Tre Burt, folk à l’américaine sur “Caught It From The Rye”
CHRONIQUE – Écoute obligatoire pour cet artiste qui fera probablement écho en toi. Tre Burt et son album “Caught It From The Rye”, ou l’histoire d’une comparaison qu’on refuse de faire.
Je ne sais pas comment éviter de faire ce que j’ai toujours détesté faire. Comparer un artiste à un autre. On m’a déjà dit (pas ici dieu merci) que c’était nécessaire pour les lecteurs, que certains d’entre eux avaient besoin de références connues pour les pousser à découvrir quelque chose. Appelez-moi snob si vous voulez, mais si ces gens-là existent, alors je n’ai pas envie d’encourager leur fainéantise. Un artiste, quel qu’il soit, mérite qu’on le découvre pour lui-même. Point.
Si la comparaison doit venir, alors elle doit venir après, et rester le plus personnelle possible. Mais avec Tre Burt, il y a fort à parier que beaucoup partageront les mêmes impressions. J’ai attendu de le voir en concert pour parler de son album, “Caught It From The Rye”. Il me fallait vérifier. Vérifier que tout cela n’était pas un tour que me jouait mes pensées. Que ce n’était pas simplement le résultat de mon esprit délirant en manque d’une époque que j’aurais rêvé avoir vécue et qui s’exprimait là en sourires entendus et douce chaleur à l’écoute de ces quelques 9 titres. Après un concert en solo en petit comité, c’était sûr et certain.
Protest songs et anti-chansons d’amour
Tre Burt vient de Sacramento. Il a voyagé. Il voyage encore en tournée européenne cette fois, entre l’Italie, l’Allemagne et l’Espagne. Il est chargé, avec sa guitare, son harmonica, et sa valise pleine de vinyles tout neufs. Tre Burt écrit des chansons. Des protest songs sur ces “crazy times”, lui qui se s’excuse pour l’Amérique actuelle. Des “anti-lovesongs” aussi, de celles qu’on préfère parce qu’elles sont quand même plus vraies. Des chansons sur la fin du monde (“Only Sorrow Remains”) et aussi des chansons où il s’interroge sur la nature des gens qu’on aime et ce qu’on projette sur eux (“Real You”).
Tout ça, il le fait seul. Une guitare, un harmonica et cette voix. L’évidence frappe immédiatement. Tre Burt pourrait aussi bien venir d’un lointain passé que d’un futur pas encore imaginé. Pourtant bien ancrée dans notre époque, sa musique, sur album comme en concert, est intemporelle. Chacun y trouvera ce qu’il voudra. Moi, j’y ai trouvé l’occasion d’effleurer ce qu’était cette grande décennie de la musique que je n’ai pas connue. Cette époque où le folk venait soudain s’imposer naturellement et nourrir le reste. Je n’en dirai pas plus.