Un samedi soir à Besançon pour le Festival Détonation
FESTIVAL – Pour le dernier festival extérieur de notre année, Détonation nous a servi une belle affiche. Retour sur les concerts de Voyou, Fat White Family, Jeanne Added et Mattiel.
À Besançon, au bord du Doubs, au pied de la Citadelle et à l’ombre de la Rodia se trouve une “friche artistique”. Hangars et espaces parfaits pour organiser par ici un festival : le festival Détonation. Y ont joué samedi dernier des groupes qu’on avait hâte de (re)voir. On vous dit tout.
Ambiance colorée pour commencer
Voyou, le groupe lillois bienheureux de nous raconter les bruits de sa ville, est venu poser l’ambiance de ce début de soirée, sur la grande scène. Végétation colorée côté scène, bracelets lumineux bleus autour des poignets côté public : on a immédiatement retrouvé la vibe anti-morosité qui caractérise Thibaud et sa bande. Et le public l’a bien compris, lui venu en nombre pour sautiller et danser sur les nombreux tubes pop du set (“Seul sur ton tandem”, “Papillon”, “On a marché sur la Lune”…). La trompette, les chœurs, les claviers, et ces rythmes chauds qui décrivent si bien la ville et sa vie ont emporté l’adhésion générale. Inutile de préciser que la descente de Thibaud au sein de la foule a scellé définitivement l’amour partagé entre Besançon et l’artiste. Un peu plus et on se serait à nouveau cru un jour de printemps en plein soleil. C’est ça la magie Voyou.
Mais pas le temps de niaiser, on quitte très vite la grande scène pour rejoindre la Fat White Family. Pour moi, c’est un peu un rendez-vous qui se concrétise enfin, incapable que j’étais de me trouver dans la bonne ville au bon moment pour les voir sur scène. C’est chose faite maintenant, et autant dire qu’il était grand temps. Dès les premières secondes, j’avoue m’être trouvée en grande difficulté. C’est une chose que de connaître les albums, c’en est une autre que de les découvrir sur scène. Et quand tu as pour mission de prendre des photos sur les 3 premiers titres, il faut savoir se concentrer sur ce que tu vois, pas toujours sur ce que tu entends. Difficile, très très difficile si, comme moi, la musique prend le dessus sur la raison quand elle est bonne. Et là, elle était très bonne.
Le mur du son de la Fat White Family
Fat White Family en live, c’est un peu comme une vague de chaleur qui monte très vite. C’est tout à coup une musique qui parle très très fort à tes hormones, tu vois. Et je te vois venir. Non, ce n’est pas parce que j’avais 7 hommes devant moi que mes hormones se sont affolées. Je ne donne pas dans les rouflaquettes, dans les casquettes roses, ou les joggings dégueulasses, crois-moi. Si je me suis pris une claque, c’est plutôt parce que j’avais devant moi des guitares hypnotisantes et lancinantes, une basse profonde, un saxo déroutant, des claviers séduisants, une flûte inattendue, une batterie implacable et une voix… pfouah pfouah pfouah…
Parlons-en, de la voix de Lias Kaci Saoudi. Le mec a beau être connu pour ses frasques (absentes ce soir-là, ouf), c’est une erreur que d’insister sur ce point plutôt que sur sa voix. Littéralement parfaite en toutes situations, que ce soit sur les titres les plus “pop” de Serf’s Up, que dans ses cris sur les anciens tubes plus punk. Alors quand cette voix est en plus accompagnée d’un charisme dingue et d’une énergie folle (allées et venues régulières vers le public), et soutenue par un mur de classe sans nom (ses 5 autres compagnons), on dit amen, alleluia, merci, gloire au rock, gloire à la tête de cochon dans la batterie, revenez quand vous voulez les gars. Et puis on essaie de rester calme quand on constate qu’on a foiré les photos du concert tellement on était en train de prendre son pied. C’est qu’ils vous font perdre toute notion du temps et de l’espace, ces garçons-là.
L’électrisante Jeanne Added
Difficile d’enchaîner, on ne va pas se mentir. Surtout quand la suite est dans un tout autre style. Mais il s’agit de Jeanne Added, alors on y va quand même. Et qu’est-ce qu’elle envoie ! Musicalement, je dois admettre que ce n’est pas ma came. Mais impossible de ne pas reconnaître le talent fou qui se dégage de ce petit bout de femme qui balance toute son énergie, tout ce qu’elle est, tout ce qu’elle veut comme ça, d’un coup d’un seul, au public. Dans sa parka pour les premiers titres, derrière son micro, de front, immobile, elle en impose. Du moins jusqu’au moment où elle se débarrasse de tout cela et qu’on comprend ce qu’est vraiment la tornade Jeanne Added. Elle court, saute, parcourt toute la scène pour ne laisser personne de côté.
Les musiciens aux manettes sont dans l’ombre, à l’arrière, pour laisser toute la place à l’artiste. Et c’est peut-être là tout ce qui explique que je n’arrive pas à adhérer à un concert complet. L’électro ultra-dansante qui a emporté toute la foule a pour moi été complètement éclipsée par la personne. Et une fois qu’on en a fait le tour, la musique elle-même n’a pas su me retenir. Mais peu importe, le public était lui au rendez-vous, venu en masse danser et applaudir l’artiste. Clairement la tête d’affiche de la soirée.
Mattiel, la voix qui balaie tout
Un petit passage dans la seule salle fermée de ce festival pour aller danser sur Dombrance, projet électro du producteur Bertrand Lacombe . Une fois réchauffée et un peu assourdie, retour à l’énergie rock de Mattiel. Mattiel, c’est une jeune graphiste américaine qui finit signée sur Burger Records à faire les premières parties de Jack White. Pourquoi, comment ? Pas compliquée. Parce que la nana compose des pépites mélangeant surf music, bluegrass, voix rock et énergie brute de décoffrage. Un truc carrément sauvage et en même temps terriblement maîtrisé. Un album Satis Factory auquel tu adhères immédiatement pour les sonorités sixties convoquées, le tout en réussissant à te faire penser aux Arctic Monkeys (“Heck Fire”), à du Syd Matters sous speed (“Keep The Change”) et à Tarantino (“Count Your Blessings”).
Sur scène, c’est au départ une autre histoire. Les hommes (bassiste, guitaristes, batteur) sont ultra-lookés, presqu’un peu clichés. Mattiel, elle, débarque toute de cuir vêtue, sans trop regarder le public, et déroule ses premiers titres de manière assez détachée. Je ne la sens pas tout à fait dedans, même si les titres sont impeccables. Mais passés les 3 ou 4 premiers morceaux, les chevaux semblent être lâchés. On reçoit enfin la vague d’énergie qu’on attendait. Mattiel lève davantage la tête, échange avec ses musiciens, et on découvre enfin le trésor qu’elle libère complètement. Sa voix. Grave, profonde, un peu rauque… Un truc à la Nancy Sinatra qui rencontrerait la rugosité de Suzi Quatro, avec un coffre encore plus grand. Le genre de chose qui te fait dire que, ok, oué, tu t’es un peu pris une claque là finalement. Le genre de chose qui sonne la fin de ta belle soirée. Merci le festival Détonation !
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