B. Demi Mondaine : elle est cette femme que l’on voudrait être
BILLET D’HUMEUR – B. Demi Mondaine était au dessus du lot, lors des auditions à l’aveugle de The Voice. Pour certains, elle était trop sexy, trop assurée, trop vulgaire… Hé ho ? Quand est-ce que vous évoluez ?
Décidément, chaque samedi, un épisode de The Voice fait polémique. Une autre femme est sous le feu des critiques cette semaine : B. Demi Mondaine. Un nom de scène qui sent la provocation, une provocation assumée. Pour avoir vu le groupe (parce que c’est un groupe à la base), il assure. Et Béatrice, elle est ce cocktail détonnant d’énergie brute et de sensualité sauvage. Pour ceux qui ne savent pas, le terme demi-mondaine qualifie ces femmes “légères”, au XIXe siècle, qui étaient entretenues par de riches hommes. Surtout à Paris. Bref, ce sont un peu des courtisanes, elles vivaient, oisives, dans le luxe ostentatoire.
Béatrice a toujours assumé et défendu ce nom de scène. Aux copains d’Indie Music, elle expliquait déjà en 2016 qu’elle a toujours admiré ces femmes. Elles et “le fait qu’une femme, à cette époque, n’avait pas tellement le choix de subir sa condition et de rester à la maison. Alors, certaines, un peu cultivées ou malignes et jolies pouvaient se servir de leurs charmes pour évoluer et grandir en société. Ce n’était pas la maison close, elles subissaient moins. C’était une sorte de féminisme. Elles gardaient une distance qui fascinaient les hommes”. Et d’ajouter : “La vie des femmes a toujours été difficile et l’est encore aujourd’hui. J’ai été victime, comme toutes, de sexisme toute ma vie. On ferme souvent notre gueule, étant jeune, mais l’idée est de s’affranchir, toujours, et ne rien banaliser… Plein de choses paraissent normales pour tout le monde, par exemple le harcèlement de rue : ‘elle l’a cherché, elle s’habillait comme une pute’. Mais non, elle fait ce qu’elle voulait.”
Elle fait ce qu’elle veut
C’est marrant, parce que justement, c’est exactement ce qu’il s’est passé samedi soir. Béatrice est belle. Elle est magnifique. Blonde peroxydée, tatouages apparents. Sur les bras, les avants-bras, les cuisses. Elle a un corps à se damner, des jambes qui n’en finissent plus. Elle portait une combi-short bleue, moulant ce corps longiligne. Sur scène, elle chante “Baby Did a Bad Bad Thing” de Chris Isaak. Parce que, entre parenthèse, il n’y a pas que “Wicked Game” dans la discographie de ce monsieur. Titre très explicite. Tu te rappelles du clip ? Chris Isaak a toujours joué la carte de l’hyper sexy, voire du sexuel. Ça n’a jamais dérangé personne.
Quand Béatrice Demi Mondaine joue cette carte, sensuelle, sauvage, sexy, assumée, féline, affirmée, assurée, la voilà jetée en pâture. Sur Twitter, certains internautes la juge vulgaire. J’ai lu : “il faut avoir des lacunes énormes en histoire… où aimer ça ?”, “il faut vraiment qu’elle gagne cette année, elle n’a même plus de fric pour s’habiller”, “c’est cette quarantenaire bien entamée aux mœurs de salope qui sera mise en avant dans une émission familiale ?”, “à quel moment tu choisis un pseudo pareil au vu de la signification ? Elle se dénigre volontairement”, “Demi-mondaine la chanteuse et demi-molle pour Pascal ObispoI, “Demi Mondaine, elle dit pas son âge parce qu’elle a 45 ans, elle a pas compris que les combi-shorts c’est fini pour son âge”.
Elle est libre
Donc, on critique ses fringues, parce que son short serait trop court et qu’elle approche les 40 ans. D’ailleurs, on n’a pas arrêté de lui demander son âge. Entre nous, qu’est-ce que ça peut vous foutre ? On dit qu’elle minaude, qu’elle gémit, on la juge hautaine, on critique son nom de scène. Non. Elle s’assume. Elle est dans la lignée des Patti Smith, PJ Harvey, Courtney Love et des Gwen Stefani de la grande époque (les années 1990).
Oui, elle a de l’assurance, elle est cette femme que l’on voudrait être. Celle qui envoie chier le regard des autres, celle qui s’écoute d’abord avant d’écouter les autres. Béatrice est belle, sexy, elle est rock’n’roll, elle est libérée, elle est libre. Elle fait ce qu’elle veut. Elle. Est. Libre. Et c’est ça qui vous dérange ? Il est là, le problème. Béatrice Demi Mondaine disait déjà dans cette interview à Indie Music : “Il ne va pas falloir régresser dans la société. Il va falloir se battre pour les droits et le respect”. J’ai le regret de constater qu’on a beau avancer dans le temps, les mentalités, elles, régressent. C’est pour cela que l’on a besoin de femmes comme Demi Mondaine.
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