Half Moon Run : “C’est vital de ne pas se préoccuper du succès”
Half Moon Run et Rocknfool c’est une grande histoire d’amour. On n’avait pas encore eu l’occasion de les rencontrer depuis la sortie de leur deuxième album. On a donc décidé de prendre l’avion, et de les rejoindre en terre canadienne, pour leur grand retour à Québec, en juillet dernier.
On a vraiment eu des difficultés à rencontrer Half Moon Run depuis la sortie de leur deuxième album. Tu le sais bien maintenant, Half Moon Run c’est le groupe mascotte de toute l’équipe de Rocknfool, celui qui fait l’unanimité et celui qu’on suivrait au bout du monde. Mais les Canadiens ont maintenant un emploi du temps chargé, et ces derniers mois il a beaucoup été question de rendez-vous manqués. On ne pensait pas vraiment obtenir un petit créneau lors de leur passage au Festival d’été de Québec, où le groupe était l’une des têtes d’affiche et dont les médias étaient littéralement passionnés. Comme quoi, il fallait juste traverser l’Atlantique pour être sûr de leur parler. Après avoir croisés Devon (chant-guitare), Isaac (percussions) et leurs bagages dans le hall de l’hôtel, ce sont finalement Dylan (batterie-clavier) et Conner (guitare-clavier) qui se chargent des interviews pour la journée. Pour Rocknfool, c’est Conner qui s’assoit en face de moi dans le bar de l’hôtel, cheveux détachés et débit de paroles incroyablement rapide.
Ça fait désormais un petit bout de temps que Sun Leads Me On leur deuxième album est sorti, et forcément, beaucoup de questions leur ont déjà été posées, beaucoup de dates se sont écoulées. J’ai donc décidé de faire un petit check-up avec Conner, et lui demander de leurs nouvelles, tout simplement…
Rocknfool : Vous êtes enfin de retour au Canada ! Vous devez être plutôt contents… Tu as l’air fatigué par contre…
Conner : Non je vais bien ! J’ai dormi dans le van qui nous amenait ici, donc c’est peut-être pour ça (sourire). Mais oui, on est très contents de revenir à la maison !
Vous n’avez pas peur de vous lasser des tournées après autant de dates ?
On s’est tous sentis fatigués par la tournée, mais la saison des festivals c’est toujours fun. Pour être honnête, il y a des moments où je n’aurais rien aimé de plus que de rentrer chez moi, même s’il y a eut des moments formidables. Être sur la route pendant une longue période de temps c’est… un challenge.
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Donc vous avez l’intention de conquérir la planète en voyageant partout ?
Je n’y pense pas de cette façon… Je veux continuer à faire de la musique comme métier. C’est fun de pouvoir voyager dans de nouveaux endroits, surtout quand tu commences le métier. C’est important de beaucoup se produire pour que le plus de personnes puissent t’entendre, te découvrir, et avec un peu de chance qu’ils finissent par apprécier ce que tu fais. Et ainsi nous pouvons continuer à faire de la musique de notre vie. C’est ça l’idée, faire du promotionnel.
C’est plus quelque chose de pratique que la volonté de jouer un peu partout ?
Il y a un aspect excitant à voyager partout à travers la planète, mais à notre stade, je dirais que c’est plus un aspect pratique. Bien sûr il y a toujours des endroits où j’adore aller… Mais le truc avec les tournées c’est que cela nous empêche d’écrire de la nouvelle musique… Si on faisait les choses à ma façon, je crois que ça me rendrait heureux de moins partir en tournée et d’écrire plus.
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Vous semblez avoir pris quelques vacances il y a peu, est-ce que c’est quelque chose que vous avez l’intention de normaliser dans votre emploi du temps ? Est-ce que ce sont des moments qui vous permettent d’écrire plus au calme ?
Pour la Norvège on a joué là-bas, mais on a décidé de rester quelques jours supplémentaires en off parce que c’est magnifique. On essaye vraiment de faire plus d’efforts maintenant pour prendre quelques jours de libres de-ci, de-là, faire quelque chose sympa entre deux trajets, entre deux concerts. Et comme tu disais, ça aide pour trouver de l’inspiration… surtout quand tu as de bons moments !
Quelle est la prochaine destination pour l’inspiration ?
J’aime bien écrire à Montréal car c’est là que je vis… on a quelques idées et projets pour la suite, mais on a décidé de n’en parler à personne (sourire). Parfois quand tu as une idée, tu en parles à quelqu’un, puis cette idée perd de son intérêt… Parfois, c’est bien de garder des secrets (rires).
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Maintenant que vous êtes officiellement un groupe de 4 personnes, comment travaillez-vous ?
À chaque fois c’est différent. Il y a les fois où on répète la chanson, ça c’est facile, on la joue et on en parle. La composition ce n’est jamais pareil : une idée que quelqu’un entonne, les autres y ajoutent des bouts… parfois ça nous prend 1 jour, parfois 6 mois… J’aurais aimé connaître la formule, car ça nous ferait gagner beaucoup de temps… mais il n’y a pas de formule (sourire).
Est-ce que vous ressentez plus de pression maintenant que vous êtes considérés comme un “gros groupe”, notamment au Canada ?
Il y a plusieurs types de pressions. À un moment donné quand on travaillait sur notre deuxième album, on s’est donné comme mot d’ordre de ne pas y penser. Ce qu’on veut faire c’est seulement de la musique en étant créatifs, vivre de bonnes vies et être heureux. Il ne faut pas penser à “on est un groupe établi” ou “le public en attend beaucoup de nous” ou autre. Je trouve que tu es bien plus heureux et plus créatif quand tu ne te préoccupes pas de ces choses-là. Si on ressent plus de poids sur nos épaules maintenant ? Si tu me poses cette question, je vais immédiatement te répondre que je n’en sais rien, je m’en fiche, et que ce n’est pas important. Non pas que ça soit une question ennuyeuse, mais on est arrivés à un point où c’est vital de ne pas s’en inquiéter.
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Est-ce que vous allez continuer à explorer les différentes facettes de votre son, comme vous l’avez fait dans votre deuxième album ? Car il était si différent du premier…
Oui, c’est ce qu’on va faire, j’en suis sûr. Et pas que dans une seule direction… Mais je ne peux pas encore te dire car on n’a pas encore écrit la suite. Il y aura sûrement différentes atmosphères, on aime bien jouer différents instruments… Certaines choses perdureront, comme les harmonies que l’on fait tous ensemble, ça on le fera toujours. Mais je ne peux pas te dire beaucoup plus que : on fera ce dont on a envie sur le moment ! Il y a un million de motifs d’inquiétude : est-ce que ton manager va aimer, est-ce que ta maison de disque va aimer, est-ce que tes fans vont aimer… à un moment donné il faut juste arrêter de s’inquiéter. Quand on a fait notre 1er album, on n’avait aucun fan, on était un nouveau groupe, donc la seule chose qui nous inquiétait c’était l’album. L’album est sorti, et les gens ont aimé, c’était génial. Maintenant ça serait cool de pouvoir restaurer ce même état d’esprit.
Vous avez une large communauté de fans, et pourtant vous n’êtes pas très réseaux sociaux.
Oui, c’est un combat perpétuel (sourire)… Je ne sais pas comment faire ça, je n’aime pas communiquer de cette façon-là, je ne comprends vraiment pas le principe. Il y a tellement de personnes qui te suivent via ces plateformes maintenant…
Il faut que je te demande ça : qui a eu l’idée des gants de cuisine dans votre merchandising ?
(rires) Tout comme les réseaux sociaux, je ne comprends pas le principe du merchandising ! (rires) Bon je pense tout de même que ce n’est pas une mauvaise idée, tu en as chez toi non ? (sourire) Il y a une réponse à cette question quelque part, mais je ne l’ai pas !
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Question très large, mais… c’est quoi la suite du coup ?
On va faire encore de la musique une fois que notre tournée et autres obligations prendront fin… mais comment cela va se réaliser… Maintenant on a l’opportunité de faire les choses telles qu’on les entend, et avec cette liberté-là, s’offrent de nombreuses nouvelles possibilités pour développer notre musique… J’ai hâte de ce prochain grand pas en avant… Je ne peux pas te dire ce qui est prévu, ça serait bien plus sympa de le découvrir par toi-même (sourire).
Une question que je ne t’ai pas posée que tu aurais aimé que je te pose ?
Je ne sais pas si j’en ai une… J’ai fait d’autres interviews, et je suis content qu’on n’en ai pas parlé, car j’ai l’impression que ça revient toujours dans les interviews auxquelles je réponds : les gens me demandent “vous vous êtes rencontrés sur Craigslist et maintenant vous avez beaucoup de succès, qu’est-ce que ça fait d’avoir du succès ?” Ou “après toutes ces années vous êtes allés dans plein d’endroits dans le monde, ça doit être génial, comment c’était ?” Je suis un peu perdu avec ces questions… Donc à la place d’une question que j’aurais aimé que tu me poses, je suis juste content que tu ne m’aies pas posée celles-là. Ça me frustre vraiment quand tu fais de la musique et que les gens veulent toujours te parler du succès. Et le succès dépend de ton état d’esprit, de quelle façon tu le ressens et de quelle façon cela t’affecte… Et ce succès dont on me parle, je n’y crois pas vraiment (rires).
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Propos recueillis par Emma Shindo (11 juillet 2016, Québec)
Notre histoire commune avec Half Moon Run par ici.