Nos albums de confinement : Jeanne et le folklore hispanique
CHRONIQUE – Trois albums de confinement tous les trois jours, par l’équipe. Aujourd’hui Mercedes Sosa, Fémina et Buika.
On a tous nos petits secrets pour tenir en restant confiné. Chez Rocknfool, la musique a une grande place dans ces secrets. Alors on a décidé de partager avec vous nos albums de confinement. Ceux qu’on se retrouve à écouter en boucle. Tous les 3 jours, l’une d’entre nous partagera les 3 albums ou EP qui l’accompagnent, et qui, peut-être, vous inspireront ou vous aideront. Prenez soin de vous.
À situation exceptionnelle, réponse exceptionnelle, je suis allée me confiner chez mes parents, où je navigue musicalement entre la redécouverte de mes albums d’adolescente et les découvertes “musique du monde” favorisées par les goûts cinématographiques de mes aînés. J’écoute, ici, finalement très peu de musique, et encore moins de ce qui se fait maintenant – le fait qu’il n’y ait pas de box internet dans cette maison y joue aussi pour beaucoup dans ma déconnexion au monde musical contemporain. Interrompue au cours d’un voyage, c’est dans la musique folklorique et hispanique que je me plonge depuis un mois. Une manière détournée de quitter les quatre murs qui nous enferment.
MERCEDES SOSA – ¿Será posible el sur?
C’est en regardant Habemus papam, de Nanni Moretti, que je découvre cette chanteuse argentine. Sa voix grave, puissante, à la fois très émouvante (“Pequeña”) et très martiale (“Todavia cantamos”), me séduit instantanément. J’écoute en boucle “Todo Cambia”, présent sur la bande son du film italien. Et j’élargie peu à peu mon écoute de la chanteuse. Les paroles, en espagnol, les flûtes et guitares typiques des musiques d’Amérique du Sud, suffisent à me faire voyager depuis le canapé du salon familial. Beaucoup des titres de Mercedes Sosa sont aussi très engagés, elle doit d’ailleurs s’exiler un moment après avoir été interdite de chanter par le régime dictatorial argentin de la fin des années 1970. De quoi se donner du courage en ces temps incertains !
FÉMINA – Deshice De Mi
Fémina est un trio de chanteuses argentines mettant à l’honneur les instruments percussifs et le rap féminin. Très rythmés et enjoués, les titres de cet album me donnent notamment l’énergie nécessaire au tri de ma chambre d’adolescente. Les trois voix, au timbre assez semblable, ne semblent parfois faire qu’une (sur “Deshice De Mi” par exemple). Les paroles, encourageantes et stimulantes, féministes et prônant la solidarité – en français sur l’introduction de “Mas Vale Tarde que Nunca” -, font du bien au moral !
BUIKA – Niña de fuego
Buika s’écoute dans les phases les plus sombres, le soir étendue dans le lit, en regardant le plafond et en se demandant si un jour la vie retrouvera son éclat. Chanteuse espagnole d’origine équato-guinéenne, Buika a grandi entourée de musique gitane, flamenco, soul et jazz. On retrouve tantôt plus le flamenco (“No habrá nadie en el mundo”), tantôt plus le jazz (“Miénteme bien”), tantôt un parfait, et inhabituel, mélange des deux (“Árboles de agua”). Sa voix, chaude et légèrement fêlée, chante la douleur et l’intensité à la manière des cantaor et cantaoras de flamenco. On entend parfois presque des sanglots dans sa voix (“Culpa mía”). Les percussions, notamment claquements de main, et le jeu des guitares, détiennent un rôle essentiel dans la beauté envoûtante de cet album. Heureusement quelques cuivres viennent parfois y délivrer un peu d’espoir (“Mentirosa”).
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