Cut Shadows : le passage en zone froide de Parlor Snakes
CHRONIQUE – Quelle belle façon de sortir de l’hiver avec l’annonce du nouvel album des Parlor Snakes, Cut Shadows, prévu pour le 19 avril.
Mon histoire avec ce groupe remonte au 7 décembre 2012, en les découvrant ouvrant pour les Jim Jones Revue au club de La Laiterie à Strasbourg (salle qui va disparaître, snif). Durant ces douze années, j’ai bien évidemment suivi la transformation artistique de ce groupe. Le noyau dur Eugénie/Peter, le duo créatif du groupe, a su faire grandir ses idées musicales.
Depuis le premier effort Let’s Get Gone, assemblage de morceaux de différentes périodes, un rock tendu, du sax aussi sur un titre, leur premier disque que j’ai usé. S’en est suivi le deuxième en mars 2015, éponyme, une pochette gorgée de beauté… Le tout enregistré chez Matt Verta Ray au NYHED studio à New York. Il en est sorti un disque brut, du rock sale. Je vous avoue que cet album a tourné énormément et m’accompagnait lors de mes virées pour aller voir des concerts en territoires éloignés. C’est l’album qui vous met la pêche !
En 2019, on découvre un troisième opus sombre, avec des morceaux plus étirés, des intros travaillées, un album qu’on pourra trouver très produit par rapport au précédent. L’album en est beau. Sur scène, Eugénie et Peter élaboreront des versions épiques de certains titres de cet album.
Retour de Parlor Snakes après cinq ans d’attente
Aujourd’hui, les Parlor Snakes reviennent avec leur quatrième album, Cut Shadows, composé de huit titres froids. Exit la période du deuxième disque, ici on est dans la cold wave. Les claviers d’Eugénie sont omniprésents. Peter a pris possession de la basse, du clavier et des drum machines. On sent clairement que ces deux-là ont eu envie de se mettre à nu et que ce disque est leur plus personnel. C’est le seul disque du groupe à la pochette à fond blanc. Mais la musique y est sombre dedans…
Le premier single du disque, “City Burns”, donne le ton. On mesure de suite l’ambiance que l’album aura. Et pourtant, le premier titre “To Begin Again” démarre par un riff de guitare. C’est peut-être d’ailleurs le morceau le plus rock au niveau du son, même si les riffs sont ensuite comme dans le brouillard. Le deuxième morceau (“City Burns” donc), débute au clavier. La voix pure d’Eugénie. Ambiance d’une ville froide, je pense à Berlin, son immensité (“I get lost inside you”). Avec “Voices”, on rentre dans le vif de cet album. La voix d’Eugénie, plus haute, amplifie l’urgence de ce morceau. Les guitares se font plus féroces. La basse et la batterie sonnent grassement. On attaque le dernier morceau de la face A. Même si le rythme accélère un peu, je me sens bien sur ce morceau, comme apaisé. C’est frais. La guitare est légère. Un morceau à écouter un dimanche matin, au réveil, le clavier y est enveloppant.
Une fin en apothéose
Face B : “Birds Don’t Sing” ouvre la face. On est de retour sur des riffs plus inquiétants. Pourtant “nothing to fear” nous dit Eugénie, mais l’ambiance est tout autre. “Cold Hands” se fait plus incisif malgré une voix tout en douceur, comme sait si bien le faire la chanteuse. Une fin qui s’éteint tel un feu de camp. Trente secondes pour souffler, avant une fin superbe. L’avant dernier titre, oui déjà, un instrumental, un morceau très intéressant. J’aime beaucoup les instrumentaux. Et pour le coup, il est judicieusement placé car le morceau qui suit et qui vient clore l’album est fantastique.
Un morceau qui vous transporte dès son introduction : “100 Miles From The Shore”. Une drum machine donne le rythme. Un, deux même, claviers qui vous inondent de leurs sons synthétiques. La guitare est minoritaire. Place aux sons des claviers, place à cette voix, à la voix d’Eugénie, un instrument à part entière qui dans ce morceau est le liant des autres instruments. Ce dernier titre, pour moi l’un de leurs plus beaux, ferme un nouvel album sonnant cold wave par un groupe plus habitué aux sons bruts, et nous donne une forte envie d’aller écouter tout cela sur scène.
► Release party au Petit Bain (Paris) le 13 juin prochain
► Album disponible sur le Bandcamp du groupe et sur toutes les plateformes à partir du 19 avril
Rédaction : Bruno Geniller
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