Francos de Montréal : Fanny Bloom, Marco Ema et les révélations Radio-Canada
COMPTE RENDU – Troisième journée aux Francos de Montréal. On vous raconte nos découvertes et nos confirmations.
Un beau dimanche dans le centre-ville de Montréal s’annonce, alors que je me dirige vers la scène des Brasseurs de Montréal. Aka la scène pour bien démarrer la soirée et faire de chouettes découvertes.
L’éclectisme du paysage musical québécois
J’étais curieuse de découvrir les révélations 2024-2025 de Radio-Canada. Parmi les six projets, deux (Rau_Ze et Soleil Launière) ne m’étaient pas inconnus, voire très bien connus. Même pour une prestation courte (les six révélations ont 1h pour présenter tour à tour quelques chansons), Soleil Launière était impeccable. Ses pièces étant plus longues, elle n’en a présenté “que” deux. Un choix payant, puisque, entourée des choristes montréalaises (CHANCES) et des musiciens de Radio-Can (les très bons William Côté [Les Louanges, MISC] à la batterie, Emile Farley [The Liquor Store Band] à la basse, Camille Gélinas [Lisa LeBlanc, Les soeurs Boulay, Alex Nevsky…] aux claviers) sous la direction de Julien Fillion, Soleil Launière a fait forte impression.
Quant au duo Rau_Ze qui ouvrait le concert, Rose Perron et Félix Paul étaient tout bonnement incroyables (malgré des visages fatigués – ils revenaient de Tadoussac). Entendre pour la 1re fois “Sumerset” en live, extrait de leur premier album paru en mars 2024, m’a fait l’effet d’un cappuccino glacé de chez Tim en pleine canicule. Du bonheur.
Le jeune Miro Chino aussi nous a tapé dans les oreilles, avec son hip-hop jazzé et son aisance scénique. Pas étonnant de le voir en 1re partie d’Eddy de Pretto cette semaine au MTelus. C’était très propre. Gros potentiel par là. Dans un tout autre style, la pianiste classique tout sourire (qui a abandonné ses hautes études en sciences nous dit-on) Elisabeth Pion, séduit le public qui se fait alors silencieux pour écouter ses pièces instrumentales et reprises, dans la lignée d’Alexandra Stréliski. Plus rythmique, avec sa musique teintée de sonorités jazz et afro, Donald Dogbo, derrière sa batterie et son micro, est celui qui a fait le plus grand démonstration tant il semblait rayonnant et heureux de performer avec les musiciens. Sur son coin de scène, il m’a vraiment impressionnée.
Pour finir le concert, diffusé en live sur Radio-Canada, c’est logiquement Kizaba et son projet afro-électro-pop qui a mis l’ambiance chez les festivaliers et curieux de la rue Ste-Catherine. En moins d’une chanson, il faisait sauter toute la foule, baguettes dresser en l’air. Impossible de résister à quelques moves de bassin, je vous le dis !
Fanny Bloom ne déçoit jamais
Plaisir coupable que d’aller voir Fanny Bloom dont certaines chansons font partie de ma playlist de titres préférés. J’arrive alors qu’avec ses lunettes de soleil et son beau rouge à lèvres rouge, elle se tient derrière un majestueux piano blanc. Un peu loin d’elle, son ami de longue date et batteur, Philippe Bilodeau, l’accompagne aussi aux machines. L’alchimie entre eux est évidente, et si d’abord la scène nous paraît grande pour deux, très statiques, la Québécoise parvient très vite à briser le mur.
Il y a beaucoup de familles, et un bon 1/3 du public est composé d’enfants timides, sur les genoux de leurs parents, ou plus dégourdis et curieux, accrochés aux barrières du pit des photographes. Cela faisait cinq ans que Fanny Bloom n’était pas venue jouer aux Francos. Six ans pour ma part que je ne l’avais pas vue en concert complet. Et elle est bonne et très pro’ Fanny, souriante et sincère, elle nous apprend vite être “heureuse de renouveler avec le festival”. Elle interprète les nouveautés de son dernier album Hollistique sorti l’année dernière, mais n’en oublie pas ses classiques de 2016. “PaceMaker”, “Piscine” ou “Danse avec moi”, sa reprise mélancolique de Martine St-Clair à la guitare acoustique.
Et pour clore son concert, malgré le cri déchirant d’un enfant du public, elle se fait le plaisir de nous laisser avec “Te quitter”, une reprise de Daniel Bélanger de circonstance.
Marco Ema, les papas et le rock cool
Je ne l’avais toujours pas vu sur scène, suite à la sortie de son album Anyway, Mommy Love, hommage à son papa décédé. Marco Ema défendait sur la scène Spotify son dernier album, le jour de la fête des pères, accompagné de trois musiciens (Gabriel Lapointe à la batterie, Raphaël Bussières [Lucill] à la basse et Anthony Cayouette [Leone Volta] à la guitare). Le moins que l’on puisse dire c’est que Marc-Antoine (Marco donc) était en forme. La veste tombe au bout de quelques chansons, et les démonstrations d’affection entre guitaristes réjouissent un public de connaisseuses et connaisseurs.
Il est à l’aise Marco Ema, que ce soit pour faire chanter avec lui “Funambule (tout restera pareil)”, répondre aux questions du public, présenter son amie Gabrielle Shonk venue interpréter avec lui “On s’aime jusqu’à quand ?” ou embrasser rapidou son guitariste, à genoux. Ça virevolte, ça saute, et ça fait même chorégraphier au public le signe rock de la main pendant toute une chanson (et même après !). On se croirait par moment (“Rose nostalgie”) dans un bal de finissants aux US, avec un poil de drama dans le fond, dans le genre 13 Reasons Why mixé à Wayne’s World (vous voyez le genre ou c’est too much ?).
L’ensemble est bien plus rock que sur ses deux albums, et le set fait peu de place aux chansons plus douces (désolée, c’est mon pêché mignon). C’est donc un marathon d’intensité qui emballe les festivaliers jusqu’à “Amy”, chanson finale qu’on croyait finale, avant que l’artiste revienne finalement pour un rappel dernière minute, alors que les musiciens de Guylaine Tanguay sur la scène opposée étaient déjà en position.
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Crédit photos : Emma Shindo
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