Pomme à la Laiterie, dernier concert avant la fin du monde ?
LIVE REPORT – Jeudi soir semble si lointain déjà… C’est pourtant ce soir-là que Pomme jouait à guichets fermés à la Laiterie de Strasbourg.
C’est jeudi soir 20h que le Président nous annonçait la fermeture des écoles pour le lundi suivant, et nous enjoignait à prendre toutes les précautions possibles. Jusque là, les rassemblements de plus de 1000 personnes étaient interdits, et il fallait se laver les mains. Ok. La Laiterie, avec ses 900 places et ses toilettes sans savon, restait donc ouverte pour le concert de Pomme, qui affichait complet depuis un bout. Le besoin d’entendre autre chose que les informations sur le covid-19, l’inconscience, l’amour de la musique, appelle-ça comme tu veux, mais j’y suis allée.
Grand et intime à la fois
Et au fond, je n’ai pas regretté. Déjà, parce que j’y ai découvert une Pomme que je ne connaissais pas. Il faut savoir que niveau live, je me suis arrêtée avec elle à un moment de sa carrière où elle utilisait encore beaucoup l’auto-harpe, où ses cheveux étaient beaucoup plus longs, où ses chansons se chantaient en solo sous un rai de lumière tout simple. Niveau album, là encore, je n’étais pas forcément au point. Bien sûr, j’ai écouté À peu près et Les failles. Mais pour tout avouer, je dois dire qu’ils n’ont jamais marqué mes playlists, n’ont jamais vraiment tiré leur épingle du jeu dans mon cœur. Seules les légères et naïves chansons du début, découvertes un soir aux Etoiles, dans une de ces premières parties inattendues, ont gardé une petite place particulière dans mon souvenir (“J’suis pas dupe”, “Je t’emmènerais bien”).
Mais il est bien loin le temps où Pomme chantait ces chansons sur scène. Elle a grandi, nous aussi, et force est de constater que son set également. Et d’une manière… Wow. Voilà le mot qui m’est venu dès le début. Wow. Deux musiciennes derrière elle, dans une sorte de “cage” délimitée par des rideaux de plastique transparent. Un écran qui diffuse les belles illustrations de l’artiste Ambivalently Yours. Des lumières qui créent une atmosphère assez grandiose. Le genre de truc que je n’attendais pas forcément pour des chansons aussi intimes que celles de l’album Les Failles. Le genre de mise en scène qui peut vite me repousser, moi l’inconditionnelle des guitares-voix en bord de scène.
Le public de Pomme comme chœur supplémentaire
Mais là, il n’y a rien d’autre à dire que wow. Parce que tout est très justement dosé, très justement ciselé, pour accueillir les mots et les mettre toujours en avant, sans jamais les noyer ou les recouvrir. Même les beats un peu électroniques, même la batterie, rien n’est de trop. Tout est là pour porter Pomme et sa guitare très très haut. Et cela, c’est d’une élégance… Oui, le set de Pomme a été d’une grande élégance, et d’une grande intelligence.
Alternant avec grâce entre ces moments grandioses (“Anxiété”, “La lavande”) et les instants intimistes (“De quoi te plaire”, “Chihiro”), Pomme nous emmène dans son univers intérieur toute en délicatesse, en nous donnant toujours ce qu’on souhaite sans trop le savoir. L’auto-harpe déclenchera des tonnes d’applaudissements, les petits interludes feront rire le public, et à peu près 75% des chansons au bas mot provoqueront des chœurs impeccables du public. Oui, il semblerait que le public de Pomme soit doté de cette capacité à chanter correctement et sans trop gêner le bon déroulement du concert. Décidément…
On tombe le rideau sur les concerts
En fin de soirée, Safia Nolin viendra rejoindre Pomme pour un duo à l’auto-harpe sur “On brûlera”, avant un 2e rappel sur “Grandiose”. Et c’est donc sur ces paroles que se terminera le concert :
La vie que j’avais inventée
Pour toi la vie qu’on nous vend bien tracée
Une vie comme ça n’existe pas
Non, décidément, une vie bien tracée, ça n’existe pas. Et c’était bon de se le rappeler avant de s’enfermer.