“Everything Now”, l’album jetable d’Arcade Fire
CRITIQUE – Arcade Fire a dévoilé son nouvel album “Everything Now”, un album censé être dansant mais ennuyeux, creux et sans relief.
Quand on a publié la chronique du dernier album de Lana Del Rey, on a eu ce commentaire : « Vouloir se singulariser à n’importe quel prix, même celui d’une mauvaise foi assez crasseuse, est assez pathétique. TOUTES les critiques sont en accord : c’est son meilleur opus ».
Je me pose donc une question : est-ce que, parce que tout le monde dit qu’un album est bon, il faut l’écrire aussi ? Nous ne faisons pas partie de la République En Marche, nous ne sommes pas dans une dictature, chacun a encore le droit d’avoir son avis, même s’il diverge des autres. Parce que la musique est un art et que l’art est subjectif, apprécié et aperçu de différentes manières, on a le droit, on a le devoir même, d’avoir sa propre opinion. Pour moi, Everything Now est raté. Non. Raté. Avec un « R » majuscule.
Arcade Fire a voulu s’aventurer sur le terrain glissant du disco. Et c’est une erreur. C’est bien de vouloir assumer sa référence à ABBA (“Put Your Money on me” est tellement un pastiche), sauf que n’est pas ABBA qui veut. Même quand on s’appelle Arcade Fire, que l’on est l’un des groupes les plus créatifs et fougueux qui existent actuellement. Arcade Fire a voulu nous faire danser, il ennuie profondément. Everything Now n’a aucun charme, aucun sentiment, aucun piquant. Aucun relief. Aucune émotion ne ressort de cet album. Refrain banal, paroles poussives, influences disparates qui vont des sonorités jamaïcaines au dub, en passant par le blues, le funk, l’italo-disco, l’electronica et même le rocksteady. L’album est un mélange indigeste de sons qui ne ressemblent en rien à ce que nous a habitué Arcade Fire.
So boring
C’est bien de vouloir changer,très bien. Mais ce disque-là sonne terriblement faux. Du début à la fin. Même son propos est creux. Tellement cliché. C’est tendance de tirer à bout portant sur la société actuelle, l’aliénation à internet et notre consumérisme extrême. C’est surtout enfoncer des portes ouvertes. On pourrait croire à l’un des nombreux sermons de Bono.
Ce qui déçoit avec cet album, c’est qu’il est signé Arcade Fire et qu’ils nous avaient habitués à l’excellence avec Neon Bible, The Suburbs et Funeral. Aujourd’hui, ils livrent un album consensuel, taillé pour les stades et les festivals. Un album que l’on oubliera sans doute dans quelques temps après quelques écoutes en streaming, mais certainement pas sur platine. Ca me rappelle ce que disait Adèle d’ailleurs sur la musique en streaming : que c’est de la musique jetable. Les Montréalais ont fait exactement ce qu’ils critiquent : un album jetable de chansons recyclées. Et, quand ils chantent “We Don’t Deserve Love”, je ne peux être que plus d’accord avec eux. Plus maintenant. Et ouais, Arcade Fire, c’était bien mieux avant.
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