Strasbourg Music Week : la suite de l’explosion européenne à La Grenze
LIVE REPORT – À Strasbourg, on sait célébrer nos voisins européens. Nouvelle preuve avec la Strasbourg Music Week – day two.
Après le Molodoï, La Grenze. On change de lieu, on gagne en décibels et en terrasse, mais on garde la même recette. Suite des découvertes musicales made in Europe.
Them Lights – Un mur de son et de lumière. Voilà ce qui me vient quand je mets les pieds dans la salle pour écouter Them Lights. Le mélange est intéressant. Une batterie et un mec derrières ses pads et son micro. Ce mec, c’est Sacha Hanlet, multi-instrumentiste luxembourgeois qui a tourné pendant des années avec Mutiny On The Bounty. Il y a quelque chose d’anachronique dans sa musique. J’entends dans sa voix un truc qui me ramène au début des années 2000 sans que je parvienne à me l’expliquer. Malheureusement, mes oreilles ne parviennent pas à se libérer du niveau de décibels qui explose à chaque temps et je ne pourrais pas creuser plus loin ce soir-là…
L’ultime coup de cœur de la Strasbourg Music Week
Willow Parlo – La suite est à l’opposé niveau décibels. On est dans la douceur quand on entend la voix de Willow Parlo. C’est le coup de cœur instantané. Il y a tout ce que j’aime dans sa musique. Sa voix chaude et caressante, les guitares acoustiques et électriques au rythme tantôt entraînant, tantôt aérien. Ça sent l’air frais dans les cheveux, le soleil sur la peau. Mais les frissons sur mon bras ne mentent pas, un truc se passe qui me met les larmes aux yeux sur quelques titres. Et ça, c’est en général synonyme de mélancolie bien cachée au fond des paroles. Mélancolie avec une pointe de nostalgie, parce que j’ai cette impression de retrouver de vieux amis. Je finis par me rendre compte de ce qui me touche tellement quand retentissent les premières notes de la reprise choisie : “I Love You Always Forever” de Donna Lewis. La fin des années 1990. Voilà ce que Willow Parlo ressuscite avec ses chansons. L’époque où le monde semblait un peu plus léger, où Dawson passait à la télé, et où on savait encore faire des chansons avec des montées en puissance émouvantes. Et ça, on en a terriblement besoin. Merci l’Allemagne pour le cadeau.
L’inégalable Belgique et ses terres rock
Chevalier Surprise – C’est pendant que j’achète les CDs de Willow Parlo que commencent à jouer les musiciens de Chevalier Surprise. Ça démarre très fort et de loin, je sens que le public réagit très vite, même si j’ai l’impression que je vais passer à côté du concert. Je finis par me rapprocher pour les titres suivants et là, c’est un revirement de situation. C’est du rock survolté que j’entends. Mes yeux reconnaîtront les musiciens juste avant mes oreilles. Deux belges que j’ai découvert non loin d’ici vingt ans en arrière. The Experimental Tropic Blues Band. Et là, c’est la même folie furieuse que j’entends. L’urgence de la guitare et de la batterie, accompagnés dans ce groupe par deux autres inconnus au bataillon pour moi : Omega et Julien, deux artistes porteurs de handicap mental. Et ce sont bel et bien eux qui depuis le début chauffent à blanc le public. Avec eux, on criera, on lèvera les bras, on sautera autant de fois qu’ils nous le demanderons, tant leur engagement est total sur scène. C’est dingue, déjanté, réjouissant, puissant. Des concerts comme seuls les Belges savent en faire.
Sortir des sentiers battus
Protogonos – On n’avait pas encore eu de métal et ce sera chose faite avec ce groupe de Reims. Musicalement, je ne vais pas m’avancer sur la qualité du groupe puisque je n’y connais pas grand chose. Mais pour le reste… On sent que la machine est bien rôdée et que le groupe a un set ultra-construit. Probablement le plus construit de cette édition de la Strasbourg Music Week. Deux machines à fumée qui entoure le principal chanteur, une petite estrade pour lui, un backdrop avec le nom du groupe. Tout y est et c’est impression de maîtrise. L’énergie est dingue et le public qui résiste au déluge de décibels ne s’y trompe pas. C’est une réussite.
Crème Solaire – On clôture avec un duo suisse de Fribourg. Sur les quelques minutes qu’on verra avant de devoir filer, on reconnaît un objet musical non identifié. La chanteuse Rebecca Solari chante en plusieurs langues et musicalement, on fera confiance à nos recherches pour dire que c’est un “produit glitch hop électro punk aux saveurs pop”. Franchement, on n’aurait pas su mieux dire.