“Lust and Learn” de The Slow Show : de la lumière, toujours de la lumière
CRITIQUE – Les Anglais de Manchester viennent de sortir “Lust and Learn” leur 3e album studio. Un condensé de pureté et d’espoir à travers la tempête de la vie.
Tout commence dans le silence. Les tampons du piano qui tapent les cordes de l’instrument. Délicatement. Tout doucement. Une pause. Le silence. Par plus de notes d’abord, des accents, des accords, puis des vagues de synthés atmosphériques, même une batterie. Une respiration. Les double-croches du piano martèlent toujours la cadence. Et d’un coup, tout s’arrête. Des cordes, subtiles, font leur apparition. C’est “Amend”, l’entrée en matière instrumentale du nouvel album de The Slow Show, ce groupe de Manchester que l’on a découvert bouches bées en fin de soirée au Point Éphémère devant un public peu fourni.
“Amend” n’est qu’une parenthèse. Elle s’enchaîne rapidement avec “Eye to Eye” et son introduction stratosphérique portée par ses chœurs féeriques. La deuxième chanson sur le papier, mais la première où l’on entend le chanter-parler carverneux de Rob Goodwin, une de plus grande marque de fabrique du groupe. Prudemment toujours, l’intensité grimpe, les cuivres, la guitare électrique cotonneuse, la batterie héroïque, et les chœurs masculins. Et cette voix sensuelle qui martèle l’attente et la déception. On s’imagine alors parcourir une mégalopole de nuit, fenêtre ouvertes, perdu dans nos pensées, lumières de la ville en seul ligne de mire.
Une entrée en matière qui résume à elle seule toute la force musicale de The Slow Show et de Lust and Learn, leur dernier album. Une pureté textuelle et des mélodies mélancoliques à souhait bourrées d’un espoir furtif qui va et vient. Mais toujours présent. Des nappes atmosphériques et des émotions à ne plus savoir comment les gérer. The Slow Show c’est ça. Cette capacité à nous immerger en un clap de doigt dans des compositions cinématographiques grandioses.
Combler les fêlures
Si la première partie de Lust and Learn est plus sombre, la respiration libératrice arrive à moitié d’album avec la courte instrumentale “Breath:Air”. Une brise emporte sur son sillage la brume qui s’était immiscée imperceptiblement dans chaque fissure, chaque fêlure, chaque blessure. Le “call for love” de “The Fall” vient à point, son balancement pesant mais réconfortant amené par le martèlement du piano et le rythme syncopé de la basse.
“Vagabond” se veut de plus en plus affirmé : “darling you’ve changed, but nothing stays the same, no one else to blame”. Les percussions sont enlevantes, tandis que les cuivres font un duo avec la ligne vocale, avant d’atteindre un grisant paroxysme par le solo de trompette. L’allègre “Exit Wounds” vient en pansement à une douloureuse relation à distance d’un père et sa fille (“St. Louis”), avec des apparitions vocales de la chanteuse Keisha Jones. Des doutes, des craintes ou de simples réflexions mis en musique avec empathie, de banales histoires qui prennent vie et cœur dans ces mélodies épiques.
Le cœur se contracte, se gonfle. Il est vivant. Le cœur s’éprend de compassion et de tendresse pour ces récits de vie racontés et magnifiés par le groupe anglais. The Slow Show c’est surtout ça : des conteurs modernes d’espoir, qui apportent de la lumière même là où on ne semble plus en voir.
Lust and Learn (PIAS) – sortie le 30 août 2019
En concert le 12 octobre au Pop-Up du Label.
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