Strasbourg Music Week : des découvertes en pagaille au Molodoï

LIVE REPORT – À Strasbourg, on sait célébrer nos voisins européens. Nouvelle preuve avec la Strasbourg Music Week – day one.

Strasbourg, terre centrale, carrefour entre la France, le Luxembourg, la Belgique, l’Allemagne, la Suisse… Situation idéale pour une convention des professionnels de l’industrie musicale indépendante. Et alors que les journées sont studieuses, entre conférences, rencontres et ateliers, les soirées, elles, sont ouvertes à tous et toutes pour un seul objectif : la découverte musicale. Retours sur la première soirée au Molodoï.

  • Strasbourg Music Week - Laventure

Les Belges, toujours une valeur sûre

Zedie – À prononcer “zédié”. Il est Belgo-Nigérian, a la difficile tâche d’ouvrir la soirée et me fait regretter d’être arrivée un peu tard. Je découvre immédiatement une voix d’une douceur incroyable. Accompagné au clavier par son comparse Matteo, Zedie déroule des titres qu’on classerait bien dans la case variété française (dans le sens le plus noble du terme), parce qu’avec ce piano et ces légers beats bien dosés, c’est exactement l’idée qu’on se ferait de ce genre-là version 2024. Dans son titre “Triste star”, il chante “ma voix aiguisée comme un diamant pénètre vos cœurs doucement”, et c’est à peu près ce qu’il se passe. À peine le temps de séduire le monde par une sincérité touchante, un sourire désarmant, une grâce indiscutable, que c’est déjà fini… Mais il paraît que son nom veut dire “attends, et tu verras”. On veut bien être patient pour un coup de cœur.

Las Baklavas – Groupe d’ici, on connaissait déjà un peu ces 5 nanas et 1 batteur qui font voyager sans bouger. Polyphonie qui croise les Balkans et l’Amérique latine, les Las Baklavas ont la recette idéale pour faire danser, avec leurs violons et leur clarinette, un rythme imparable et des paroles souvent bien féministes. Mais elles savent aussi ensorceler sur des voyages sonores plus lents, parfois jazzy, parfois raps. Un mélange surprenant et prenant.

Le chant des sirènes

Amouë – Venue du Nord, elle est la preuve de la force de cette Strasbourg Music Week. Aux antipodes de ce que j’écoute et de ce que je peux aimer d’habitude, je reste scotchée pendant les premiers titres de son set, qui enchaîne très vite après le précédent. Peu de monde est là au début, tous partis se rafraîchir à l’extérieur. Et pourtant, elle ne se laisse pas démonter et ne cesse de venir “chercher” le public, d’entrer en connexion avec lui et de se donner pleinement sur scène. Je découvrirai plus tard que cela s’explique sûrement par les années à jouer avec Kazy Lambist. De cet ancien projet, on retrouve le côté electro dansant. Mais la pop d’Amouë se fait désormais en français. Un petit bout de femme très très forte sur scène.

Sirens Of Lesbos – Ils sont cinq, ils viennent de Berne, et ils ont dans leur passé un tube des dancefloors à leur actif (“Long Days, Hot Nights”), témoin de la réussite de leur pari qui tenait en l’écriture d’un morceau taillé pour Ibiza. Sauf que depuis, ils ont fait demi-tour devant l’ineptie des gros labels et sont revenus à une formule plus libre pour créer. Ça se salue. Avec Jasmina et Nabyla Serag à l’avant au chant, un panneau lumineux derrière elle, et les musiciens qui les accompagnent, on s’attend à un voyage dansant et de haute volée. Si le premier critère est validé, je resterai moins convaincue par le deuxième. Perdue dans les styles, entre titre sonnant générique d’anime et soul groovy à la Ibeyi qui peine à décoller, je ne parviens pas tout à fait à rentrer dedans… Zut.

L’Allemagne rejoint la Belgique

Brenda Blitz – Mais l’Allemagne débarque à la rescousse et sauve mon coup de mou. Ce n’était pourtant pas écrit. Parce que malgré mes 12 ans d’allemand et les 3/4 de ma vie passés à côté de la frontière, ma seule référence reste Nena et ses “99 Luftballons”. Une honte ? Oui sûrement. Mais désormais, je pourrais citer Brenda Blitz. À deux sur scène, elle et son acolyte abordent le set avec une simplicité et une bonne humeur contagieuses, et balancent des titres d’une efficacité incomparable. Une facilité apparente dans le son, des paroles en allemand évidemment, difficile d’expliquer à quoi ça tient. Mais on aime. On adore. On danse. On se baisse quand elle nous le demande en nous rejoignant dans le public. On finit par danser tous ensemble comme dans notre meilleure soirée. Brenda Blitz est solaire et c’est notre coup de cœur numéro 2 de la soirée.

Laventure – Pour clore la soirée, Laventure. Un groupe de Strasbourg, au départ duo, devenu véritable groupe aux titres soul menés par Ingrid Laventure. Tant sa voix que sa guitare nous font rêver mais notre fatigue aura raison du reste du concert. Mais on sait qu’on aura l’occasion de recroiser Laventure par ici…