Cage The Elephant : “Unpeeled”, le bien nommé dépouillé !

CHRONIQUE – Cage The Elephant c’est du rock garage américain qui tâche, des bêtes de scène, déjà cinq albums, tous excellents. On en prend le meilleur, on l’épure, on “l’acoustise” en live, on l’enregistre et on obtient le délicieux Unpeeled.

Cage The Elephant nous remue et électrise depuis près de dix ans avec leur rock garage enthousiaste, porté par l’énergie communicative de leur chanteur Matthew Shultz. Le groupe est fait pour la scène, cf notre rencontre aux Solidays, et convainc à chaque fois. Plutôt que de sortir un classique “best-of” rapidement oubliable, le groupe nous propose une version plus originale, un album unplugged ou plutôt Unpeeled.

Le concept ?

Le groupe a dû s’adapter aux exigences de Monsieur Neil Young, pour jouer lors du Neil Young Bridge School Benefit. Tout doit être acoustique, des guitares en passant par l’orgue à pompe, prêté par Young lui-même. Une fois la contrainte d’adapter leur musique à ce cahier des charges gérée, les garçons y prirent tellement de plaisir qu’ils se dirent “partons en tournée comme ça !” Et donc Unpeeled se résume à “on prend les meilleurs titres de nos quatre derniers albums, on y ajoute trois reprises (dont on vous parlera plus loin), on enregistre le tout en live, puis on rebidouille en studio pour que ce soit parfait !”. Ce n’était pas prévu, ce n’était qu’un concert, puis une tournée, puis un album.

Une réecriture avec des cordes à la Gainsbourg 

Qu’apporte aux titres de Cage The Elephant le fait d’être joués dans ces conditions ? Un vrai renouveau et de la profondeur. Pour être tout à fait honnête, votre serviteuse plutôt très fan du groupe, a fait partir des messages enthousiastes à son entourage pour encourager à aller écouter ce nouvel album, et ce nouveau morceau il est top, etc., sans se rendre compte, dans un premier temps, que ce truc si nouveau n’était en fait qu’un album best-of, pas un seul nouveau titre… Conclusion humoristique : blonde. Conclusion optimiste : il doit être plutôt bon cet album pour s’y méprendre à ce point !

Donc une vraie nouvelle écoute, avec un son résolument plus vintage, les cordes donnant une résonnance Gainsbourgienne aux titres comme sur “Sweetie Little Jean” ou “Too Late to Say Goodbye”. Les morceaux phares les plus connus, “Shake Me Down” et “Aberdeen”, ont toujours été taillés pour le live, pour les grandes arènes. Ici ils deviennent des hymnes solaires et heureux, teintés d’une douce nostalgie souriante nous ramenant aux débuts du groupe. Le filtre parfois bruyant du garage, même si on en est fan, est dorénavant ôté et fait la place belle à la mélodie.

Les Strokes n’auraient pas dû être invités

Il y a donc trois reprises qui viennent s’ajouter aux chansons originales du groupe. En seconde position dans l’album, “Whole Wide World” d’Eric Goulden, plutôt réussie. On s’empressera de zapper en revanche l'”Instant Crush” des Strokes qui est déjà insupportable version Strokes vocodée, mais qui en devient douloureuse avec les notes trop graves et donc approximatives de Matthew. Et pour rester sur une note positive, on valsera très volontiers sur leur version de ce bon vieux “Golden Brown” des Stranglers.

On entend l’enthousiasme du public, et le groupe reconnait avoir pris beaucoup de plaisir à produire cet album. Ils l’ont vécu un peu comme le feuilletage d’un album photo retraçant de jolies tranches de vie dans l’histoire familiale. Ils ont revisité avec tendresse des morceaux dont ils avaient oublié les détails de l’écriture, les anecdotes. Peut-être une manière de tourner la page en attendant de nous proposer de nouveaux projets excitants ? Qui sait…

► Unpeeled, sortie le 28 juillet 2017 (Jive Epic/RCA). En concert  à Osheaga le 5 août.

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