Dead Boys et Lipstick Vibrators : punk is not dead

LIVE REPORT – Faire revivre un groupe phare des années 1970, c’est toujours un pari. On est allé voir s’il était réussi avec Dead Boys sur la scène de la Laiterie Club.

J’arrive à la bourre. Je me faufile. Pas le temps de m’installer, pas le temps d’enlever ma veste, on ne rigole pas avec les concerts de punk ici, je n’ai droit qu’à 2 titres pour mes photos du soir. Même pour la première partie, les Lipstick Vibrators. En gros un titre et demi, au vu de ma rapidité d’entrée… Je saisis d’un coup d’œil la situation : le chanteur porte un T-shirt des Turbonegro, la bassiste un T-shirt qui fait référence à Montreuil. Oserai-je dire gage de qualité avant même de juger sur pièce ? Oui. L’ouverture de cette soirée sera punk ou ne sera pas.

Montreuil, terre de rock

Dix-sept titres s’enchaînent à un rythme effréné, les couches tombent peu à peu, le chanteur nous envoie sa verve en pleine face pendant que la bassiste fait groover le public. Un set solide, maîtrisé, à tendance garage, qui remplit plus qu’efficacement sa fonction : chauffer un public qui commencera doucement à pogoter. Mais en même temps qui en doutait ? Montreuil ne déçoit jamais (même avec une sangle farceuse et un micro en pièces détachées).

On sent pourtant que le public est décidément là pour Dead Boys. Le déplacement de nombreux allemands et les tendances capillaires de la soirée nous indiquent une certaine ferveur. C’est que le groupe de ce soir à une histoire qui remonte à loin. À 1975 pour être exacte. C’est il y a presque cinquante ans que le groupe se formait pour être ensuite considéré comme l’une des figures de proue du punk, le vrai, ce mouvement éphémère qui officiellement ne durera qu’une poignée d’années, mais qui sans cesse ressuscitera jusqu’à aujourd’hui. De cette époque pourtant, il ne reste qu’un seul membre sur scène. Parce que Dead Boys n’a vécu que très peu de temps, a splitté avant les années 1980, a fait une courte réapparition, a enterré son chanteur Stiv Bators, a refait une courte réapparition, puis est finalement rené de ses cendres il y a quelques années, sur l’initiative de Cheetah Chrome, qui a réuni de nouveaux membres pour maintenir l’esprit des Dead Boys.

Des Dead Boys aux Dead Boys

Alors cet esprit est-il toujours là ? Un membre sur cinq suffit-il à le maintenir ? Stylistiquement parlant, tout est là. Les jeans moulant, le cuir, les clous, le liner noir autour des yeux, et les T-shirts déchirés. Dans la gestion de la scène aussi, on garde les classiques slams et pogos et la bouteille de whisky. Alors bien sûr, nous ne sommes plus en 1977 ni au CBGB et la performance est un peu moins décadente, mais on peut compter sur Jake Hout et son charisme naturel pour nous garder tout entier fixés sur la scène.

Et puisque le nerf de la guerre reste avant tout la musique, on peut dire que Dead Boys nouvelle version compte bien faire vivre à tout jamais Dead Boys ancienne version. Les titres phares du mythique Young, Loud and Snotty et du suivant We Have Come for Your Children se sont enchaînés et les fans de la première heure n’auront rien eu à en redire. Les plus novices d’entre nous (ceux qui naïvement n’ont retenu du mouvement que les Sex Pistols) n’auront quant à eux que pu se réjouir d’avoir profité d’un excellent concert de rock comme on les aime : sans détour, sauvage, joyeux, à l’image des musiciens du soir. Et pour ça, on est prêt à signer pour tous les retours de flamme du monde.