Quand Ken était un zombie : la vie musicale de Ryan Gosling
OSCARS – Alors que Ryan Gosling nous a offert le meilleur moment de la cérémonie des Oscars 2024, les média ont semble-t-il bien du mal à se rappeler de son passé de musicien. On répare l’oubli ici.
Dimanche soir, les Oscars se sont déroulés sans grande surprise du côté du palmarès (coucou Oppenheimer). En manque de moments forts lors de cet événement, le web s’est vraisemblablement enflammé pour une prestation scénique particulière. Celle-ci :
Ryan Gosling, aka Ken dans le Barbie de Greta Gerwig, a fourni une prestation pour le moins enthousiasmante avec Mark Ronson, à grand coup d’effets comme seul Hollywood en a le secret. Instant karaoké avec ses anciens castmates, costume rose bonbon de bon ton, invités de marque (Slash à la guitare, les autres Ken Simu Liu, Kingsley Ben-Adir, Ncuti Gatwa et Scott Evans en danseurs), hommage même pas caché à Marilyn Monroe et ses “Diamonds Are a Girl’s Best Friend”… Tout y est. Et les média s’en sont délectés. Oui, mais. Par ici, on est assez étonné de n’avoir vu aucune mention du passé de musicien de ce cher Ryan Gosling. Nulle part. Rien. Nada. Et c’est dommage. Alors nous voilà pour réparer tout ça.
Ryan Gosling, chanteur occasionnel à l’écran…
Ryan Gosling, l’un des grands acteurs de sa génération (qu’on l’aime ou non, Blue Valentine, Half Nelson, Lars and The Real Girl, sont là pour le prouver), a poussé la chansonnette dans ses films par le passé. On se souvient de sa prestation touchante et goofy au ukulelé sur “You Always Hurt The One You Love” justement dans Blue Valentine de Derek Cianfrance. On entend sa voix jusque dans la bande-annonce de Song To Song, de Terrence Malik. Et “City Of Stars” (La La Land de Damien Chazelle) est probablement encore dans tous les esprits. Mais si pour ce dernier film, on a pu entendre ou lire Chazelle citer le grand professionnalisme de Gosling qui serait allé jusqu’à passer des heures à apprendre à jouer du piano pour le rôle, c’est oublier l’essentiel : Dead Man’s Bones.
Retour en 2005. Ryan Gosling rencontre Zach Shields via leurs copines respectives (les sœurs McAdams). Ils se découvrent une passion commune, la maison hantée de Disney (on ne juge pas, chacun ses marottes). Comment passe-t-on de cela à un groupe ? Cela reste un mystère mais les deux s’associent pour former Dead Man’s Bones et décident d’écrire une histoire d’amour remplie de fantômes, loup-garou et autres créatures surnaturelles, sous forme de comédie musicale de l’étrange. Mais alors que l’aspect théâtral restera au stade d’idée, les chansons, elles, feront leur chemin. Les deux compères décident de les réunir sur un album pour lequel eux deux, et seulement eux deux, joueront de tous les instruments dont ils auront besoin. Incluant ceux qu’ils ne maitrisent pas. Un beau bordel. Ou un coup de génie.
… mais vrai album à son actif.
Parce que l’aspect “DIY” du projet fait une partie de son charme. Une autre est assurée par la chorale d’enfants (The Silverlake Conservatory Of Music Children’s Choir) engagée pour l’occasion, enfants qui apparaîtront d’ailleurs déguisés dans les clips et sur la pochette de l’album. Et cet album… Que dire de cet album… À la croisée de l’univers de Tim Burton et d’un film noir et blanc de Frankenstein, il se situe pile au milieu de l’enthousiasme des premiers Arcade Fire et des ténèbres d’un groupe gothique. C’est à la fois prenant (dès l’ouverture et “Dead Hearts”), émouvant (“Paper Ships”), déchirant (“My Body’s A Zombie For You”). Vous sortez de là prêt à conquérir le monde des vivants après avoir pleinement apprécié le monde des morts. Un coup de génie on vous dit.
Alors la prochaine fois qu’on vous bassine avec l’univers rose paillette de Barbie, n’oubliez pas une chose. “I’m just Ken” est le plus gros mensonge de Ryan Gosling. Nous, on le préfère quand il joue les zombies. Et tant pis si ça fait quinze ans que sa musique nous hante.
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