Julien Baker, son nouvel album, et Philadelphie
LIVE REPORT – On a découvert le dernier album de Julien Baker, sur une scène de Philadelphie. De quoi savoir ce qui nous attend pour sa tournée européenne.
Il y a quelque chose de passionnant à aller découvrir une artiste dans un contexte différent. De Julien Baker en live, je ne gardais que ce souvenir d’une soirée intime au Supersonic. Une soirée où la difficulté du public m’avait agacée, mais où la musique de Julien Baker avait été sensationnelle. J’avais frissonné, j’avais tremblé, j’avais pleuré. C’était au moment du sublime album Spained Ankle et Julien Baker semblait alors jeune et fragile dans ce rôle d’artiste solo cachée derrière sa grande guitare.
Cette fois-ci, je l’ai re-découverte d’une toute autre manière, donc. À Philadelphie, dans l’incroyable salle de l’Union Transfer, pour la dernière date de sa tournée nord-américaine associée à Turn Out The Lights, son dernier album. Elle partageait l’affiche avec deux autres artistes féminines : Petal et Half Waif. Je te passe les concerts de ces deux femmes, l’une en formule solo, l’autre en formule groupe. Le ton du songwriting était donné, mais c’est Julien que j’attendais. Et le public aussi. Et quel public. Nombreux, déjà. Je n’imaginais pas Julien Baker remplir une salle aussi énorme. Des centaines de spectateurs attendaient dans le calme cette artiste pour lui réserver un accueil plus que chaleureux.
Julien Baker en route vers les sommets
Dès les premières notes d’ “Appointments”, le public fait silence. Les appareils photos crépitent. Et les lèvres murmurent les paroles. Incroyable. Le public connaît déjà par cœur ce premier single d’un album sorti à peine quelques jours auparavant. Et je retrouve tous les souvenirs de Julien Baker, en plus grands. Elle vogue délicatement de ses murmures caressants à ces cris déchirants. Elle change de guitare et vient s’installer parfois au clavier. Et elle est même accompagnée ponctuellement d’une violoniste. Cette dernière vient souvent renforcer les anciens morceaux et leur apporte une dimension encore plus consistante, comme sur “Sprained Ankle”.
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Entre les chansons, Julien Baker se montre un peu moins timide que dans mes souvenirs, n’hésitant pas à plaisanter gentiment avec un public en admiration. La bonne ambiance est aussi dans les coulisses, puisque ses comparses lui installent, sur “Turn Out The Lights”, une sorte de bonhomme géant gonflé et virevoltant en arrière-plan. Elle tâchera de finir sa chanson sans éclat de rire lorsqu’elle verra le résultat, que j’observe amusée du haut du balcon. C’est que le titre finit par une belle montée en puissance, et se doit de s’envoler aussi haut que les bras du monsieur ballon. Pari réussi.
Un succès évident
Et c’est de là-haut que, je l’avoue, je suis le plus impressionnée par ce petit bout de femme devant moi. La portée émotionnelle des nouveaux titres n’atteint pas tout à fait celle des anciens. Moins intenses peut-être, moins tragiques sûrement. Mais ils sont plus lyriques, et s’envolent pourtant très haut avec ces notes de claviers sur “Claws in Your Back” ou “Hurt Less”. Mais rien ne vaut d’entendre et d’observer le public chanter à voix haute et claire sur “Everybody Does” ou “Rejoice”. Quel succès. Quel amour débordant pour Julien Baker dans cette salle de l’Union Transfer…
Un amour tout entier partagé et célébré sous les applaudissements nourris qui suivent le dernier titre, “Something”. Car Petal et Nandi Rose Plunkett de Half Waif viennent rejoindre les chœurs pour entamer avec Julien et sa violoniste une merveilleuse version de “Good News”. Julien Baker, si bien accompagnée, a bien grandi. Et est prête à conquérir les foules européennes. En espérant que Paris soit maintenant à la hauteur et rejoigne les rangs des nombreux et parfaits amoureux américains de Julien Baker.
► Turn Out The Lights, sorti le 27 octobre 2017
► En concert aux Étoiles le 13 novembre (places à gagner par ici)
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