Saratoga : “Le bonheur rend difficile la créativité”
INTERVIEW – On a rencontré les romantiques et chaleureux Saratoga, le lendemain de leur concert au Bar 96. Un coup de foudre musical qui a débouché sur une longue discussion sympathique, autour d’une bière. De quoi refaire le monde.
C’est un peu par hasard qu’on s’est retrouvés autour d’une bière avec le duo québécois Saratoga. Après leur concert en toute intimité dans un petit bar du 11e arrondissement, on avait discuté et on s’était donné rendez-vous le lendemain autour d’Odéon. Avec Michel-Olivier Gasse, les mains chargées de vinyles, et Chantal Archambault, tout sourire, on s’est assis au Caméléon, et on a papoté musique, voyage, écologie et nature.
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Saratoga, c’est un projet tout récent ?
Michel-Olivier Gasse : On a commencé en janvier 2015 et le premier spectacle c’était au mois de mai suivant.
Chantal Archambault : Gasse jouait avec d’autres musiciens, notamment Vincent Vallières, un auteur-compositeur assez connu au Québec, qui monopolisait son temps.
Michel-Olivier : Je jouais avec lui depuis 20 ans.
Chantal : C’était un travail à temps plein. Puis ma tournée et celle de Vincent Vallières se sont terminées. On avait chacun des chansons à nous alors on s’est dit “pourquoi on ne prendrait pas des chansons à toi et des chansons à moi et on ne partirait pas tout simplement sur la route ?” On revenait de voyage à la Nouvelle-Orléans, en Louisiane. Là-bas, la musique c’est soir après soir, les gens jouent pour le chapeau. On a décidé de s’y mettre, guitare et contrebasse, un peu à l’ancienne. On est parti dans des maisons, des mariages, des petits cafés, des endroits qui ne sont pas des salles de spectacle conventionnelles. Et ça a pris un envol inespéré finalement.
Michel-Olivier : C’est vraiment circonstanciel comme contexte parce qu’on partait en projet, mais on avait déjà un répertoire sous la main. L’idée c’était “on a de quoi faire un spectacle et la possibilité de le faire de façon très simple, alors faisons-le”. C’est après ça qu’on s’est mis à écrire des chansons, et petit à petit c’est devenu plus officiel.
La légende raconte que le projet est né dans un motel sur le bord de la route, dans la campagne québécoise. Comment avez-vous défini le projet au début ?
Chantal : Moi j’avais les Everly Brothers en tête, c’est de la vieille musique américaine, c’est magnifique. Et je me disais “mon dieu on n’a pas besoin de grand-chose pour faire de la musique, il suffit d’avoir des belles mélodies, des bons textes et d’habiter…”
Michel-Olivier : …la scène
Chantal : …la chanson.
Michel-Olivier : L’histoire du motel c’est un peu romancé, mais fondamentalement c’est ça. Quand Chantal tournait, je la suivais. Elle avait plusieurs formules différentes, parfois on était cinq, parfois on était trois, et souvent elle faisait des spectacles solo, et souvent moi je l’accompagnais dans ses spectacles solos, j’avais pas envie d’être à côté tout seul. Nos moyens techniques étaient assez limités, alors je me suis retrouvé à chanter au-dessus de son épaule, et puis on s’en est fait parler, les gens étaient comme ça (il mime l’étonnement et l’approbation ndlr).
Chantal : C’est né d’une contrainte. Au départ on n’était pas très contents de devoir s’arranger avec un seul micro et puis finalement on en rit, c’est drôle, c’est doux, c’est beau.
Michel-Olivier : Maintenant je ne crois pas qu’on pourrait faire Saratoga sans être collés comme ça. L’essence de ce projet c’est le fait d’être collés, et qu’on n’a pas besoin d’amplification pour s’entendre. On est proche de la source. C’est l’idée de la proximité, de l’intimité, de la chaleur, de la douceur, de la simplicité, faire le plus possible avec le moins.
Le tout acoustique, à l’heure du tout numérique, est-ce que ça peut être un frein ?
Chantal : Non c’était plutôt un challenge ou une sorte de leitmotiv. On a déménagé à la campagne, où l’on délaisse notre cellulaire, les nouvelles voitures neuves avec écran digital on n’a pas de télévision… on déteste tout ça ! On essaie d’aller à contre-courant, malgré le fait qu’on trouve une utilité à la technologie. Dans “Fleurs” on dit “ralenti l’allure”, c’est ça : revenir à l’essentiel et retrouver un bien-être là-dedans.
Michel-Olivier : Parler aux gens, lire des livres, manger de la bouffe qui n’est pas emballée… C’est le mode de vie qu’on préconise – on n’est pas à 100%, on n’est pas radicaux dans l’approche – c’est juste d’apporter cette attention-là à tout.
Chantal : On le fait dans la musique mais on le fait à la maison aussi.
Michel-Olivier : Toujours se dire : “ce truc-là est-ce que j’en ai besoin ?”. Et dans la chanson : “est-ce qu’on a besoin de faire tout ça ?” Non, je ne pense pas, on a les belles mélodies, les mots qu’il faut, l’harmonie qu’il faut, ça suffit. Les gens qui sortent de notre spectacle disent “c’est vraiment doux”. On a l’habitude de sortir des spectacles avec des acouphènes.
Chantal : Les gens travaillent fort, sont stressés, on a des vies tellement rapides que là c’est vraiment un moment de plénitude, d’apaisement. Avec ce disque on voulait créer un mood relax. Tu peux l’écouter en te levant, en mangeant, en te couchant, ça ne t’énervera pas.
Comment ça se prévoit, du côté de l’artiste, une tournée comme celle que vous venez faire en France ?
Michel-Olivier : On est accompagnés par notre gérant qui vient souvent à Paris. Moi je m’en suis remis un peu à lui. J’avais un guide de Paris mais je l’ai même pas apporté, j’avais des euros et je les ai oubliés.
Chantal : Oui on a un peu tout fait à la dernière minute. On ne savait pas trop à quelle température s’attendre aussi. On n’avait pas d’idées de restos justement. Et on est encore sur le décalage horaire, alors on arrive pour petit-déjeuner, c’est terminé, on arrive pour déjeuner, c’est terminé. Hier on a cherché à manger jusqu’à 1h30 du matin, on est trop décalés.
Michel-Olivier : On n’a jamais faim au bon moment.
Chantal : C’est ça, on n’est pas préparés et on n’est pas vraiment organisés.
Michel-Olivier : On se laisse aller un peu, j’ai pas envie de faire le touriste avec l’itinéraire et tout. J’ai plus envie de vivre la ville et de me promener, de rencontrer des gens. C’est comme au Bar 96 hier, Éric notre gérant, il y va avec tous ses artistes. C’est un lieu… dégueulasse mais les humains qui sont là, les gens sont vraiment gentils. Éric il dit qu’il reconnaît les gens, il reconnaît les chiens même (il y avait au moins 3 chiens dans le bar pendant le concert ndlr), il connaît les chiens par leur nom ! C’est la dynamique de Paris, des lieux comme ça il y en partout.
Chantal : Des lieux comme ça il n’y en a pas au Québec, tu ne peux pas apporter ton chien dans un bar (elle rit). Michel-Olivier : Tu ne peux pas faire ton alcool de fruits non plus !
On nous a dit une fois “je vous écoute tous les deux, il n’y a rien et il ne manque rien”.
Quelle est la première chose que vous allez faire en rentrant chez vous ?
Chantal : Dormir ensemble. (Ils rient)
Michel-Olivier : Il va certainement falloir faire du ménage dans le jardin.
Chantal : Et aller chercher notre panier de légumes bio.
Michel-Olivier : On va ralentir ! Il y a toujours un bruit de fond ici, pendant nos spectacles dans les bars, à l’auberge de jeunesse… chose qu’on n’a pas au Québec.
Chantal : Les gens payent au Québec pour venir nous voir, ils veulent nous entendre.
Sur scène à deux, comment ça se passe ?
Michel-Olivier : Sur l’album, on est accompagnés pour la moitié des chansons par un trio de bois : clarinette, hautbois, clarinette basse. Donc ils vont être avec nous pour le lancement en novembre. Mais on n’a encore jamais eu d’autres gens que nous en loge ! L’idée c’est vraiment de se suffire. Pour nous c’est super simple parce qu’on vient du folk, ça allait de soi d’être juste tous les deux et ça a l’air de frapper beaucoup de gens. On nous a dit une fois “je vous écoute tous les deux, il n’y a rien et il ne manque rien”. C’est la beauté de la chose.
Sur scène vous échangez vos instruments, guitares et contrebasse ?
Michel-Olivier : Moi je ne peux pas dire que je joue de la guitare vraiment. Même si en ce moment je suis meilleur que je ne l’ai jamais été à la guitare (il rit). Je sais jouer les chansons que j’ai à jouer et c’est tout. Chantal est guitariste.
Et tu fais de l’harmonica aussi Chantal ?
Chantal : Oui mais là c’était moyen. Parfois j’essaie des choses. Je me dis que c’est trop simple ce qu’on fait, trop rudimentaire, trop amateur. Et on me dit : “mais non, on a juste besoin d’entendre un fond d’harmonica”. Finalement on revient toujours à des choses simples.
Michel-Olivier : Et comme on est tous les deux des musiciens quand même moyens, dans le sens où on n’est pas des performeurs, il faut trouver d’autres choses. Nos solos c’est plutôt des solos de “ouhouh” que de guitare.
Chantal : On laisse les solos de guitare aux autres.
Michel-Olivier : On n’est pas des multi-instrumentistes.
On va avoir de belles anecdotes à raconter sur notre tournée ici.
Et si il y avait un instrument que vous pourriez apprendre là tout de suite ?
Chantal : La harpe.
Michel-Olivier : Le piano. J’aimerais ça être capable de jouer du piano.
Chantal : Moi j’aimerais ça avoir une harpe dans ma maison, c’est beau.
Michel-Olivier : Avec tes petits doigts-patate (il rit).
Chantal : C’est vrai, il faudrait que je me fasse pousser des ongles. (Déçue) C’est vrai je n’ai pas les doigts pour ça.
Hier, au Bar 96, vous avez joué à côté des toilettes (avec une chasse d’eau bruyante) et devant des chiens qui se promenaient. Est-ce que vous avez connu d’autres lieux un peu improbables pour jouer ?
Chantal : C’est une de nos plus rigolotes scènes, on va avoir de belles anecdotes à raconter sur notre tournée ici.
Michel-Olivier : Au Québec les gens commencent à nous connaître. Souvent on nous dit “ça serait le fun que vous veniez chez nous parce que ça va bien marcher“. Et on arrive et “waouh c’est dont bien beau !”. On a juste besoin d’un recoin.
Chantal : On a déjà joué deux fois chez la même personne, à quelques mois d’intervalle, c’est assez spécial.
Michel-Olivier : Les gens nous proposent vraiment des lieux intéressants et chaleureux. Soit ce sont de belles salles de spectacles, soit ce sont des lieux alternatifs souvent très surprenants. Ce qui fait qu’on n’a pas eu vraiment d’endroits challengeants au Québec. Notre première tournée c’était une fille qui organisait des spectacles chez les gens, elle est partie sur la route avec nous, c’était des chalets, des petits cafés.
Chantal : On a déjà joué à l’extérieur, dans une espèce de cour. Quand on est arrivé là-bas ça sentait… (ils le disent ensemble) le pain à l’ail. On s’attendait à manger et finalement il y avait étendu par terre de l’ail dans le gazon pour faire fuir les mouches et les moustiques.
Michel-Olivier : Il y avait au fond du champ une rivière à sec, un peu marécageuse, qui grouillait de moustiques.
Chantal : Donc nous on a joué en sentant l’ail. Et ça ne fonctionnait pas parce qu’il y avait vraiment plein de moustiques, on se faisait piquer, on se mettait du spray à mouches pendant toute la soirée. Et les gens ralentissaient en passant devant parce qu’ils pensaient qu’il y avait de la nourriture. C’était vraiment n’importe quoi… ça c’est le Québec !
Justement en parlant du Québec. J’ai l’impression qu’il y a chez les compositeurs québécois le goût du conte. Je pense notamment aux Sœurs Boulay, à Pierre Lapointe, à Louis-Jean Cormier, aux Hay Babies, etc.
Chantal : Je pense que c’est un thème cher à notre façon d’écrire. Il y a d’autres gens qui écrivent des chansons trop… simplistes, du genre…
Michel-Olivier : (commence à chantonner) “On est sorti dehors, on est allé prendre une bière, on a rencontré Jean-Pierre”.
Chantal : C’est ça, il y a des artistes qui ne se forcent pas pour écrire. Nous on essaie de travailler un peu le texte, comme énormément d’artistes au Québec. On affectionne le texte. Michel-Olivier, c’est à la base un conteur. Moi je suis plus quelqu’un qui écrit de façon émotive. On essaie de faire un mélange entre les deux.
Bien souvent, les belles chansons tristes parlent d’amours déçues. Mais vous, vous êtes un couple à la vie comme à la scène. Vous ne connaissez pas trop la tristesse de ce côté-là. Est-ce que le bonheur rend difficile la créativité ?
Chantal : Oui, carrément.
Michel-Olivier : Oui, parce que quand ça va bien tu ne veux pas faire chier les autres. Tu ne penses pas à créer quand t’es bien.
Quand on était dans des passages à vide, on regardait par la fenêtre et on attendait que les oiseaux nous amènent quelque chose.
Comment vous faites alors ?
Chantal : On s’inspire des gens autour de nous. Moi ça m’a permis de me sortir de moi-même. J’ai toujours écrit par rapport à ce que je vivais, j’étais tannée de ça. J’avais plus envie de toujours parler de moi, je ne suis pas un centre d’intérêt. Et lui c’est un raconteur justement donc on pouvait aller puiser dans la situation d’une autre personne. J’essayais de m’imprégner de ce que cette personne-là vivait, et lui essayait de le capturer et de le raconter. C’est très inspirant de se sortir de son confort, de son bien-être et d’aller dans des contraintes comme ça qui t’amènent à toucher l’altruisme.
Michel-Olivier : Oui, c’est ça, c’est emmerdant soi. On s’inspire de l’extérieur aussi. Notre album a été écrit l’hiver dans le village où on venait de s’installer. On ne connaissait personne, c’était prenant. Quand on était dans des passages à vide, on regardait par la fenêtre et on attendait que les oiseaux nous amènent quelque chose. La première chanson qu’on a faite d’ailleurs, “Brise-Glace”, c’était en marchant sur le bord de la rivière, en voyant la glace qui fondait, la débâcle. On essayait de s’imaginer une histoire autour de ça, les deux rives qui se déchirent, le froid, l’engelure, le dégel, le redoux. Je pense qu’il y a une grosse part de nature et d’extérieur dans chacune des chansons, qu’elle soit directe ou indirecte.
Chantal : Sur un coup de tête je me suis dit, ça ne fonctionne pas, on n’a pas d’inspiration alors on prend le billet d’avion le moins cher. On est parti en République Dominicaine pendant une semaine pour écrire. C’est vraiment bizarre mais la première chanson qu’on a écrite, c’est “Fleurs”. C’est une chanson hyper lumineuse au fond. On était dans le sud, c’était lent. On s’imprègne beaucoup de notre environnement finalement. C’est important d’explorer, de se challenger dans l’espace et à travers les gens.
Moi j’ai adoré la chanson “On n’est pas du monde”, comment vous est venue l’inspiration pour celle-ci (qui raconte l’histoire d’un amour à distance) ?
Michel-Olivier : C’est moi qui l’ai écrite il y a longtemps cette chanson-là, pour les Sœurs Boulay, quand elles commençaient. Je suis un bon ami à Stéphanie depuis plusieurs années et quand elle faisait ses trucs solos elle me demandait tout le temps (il prend une voix suppliante) “oh tu veux-tu m’écrire une toune ?”. Et puis elles ont commencé à faire leur projet. J’étais là à leurs cinq premiers spectacles, mon dieu que je les trouvais bonnes, elles faisaient même une reprise d’une chanson de mon groupe de country. Alors je me suis dit “ok je vais essayer moi de leur écrire une chanson”. Je leur ai écrit “On n’est pas du monde” et elle ne ressemblait vraiment pas à ça, c’était vraiment plus joyeux dans l’approche, plus léger. Elles l’ont tournée plus mineur, plus mélancolique. Elles l’ont traînée pendant un bout de temps et puis elles ont arrêté, parce qu’elles avaient assez de chansons à elles. Alors je l’ai ressortie, Chantal a pris la mélodie, se l’ai mise en bouche. Pour moi c’est une grande surprise que les gens aiment cette chanson. Je me suis levé un matin, j’ai écrit cette chanson en robe de chambre. La ligne “je porte ton pyjama”, je l’ai écrite parce que je savais que Stéphanie allait dire (il reprend son imitation) “t’as mis le mot ‘pyjama’, je vais chanter le mot ‘pyjama’ ?”.
On dit que chaque métier a ses déformations professionnelles, c’est quoi la déformation professionnelle d’un auteur/compositeur/interprète ?
Chantal : Moi j’en ai deux. D’abord, c’est faire du bien aux gens. J’ai toujours besoin de sentir que les gens sont bien. Du coup je suis super insecure, je me dis tout le temps “j’espère qu’on est adéquat pour les gens”. Je suis tout le temps en train d’analyser si les gens aiment ça. Ça c’est parce que j’ai travaillé dans la psychologie pour enfant, le relationnel.
Et mon autre déformation c’est l’environnement. J’essaie de faire beaucoup de transposition dans notre mode de vie : zéro déchet, cause environnementale, etc. J’essaie de mêler environnement, psychologie et musique ; bien-être et musique.
Michel-Olivier : Moi ma déformation professionnelle c’est que je suis terriblement irritable à la facilité. On est tellement exigeants envers nous-mêmes, ce n’est pas de tout repos. Quand parfois j’entends des trucs, ça me renverse, des trucs aussi mauvais. Je suis très très très irritable. J’y mets beaucoup d’énergie. Ça fait 20 ans que j’écoute de la musique et je découvre toujours de la musique du passé, surtout des années 1970, parfois des années 1940, 1930 ou 1920. Il y a tellement de bonnes choses, pourquoi on se permet d’en faire des mauvaises ?
Chantal : Tu peux faire de la mauvaise musique, mais le problème c’est les gens qui la promeuvent.
Michel-Olivier : L’alcool gratuit !
Chantal : Aaah l’alcool gratuit ! Moi ça fait un an que j’ai quitté mon emploi (elle était pédo-psychiatre). Lui, il a toujours fait de la musique, il a toujours pris ça pour acquis…
Michel-Olivier : J’en ai eu des jobs moi !
Chantal : Attends, tu ne sais même pas ce que je vais dire. Le mieux… c’est de ne pas avoir de réveil le matin, ça c’est la plus grande richesse. On se lève quand même tôt, mais par voie naturelle.
Michel-Olivier : On se lève avec le soleil, on ne peut pas avoir de rideau ou de volet dans notre chambre. D’ailleurs, j’ai un ami qui me racontait que le terme “minuit” est arrivé du fait que les gens coupaient la nuit en deux et ils se levaient au milieu pour faire des choses comme chauffer la maison, remplir le bois. Ça faisait deux-trois heures d’activité de nuit.
Chantal : J’aurais envie de dire dans les années folles. Aujourd’hui on ne danse plus. La musique était très rythmée, tout le monde dansait, ça criait, c’était la folie, une très belle époque.
Michel-Olivier : Je vais mettre un peu de poire dans ta bière en disant qu’il y avait quand même une légèreté, une insouciance un peu forcée. On voulait oublier la guerre. Moi j’aurais aimé faire de la musique dans la première moitié des années 1970, disons entre 1972 et 1975. Ça fait quelques années que j’achète des albums, même si je ne connais pas l’artiste, si je vois que c’est fait en 1973 je le prends et je me trompe rarement. Il y avait une espèce de bon goût généralisé.
Quand tu pousses en 1975-1976, le rock’n’roll commence à emprunter à la mouvance disco, c’est super groovy, dansant, magnifique.
Saratoga sera en concert à Paris le 6 décembre au Centre Culturel Canadien dans le cadre du festival Aurores Montréal.
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Merci à Chantal et Michel-Olivier pour leur accueil si sympathique.
Propos recueillis par Jeanne Cochin.
► Saratoga est en tournée française du 18 mars au 9 avril 2017. En concert aux Trois Baudets le 20 mars. Retrouvez les dates par ici.