On a vu : “Patients” de Grand Corps Malade et Mehdi Idir
CRITIQUE CINÉ – Librement inspiré de la vie de Grand Corps Malade, “Patients” raconte la reconstruction physique et morale de Ben en centre de réadaptation.
Premier film de Grand Corps Malade, réalisé en collaboration avec Mehdi Idir, Patients est le long-métrage inspiré de la biographie du même nom (Don Quichotte, 2012). Patients le livre raconte les 12 mois de réadaptation de Fabien Marsaud (Grand Corps Malade) à la suite d’un accident stupide de plongeon (dans une piscine pas suffisamment remplie). Un événement malheureux qui marque son entrée dans le monde des personnes à mobilité réduite. Patients le film suit librement le parcours de Ben (Pablo Pauly), incarnation frappante de Grand Corps Malade, à son arrivée au centre Coubert comme tétraplégique incomplet, jusqu’à sa sortie en fauteuil roulant et son retour parmi les valides. Simple, touchant et efficace.
De l’alitement au fauteuil roulant
Le scénario est faussement naïf. Les spectateurs suivent au plus près le quotidien de Ben dès son arrivée au centre de réadaptation. Les premières minutes sont filmées de son point de vue, soit celui d’un jeune homme somnolant, cloué sur son brancard puis son lit, branché à différentes poches permettant à son corps tout abîmé de fonctionner malgré tout. Un jeune homme dont le premier mot prononcé est le nombre de carrés qui composent le néon au plafond.
Et puis on s’écarte petit à petit, la caméra filme autour de lui. On découvre avec lui le premier réveil, le regard faussement joyeux des proches qui fait plus de mal que de bien, le premier petit-déjeuner alité, la première toilette, la première séance de kiné, la verticalité, la joie du premier fauteuil roulant, les fourchettes adaptées, mais surtout, les premières rencontres. Car au-delà d’être un film sur les handicaps, Patients est un film humaniste. Il rappelle en zigzaguant entre les clichés, que l’handicapé, peu importe son handicap, est une personne à part entière, avec son caractère, ses passions bizarres, ses défauts, mais aussi ses qualités.
Le huis-clos du centre de réadaptation
Ben nous fait partager sa vie en quasi huis-clos dans un centre de réadaptation, les heures à tuer entre les repas, les changements de colocs, et les nombreux soins kiné qui nourrissent ou minent le moral des patients. Sans oublier les concerts kitsch organisés le soir, les soignants et leurs tics, les habitudes qui se mettent en place, tout ça avec beaucoup d’humour et de vannes bien placées. Car Patients c’est surtout une histoire d’amitié entre “tétra”, “para” et “trauma”. C’est l’histoire d’une bande de copains cassés. C’est des encouragements, quelques sentiments, des progrès, mais aussi des coups de mou, des rêves brisés, de la résilience et des deuils. Une rage de vivre pour la plupart et des histoires personnelles bien différentes. Patients n’est pas un film sur le handicap, c’est un film sur la reconstruction et sur la vie.
► Patients de Grand Corps Malade et Mehdi Idir, avec Pablo Pauly, Soufiane Guerrab, Moussa Mansaly, Nailia Harzoune, Franck Falise, sortie le 1er mars 2017.