Nos albums de confinement : Emma et la mélancolie réconfortante

CHRONIQUE – Trois albums de confinement tous les trois jours, par l’équipe. Michel Polnareff, Ry X et Asgeir pour des journées réconfortantes.

On a tous nos petits secrets pour tenir en restant confiné. Chez Rocknfool, la musique a une grande place dans ces secrets. Alors on a décidé de partager avec vous nos albums de confinement. Ceux qu’on se retrouve à écouter en boucle. Tous les 3 jours, l’une d’entre nous partagera les 3 albums ou EP qui l’accompagnent, et qui, peut-être, vous inspireront ou vous aideront. Prenez soin de vous.

La musique m’accompagne du lever à tard dans la nuit. Elle me permet, en ce temps de confinement et de distanciation sociale d’y trouver beaucoup réconfort. Au réveil pour me motiver à sortir de mon lit et préparer mon petit-déjeuner dans la bonne humeur. L’après-midi quand je me fais un temps calme, souvent assorti d’une petite sieste réparatrice après un début d’année éreintant. Et puis lorsque je me balade en fin de journée ou le soir dans les ruelles vides de Montréal, à l’affût des arcs-en-ciel d’enfants qui nous disent que #çavabienaller.

MICHEL POLNAREFF – Live at the Roxy

27 septembre 1995. Michel Polnareff enregistre le live de son concert à Los Angeles pour en faire un album dont la pochette ne m’a jamais quittée. Polnareff, oui c’est kitsch, mais c’est assumé. Et quoi que les gens puissent en dire, Michel Polnareff est un grand chansonnier. Il y a souvent des paroles mielleuses, parfois insensées, mais le tout est porté par des mélodies à se taper le cul par terre (pardon my French). Je parle notamment des ballades “Holidays”, “Lettre à France”, “Love Me Please Love Me”, “Ça n’arrive qu’aux autres”…

Ces classiques que je connais encore par cœur, sur lesquels je faisais des chorégraphies de danse classico-contemporaines dans le salon de mes parents. Certains titres ont été réorchestrés et musclés pour le besoin du live. 35 ans après ce concert, écouter Michel Polnareff me fait un bien fou. Peut-être parce qu’il me rappelle des années d’insouciance chez mes parents… Ou peut-être parce que Michel Polnareff c’est toujours autant de la bombe ?

RY X – Unfurl

Je ne sais pas pourquoi je n’avais jamais écouté cet album en entier. Pourtant, Dawn, le premier LP de Ry X tourne encore en boucle sur mon mp3 (oui, j’ai encore un mp3 keskiya). C’était en début de confinement que j’ai décidé de lancer Unfurl (sorti en février 2019), confortablement allongée sur mon lit, prête à faire une petite sieste et à enfin prendre le temps de découvrir cet album les yeux fermés.

Il me fallait de la musique réconfortante. Ry X s’est imposé direct. Le folk alternatif de l’Australien, avec piano et guitare organiques qui se mêlent aux strates électro atmosphériques et cette voix délicatement divine qui me caresse l’échine avec douceur m’amènent encore au 7e ciel. Dans un état de parfaite plénitude et de quiétude, parsemée de cette mélancolie qui vient s’enrouler à toi comme le meilleur des câlins. Coups de cœur pour “Bound”, “Body Sun” et “Hounds”.

Ásgeir – Bury the Moon

Pour la fin de journée, quand le soleil décroît et que je sors de chez moi pour me dégourdir les jambes et profiter des jolis couchers de soleil de Montréal (je sors dans n’importe quelles circonstances, pluie, neige, et nuit n’ont pas d’importance), c’est Bury the Moon, le dernier album d’Ásgeir qui guide mes errances. Je n’avais pas la version islandaise sur mon mp3 au moment d’écrire cette chronique, mais Sátt est encore plus splendide. (merci William)

Ásgeir est revenu à ses origines après l’errance d’un deuxième album décevant. Il est revenu vers cette pop-folk électronique gorgée d’Islande et de mélancolie. On l’imagine bien composer ses nouvelles chansons avec guitare et clavier, isolé dans cette maison de location louée tout un hiver, afin de se remettre d’une rupture. Le papa de l’artiste signe aussi plusieurs textes d’un album qui nous transporte entre traditions et modernité, de versions acoustiques à orchestrations plus consistantes, nourries de cuivres et de cordes. Résultat, un savoureux adage où la mélancolie est reine, et digne.