Yesterday, une romcom sur la musique d’aujourd’hui
MOVIE – C’est l’année de la musique au cinéma. Dernier film en date qui te donnera envie de te replonger dans ta collection de disques : Yesterday.
Un monde sans les artistes d’aujourd’hui serait-il plus difficile à supporter ? C’est la question que je me suis posée en sortant de Yesterday ce soir. Parce que dans ce film de Danny Boyle et Richard Curtis, il y a cette remarque faite sur les Beatles. Un monde sans leurs chansons serait un monde bien pire. Et je suis terriblement d’accord avec ça. Les Fab Four ont changé la face du monde, ou tout du moins du monde musical. Est-ce qu’on pourra dire de même d’un quelconque artiste de cette dernière décennie, dans 50 ans ? Ça reste à voir. En attendant, autant fredonner les vieux tubes au cinéma.
La musique et le cinéma, une histoire d’amour intarrissable
Et en ce moment, le concept tourne à plein régime. Queen et Bohemian Rhapsody. Elton John et Rocketman. Et maintenant The Beatles et Yesterday. À la différence peut-être qu’on n’a pas à faire à un biopic ici, mais bien à une fiction. Un scénario qui tient en quelques lignes. Un black-out mondial, les Beatles qui disparaissent de la face du monde et de la mémoire collective. Et un musicien étrangement préservé, qui se souvient de ce groupe culte et décide de s’approprier un répertoire qui n’existe plus pour lancer sa carrière. Une excuse à vrai dire, juste une excuse pour le tandem Boyle et Curtis.
Une excuse pour parler de l’industrie musicale et de son public, d’abord. De la présence d’Ed Sheeran aux petites phrases bien senties sur la composition des tubes dans notre système actuel, Yesterday nous montre l’évolution incroyable d’un monde qui n’a eu de cesse de se tourner vers la massification et le profit. Alors bien sûr, le film ne fait pas dans la dentelle. On y est soit un artiste raté, soit une superstar. Vision restreinte et assez médiocrement présentée il faut dire. Mais cela offre tout de même quelques moments de francs sourires (aaah, la construction d’une image à marketer…).
Richard Curtis, l’homme qui sait parler musique
Cela permet aussi à Richard Curtis de faire ce qu’il fait de mieux : filmer ce que la musique signifie pour les gens. Que ce soit dans Love Actually (et sa scène de mariage sur « All You Need Is Love ») ou dans Good Morning England ! (The Boat That Rocked, chef d’œuvre s’il en est), Curtis ne s’est jamais loupé sur ce point. Et dans Yesterday, il filme avec justesse les concerts, les émotions et les réactions déclenchées par quelques chansons. Avec la réalisation léchée et colorée de Danny Boyle, Yesterday devient un témoignage des plus grands traits de la consommation musicale d’aujourd’hui : course aux likes, photos pendant les concerts, lampe torche des portables dans les stades… Juste un instantané de notre époque, sans aucun jugement. Et qui, étrangement, nous pousse à s’interroger sur tout cela…
Mais un scénario de Richard Curtis n’en serait pas vraiment un s’il n’y avait pas une histoire d’amour cachée là-dessous. Et forcément, c’est bien le nerf de la guerre de l’avancée du film : l’histoire d’amour entre Jack (Himesh Patel) et Ellie (Lily James), sa première fan / meilleure amie / manager des débuts, qui voit s’éloigner avec regret l’amour de sa vie à qui elle a avoué trop tard ses sentiments. Rien de neuf de ce côté, une fin attendue (allons donc, on parle du scénariste de Notting Hill quand même !), mais un casting relevé par cette solaire Lily James qui fait passer l’affaire.
Un film moins nostalgique qu’il n’y paraît
Au final, on ne tient pas le film de l’année. Et pourtant… Pourtant, c’est rempli de pensées et de questions sur le monde de la musique actuelle qu’on ressort d’une séance de Yesterday. Derrière les refrains imparables des Beatles qui nous trottent dans la tête, Yesterday cache le point de départ de nombreuses conversations à venir entre amoureux de la musique. Des conversations qui l’opposeront aux biopics de cette année. Des conversations qui parleront consommation musicale. Des conversations qui mèneront aux éternels débats sur les Rolling Stones, Oasis ou Coldplay. Mais des conversations qui mèneront toutes au même constat : avec les Beatles, le monde est quand même vachement plus sympa.