Turner au sein des Arctic Monkeys, dont le succès est devenu entre temps littérement colossal. The Last Shadow Puppets est supposément un side project, mais en aucun cas une promotion au rabais ou une proposition à la légère ! Nous nous sommes épargnées la lecture des articles polémiques autour des frasques des deux lads en jogging Adidas, car oui, il est parfois difficile d’imaginer que ces deux types aux poses misogynes et à l’humour douteux puissent être les talentueux géniteurs de Everything You’ve Come to Expect.
Cet album commence sur “Aviation” qui semble être le trait d’union entre le nouveau et le précédent album. Les cordes, le rythme haletant, la basse omni-présente, les harmonies parfaites de leurs voix, la mélodie cinématographique, on est dans l’ADN même du groupe. Et puis l’ambiance se détend titre après titre, le rythme se calme, la sensualité devient indécente, nos deux acolytes ne sont plus des adolescents et sont bien décidés à le faire savoir. On imagine leurs hanches chaloupant sur scène à l’interprétation de “Dracula Teeth”. “Everything You’ve Come To Expect” sonne comme une évidence, oh que oui, vous nous proposez là précisément ce que l’on attendait et vous nous soufflez une bien belle promesse de plaisir…
Même si les références et les influences prestigieuses sont tout aussi nombreuses que dans le premier opus, Bowie en tête selon les intéressés eux-mêmes, ici on est tourné vers l’avenir et vers un son toujours plus moderne. Turner a appris de ces deux derniers albums avec les Arctic, et clairement leur ombre plane sur plusieurs titres, “Used To Be My Girl” notamment, ou encore “Pattern” sorte de cousin germain de “Snap Out Of It”. Pour les nostalgiques on vous rassure, la touche London Vintage est toujours là. “She Does The Wood” pourrait même être la BO du prochain James Bond, fermez les yeux à l’écoute et vous verrez littéralement la sensuelle Tina Turner de la pochette séduire 007 de ses charmes…
S’il ne fallait formuler qu’une seule expectation non satisfaite, un joli titre balade manque à cet album. Celui qui vous prend aux tripes les jours de chougne comme “The Time Has Come Again”, ou encore “505” des Arctic Monkeys que les deux loulous reprennent fréquemment ensemble sur scène. Mais ne soyons pas trop exigeantes, nous avons eu notre dose de drague et de caresses le long des douze titres de ce bien sexy album. Et si vous en voulez plus, regardez un peu comment il traite “I Want You” des Beatles, soupir…
En concert à la Coopé de mai à Clermont le 2 juin. Aux Nuits de Fourvières à Lyon le 7 Juillet. À Rock en Seine le vendredi 26 août et aux Eurockéennes de Belfort.