5 bonnes raisons de regarder Peaky Blinders right here right now
SÉRIE – On a découvert Peaky Blinders et depuis, on ne peut plus lâcher cette série de malfrats époustouflante !
La vérité ? Je ne sais pas comment j’ai pu passer à côté de Peaky Blinders. Shame on me. Depuis, rassurez-vous, je me suis largement rattrapée, et j’ai littéralement binge-watché les trois saisons de cette série britannique, créée par Steven Knight et diffusée depuis 2013 par la BBC.
Ça faisait longtemps, très sincèrement, que je n’avais pas accroché autant à une série, pourtant, ce n’est pas faute d’en avoir testé plusieurs dizaines… Et promis cet article est certifié sans spoilers !
Portrait de famille : des délinquants attachants
Peaky Blinders c’est l’histoire des Shelby, une famille de (petits) criminels installée dans la grande ville industrielle de Birmingham, dans les années 1920. Une mère décédée et un père escroc sans cœur qui s’est fait la malle. Voilà le tableau familial d’Arthur Shelby (Paul Anderson) l’aîné fidèle mais simple d’esprit, Thomas “Tommy” Shelby (Cillian Murphy) le cerveau et John Shelby (Joe Cole) la brute, les trois grands frangins Shelby. Dans cette famille de mâles dominants, on trouve également leur tendre et courageuse soeur Ada Shelby (Sophie Rundle), amoureuse d’un communiste, ancien meilleur ami de son frère Tommy, et l’incroyable Elisabeth “Polly” Shelby (Helen McRory), tante et figure maternelle au fort caractère de cette fratrie.
Les Shelby sont une famille structurée, et soudée autour de Tommy, le frère prodige, autour duquel gravitent tout un tas d’autres personnages fidèles amis ou féroces ennemis, que l’on découvre au fil des épisodes. La série va suivre l’ascension sociale abrupte, finement menée, violente et souvent sanglante des Peaky Blinders et de leurs proches, à travers le développement de leur business de paris illégaux. Bien entendu, on tombe dans le piège, et on s’attache inconsciemment aux personnages. Jusqu’à leur souhaiter de la réussite dans leurs mauvais coups.
Un vide historique : industries et tranchées
Sous ses airs de série socio-familiale, l’intrigue des Peaky Blinders ne serait pas aussi noire sans l’impact historique de la période choisie par les scénaristes. En effet, derrière toute cette rage de vivre, la Première Guerre mondiale n’a laissé aucun homme indemne. Beaucoup des personnages de la série sont revenus du front (la Somme notamment) traumatisés par leur expérience de guerre, et par les effroyables tranchées. On apprend par exemple qu’avant la guerre, Tommy riait. Désormais il est en proie à l’opium pour lutter contre ses cauchemars monstrueux. Des pensées qui le ramènent quelques années auparavant,des dizaines de mètres sous la surface de la terre, alors qu’il creusait des tranchées sous le nez des lignes ennemies. Ses deux frères John et Arthur compensent eux aussi par les drogues en tous genres et l’alcool, le fameux Irish whisky qui semble couler dans leurs veines.
Beaucoup d’hommes de leur entourage semblent être revenus du front, et aucun ne bénéficient d’aucun suivi de la part d’un gouvernement, plus concentré sur la croissance industrielle et économique que sur le bien-être psychologique de ses soldats traumatisés à vie. Un gouvernement dirigé par un Winston Churchill vicieux dont le côté sombre méconnu du grand public va être exposé et développé dans les trois saisons. Enfin, les Peaky Blinders ont vraiment existé, puisque Steven Knight, le créateur de la série s’est largement inspiré des oncles de son père, les Peaky Blinders de Birmingham, en farfouillant dans les archives familiales. Leur nom vient de la lame de rasoir qu’ils cachaient dans leur casquette. Ça donne du cachet non ?
Casting de rêve : des acteurs stupéfiants
Très souvent, une série est portée par ses acteurs, et Peaky Blinders ne fait pas exception. Le casting est juste exceptionnellement talentueux. Bien sûr, Cillian Murphy est incroyable (vous connaissez forcément de la série des Batman par Nolan). Il interprète un homme rongé par la guerre, qui échafaude de multiples plans et stratagèmes pour mener à bien les activités de la Shelby Brothers Limited, la société de paris dont il partage les parts avec ses frères, tout en faisant au mieux pour préserver l’unité de sa famille.
C’est un homme froid, malin et charismatique dont la seule faiblesse est aussi sa plus grande force : sa famille. Cillian Murphy et son regard insondable interprète parfaitement l’impassible et flegmatique Tommy, cigarettes au bec, verres à la main, costume et casquette vissée sur la tête, corps fin mais musculaire et démarche lourde à qui la série doit beaucoup. Parallèlement, Cillian Murphy est extrêmement bien entouré. Comment ne pas craquer pour Arthur Shelby et sa moustache touffue, cet Averell de la famille Shelby qui faute de ne pas être intelligent compense par sa brutalité et une confiance aveugle (presque paternelle) en son frère, tout comme John le 3e frère, petite racaille aux sourires malsains.
En face des Shelby va se dresser Chester Campbell (Sam Neill), ce policier envoyé par Londres pour remettre de l’ordre. Officieusement, ce policier missionné par Churchill himself, aux méthodes douteuses et draconiennes est venu récupérer un lot d’armes gouvernementales volées sur les docks, et destiné au Moyen-Orient. Pour cela, il réussit à infiltrer Grace, jeune femme soignée, qui devient serveuse au pub attitré des Shelby. Qui est-elle, d’où vient-elle, que veut-elle ? On le saura bien vite. Sam Neill (Jurassic Park, La Leçon de piano…) donne vie à ce policier scrupuleux tout droit envoyé depuis Belfast (où l’IRA se développe), qui va rapidement nourrir une profonde aversion (et jalousie) pour Tommy Shelby et son gang. Je vous parlerai bien aussi de la performance de Tom Hardy en grand malfrat juif londonien régnant sur Camden Town… Mais je vous laisse le temps d’arriver à la saison 2.
La caution BBC : le chic British
Une série développée par la BBC est toujours gage de qualité (Sherlock, House of Cards le vrai, Doctor Who, The Fall…) Cette fois-ci, pas de grandes familles bourgeoises, mais une ode aux petites gens des bas-fonds anglais. À coup de grands moyens cinématographiques et une photographie absolument sublime, dans les tons gris-bleu. Les images sont vraiment somptueuses, et ce, dès la première scène du premier épisode.
On y voit Tommy parcourir les quartiers industriels de la ville à dos de cheval. Chimérique, et si réaliste à la fois. La reconstitution de cette période d’entre-deux-guerres a été travaillée jusque dans les moindres détails : décoration intérieure, évolution des costumes (superbes !), coupes de cheveux, accents… Elle nous permet de découvrir cette classe sociale ouvrière meurtrie par la Première Guerre mondiale, qui n’a d’autres choix que de travailler dans les grands hangars d’usine ou, comme les Shelby, à passer dans l’illégalité pour s’en sortir bien mieux que la moyenne en se mettant les forces de l’ordre dans la poche et en dédommageant les pubs sous leur protection subissant des descentes de police.
Qui dit BBC dit budget, et qui dit budget dit prolongation : Peaky Blinders ce sont donc des saisons de 6 épisodes d’un peu moins d’une heure. Ce qui peut paraître peu est en fait savoureux, car cela contraint les scénaristes à ne pas s’empêtrer dans des impasses et lourdeurs scénaristes. Une saison c’est une intrigue principale en fond, et un dénouement progressif jusqu’au dernier épisode. Petit bémol, la troisième saison vient seulement d’être diffusée (mai 2016) au Royaume-Uni. Il va falloir patienter pour sa diffusion en France, mais aussi pour le tournage de la quatrième… Patience et longueur de temps blablabla.
Une B.O. rock’n’roll qui déchire
On aurait pu entendre de la musique traditionnelle, où juste des instrumentations basiques. À la place, le créateur de la série a décidé d’incorporer de la musique actuelle, et de la bonne. Le générique n’est autre que “Red Right Hand” de Nick Cave & The Bad Seeds. On peut également entendre du PJ Harvey (“To Bring You My Love”, “C’mon Billy”…). Ou encore du Arctic Monkeys avec quasiment tout l’album A.M. ajoutons à ça, du Radiohead, Johnny Cash, Tom Waits, David Bowie, Royal Blood, White Stripes, The Raconteurs, The Dead Weather, The Kills, The Last Shadow Puppets…
En plus de ses classiques rock qui fusionnent littéralement avec l’ambiance de la série (sans décalage aucun), on découvre “Black Velvet Band”, “Carrickfergus” chants traditionnels irlandais, et on pleure sur “All My Tears” d’Ane Brun, “I Am Stretched On Your Grave” par Kate Rusby ou “What He Wrote” de Laura Marling. Franchement, est-ce que cette bande-originale n’est pas parfaite ?
Peaky Blinders, disponible sur Netflix.
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