Lady Bird : chronique douce-amère d’une vie adolescente
CHRONIQUE – Nommé aux Oscars, récompensé aux Golden Globes, “Lady Bird” de Greta Gerwig ne cesse de faire parler de lui. Retour sur ce film doux et amer sur le passage de l’adolescence à la vie d’adulte.
C’est l’histoire d’une adolescente qui veut vivre quelque chose de vraiment vrai. Christine McPherson a 17 ans, nous sommes dans les années 2000, post 11/09. Elle ne roule pas sur l’or, elle est inscrite dans un lycée catho de Sacramento et ne s’entend pas très bien avec sa mère. Sur le papier, Lady Bird, le premier film de Greta Gerwig, n’a pas l’air vraiment très original. Cela ressemble à n’importe quel teen movie. Mais, l’actrice qui passe derrière la caméra pour la première fois, a ce don de rendre un film au scénario simple comme un téléfilm de l’après-midi vraiment différent.
Christine, qui se fait appeler “Lady Bird”, est l’héroïne au premier abord pas très sympathique. Effrontée, rebelle, elle ne fait pas grand chose pour se faire apprécier : remarques acerbes ou à côté de la plaque, l’adolescente campée par Saoirse Ronan est finalement la jeune demoiselle que l’on a toute été à un moment. Greta Gerwig jure, mordicus, que ce film n’est pas autobiographique, pourtant de nombreux points sont inspirés de sa propre vie. Elle a grandi Sacramento, elle est passée dans une école catholique, c’est là qu’elle découvre sa passion pour le théâtre et, comme Christine “Lady Bird”, elle a eu une relation conflictuelle avec sa propre mère.
Teen movie, oui, mais à la sauce Greta Gerwig
On dira ce qu’on voudra mais, un film touche vraiment le téléspectateur lorsqu’il exprime quelque chose de réel, de vraiment vécu. Et, la sensibilité qui se dégage de Lady Bird, elle n’est pas feinte. Elle est vraie, c’est ce qui rend cette histoire banale, absolument exquise. Greta Gerwig a su y ingérer beaucoup de tendresse et d’humour. Elle n’a pas cherché à révolutionner le genre. Elle a même casé toutes les cases : la meilleure amie délaissée, la première fois ratée, le premier amour, le bal de promo, les disputes répétées avec la mère autoritaire et bornée, les doutes sur l’avenir, sur ses propres envies, sur le passage à la vie d’adulte.
Mais, Greta a cette intelligence de les traiter sous un angle différent, en y ajoutant des détails qui lui sont propres : un décalage, une ironie, une blague un peu idiote, une réplique absurde. C’est la personnalité de Greta Gerwig, demoiselle excentrique et charmante qui déteint sur chaque plan de Lady Bird et une donne cette saveur douce et amère.
L’actrice/réalisatrice a aussi su réunir un cast impeccable : Saoirse Ronan, déjà, éternelle adolescente pourtant âgée de 23 ans, qui illumine et fait pétiller chaque image du film. Laurie Metcalf est parfaite dans le rôle de la mère dure mais aimante portant sa famille à bout de bras en travaillant comme une acharnée. Le duo mère/fille aurait mérité que Greta Gerwig l’exploite plus. Cette relation fusionnelle et explosive entre deux personnes qui se ressemblent tellement qu’elles ne peuvent plus se supporter.
Les personnages secondaires sont aussi remarquablement bien choisis : de Lucas Hedges, le petit ami à Timothée Chalamet, insupportable en solitaire nonchalant. Ce dernier est également à l’affiche de Call Me By Your Name et il est d’ailleurs nommé aux Oscars pour sa prestation dans ce film.