Asaf Avidan, en toute intimité
PETIT COMITÉ – Asaf Avidan sortira son nouvel album, le 3 novembre prochain. Lundi 25 septembre, il nous a dévoilé quelques secrets de fabrication.
C’est là ? T’es sûre que c’est là ? On est dans le hall d’un immeuble du 11e arrondissement de Paris. On a rendez-vous pour écouter en avant-première l’album d’Asaf Avidan. The Study on Falling est attendu pour le 3 novembre, mais une poignée de privilégiés est invitée à entendre les titres avec quelques mois d’avance. On nous a donné rendez-vous dans un appartement. Les indications étaient simples : un immeuble, un code d’entrée et un étage. En arrivant sur les lieux, on ne s’attendait pas à découvrir un studio photo très intimiste. Une trentaine de personnes. Un buffet végan, quelques cocktails à base de citron.
The Study on Falling résonne en fond sonore. Le son n’est pas assez fort pour qu’on puisse bien écouter. La rumeur des conversations est beaucoup trop forte et couvre la voix pourtant puissante d’Asaf Avidan. On s’assoit pas loin des baffles, un peu à l’écart, histoire d’en entendre quelques bribes. On comprend, de ce qu’on capte, que ce n’est pas joyeux. Que les influences sont folk. Très folk. L’inspiration en tout cas. Il dira plus tard qu’il avait envie de retourner aux sources. Ils disent souvent ça, les artistes. Oui, Asaf Avidan est là. C’est une surprise. On ne l’avait pas dit. Une mini-scène est installée dans un coin. Une chaise haute posée sur un tapis rose. Derrière, il y a des statues thaïlandaises. Il chantera trois titres pendant la soirée. Seul, avec sa guitare sèche. Pas d’amplification. Il prévient : “il va falloir être très calme”.
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Romantisme
“My Old Pain”, c’est avec ce titre qu’Asaf Avidan commence son petit show. Lui aussi souffre. La souffrance, c’est ce qui nourrit sa musique. Depuis toujours. Les chants les plus douloureux sont les plus beaux, n’est-ce pas ? Musset le savait, des siècles avant nous. Et ce nouveau disque semble tout entier construit sur la douleur, la peine, les relations amoureuses réussies ou ratées d’ailleurs. “Comme d’habitude, il s’agit de ma vie amoureuse. Et j’utilise le mot amour dans un sens très large, comme la manière dont on se connecte à un autre être humain. J’ai échoué plusieurs fois dans ma vie amoureuse, ceux qui sont familiers de mes albums le savent très bien et ces deux dernières années, j’ai essayé une nouvelle forme de relation, se connecter avec une autre personne sans pour autant avoir les mêmes formes d’attentes. J’ai étudié les tourments que ça implique. Il y a eu de superbes réussites et de mémorables échecs et cet album traite des deux personnes avec qui j’ai essayé de redéfinir la notion d’amour”, explique le chanteur. Cette explication a pris du temps à sortir, si bien que pour alléger le silence qui s’installe, il plaisante “je vais aller appeler ma mère maintenant”. Ça marche, l’audience explose d’un rire commun.
Le retour aux sources pour Asaf Avidan, c’est aussi dans la manière d’enregistrer son album. C’est dans un studio de Malibu, face à l’océan Pacifique qu’a été fabriquée, façonnée cette galette. Sous la houlette du producteur Mark Howard. Une villa transformée en studio. Il y a Asaf Avidan et des tas de musiciens, qui viennent, qui partent. Ils dorment, mangent, respirent musique. Une grande pièce fait office de salle d’enregistrement, pas de vitre de séparation, pas de salle de commande, tout le monde est ensemble. “On a enregistré ça un peu comme dans les années 1950″. Une vision romantique de la musique qu’Asaf avait simplement fantasmée jusque-là. “C’est la manière la plus agréable, la plus détendue et inspirante de faire de la musique”. Et ce romantisme, on le ressent dans The Study on Falling. Mais, ça, on en parlera en temps voulu.
Avant de partir et de nous abandonner à la nuit qui tombe sur Paris, Asaf nous prévient : il aime conclure ses concerts sur une chanson déprimante. Histoire que l’on soit tous bien déprimés en prenant le métro ou le vélo. Mais à ce qu’il paraît, la musique triste rend heureux. Heureux alors, nous l’étions même si nos yeux s’embuaient et que nos cœurs se serraient. Et heureux, nous l’étions en reprenant le chemin de nos chez nous. En plus, ce lundi soir, il ne pleuvait pas. Rien ne pouvait être moins déprimant.